Les Suisses aiment leurs chemins de fer. Chaque jour, des centaines de milliers de personnes montent et descendent des trains dans les gares du pays. Et pourtant, parmi cette immense foule humaine, des typologies de gens se détachent assez clairement. Des profils qu'on aperçoit partout, des Intercity blindés aux petits RER de campagne, et qui définissent cette expérience si typiquement helvétique qu'est le voyage en train.
En voici neuf.
Dans d'autres pays, ce serait peut-être bizarre d'apercevoir des gens armés et en tenue de combat dans les trains. Pas en Suisse, où les militaires sont un élément incontournable du paysage ferroviaire.
Jeunes et bruyants, les militaires se déplacent souvent en groupe et encombrent les wagons avec leurs immenses bagages réglementaires. Leur consommation de bière le vendredi soir est tellement importante qu'elle pourrait presque remplir le vide intérieur qui les habite le dimanche, lorsqu'ils regagnent leur caserne.
Qui a dit que la retraite signe la fin de la vie active? Les randonneurs alémaniques sont là pour prouver le contraire. Equipés d'accessoires dernier cri, ces vigoureux seniors savent profiter de la vie, s'offrant par exemple un petit coup de champagne dans des flûtes en plastique.
Malgré ces petits vices, ils sont très fit. Beaucoup plus que vous et moi. La preuve: ils bavardent allègrement et bruyamment dès le petit matin, à des horaires où la plupart de la population n'est pas encore sortie du coma de la nuit.
Nous trouvons les types de passagers dans un court moment après une petite pause publicitaire:
Mais revenons à nos moutons...
Tout chez eux transpire le succès et l'ambition: de leur costard (beaucoup trop) moulant à leurs somptueuses chaussures en cuir, qu'ils portent (beaucoup trop) souvent sans chaussettes. Une coupe de cheveux au dégradé agressif complète leur look, accompagné de l'immuable Mac Book, où ils consultent des graphiques incompréhensibles au commun des mortels. En deux mots: assert dominance.
Beaucoup moins glamour que les mecs de la finance, les autres pendulaires qui bossent dans le tertiaire optent pour un look et des accessoires plus casual. Confort et praticité sont les mots d'ordre, d'autant plus qu'ils doivent parfois terminer des tâches dans les trains bondés, en lisant ou soulignant le plus souvent d'obscurs documents.
Si le voyage est long, certains n'hésitent pas à se distraire avec leur iPad ou en feuilletant d'amples romans - ce qui est également un excellent moyen de snober le collègue qui s'est faufilé à leur côté à la dernière minute.
Amateurs d'air libre et de montage, les backpackers partagent certaines caractéristiques avec les seniors alémaniques. Pourtant, contrairement à ces randonneurs du dimanche, ils ont une approche beaucoup plus punk et radicale, identifiable dans une hygiène corporelle précaire et une quantité de sacs et accessoires qui pourrait permettre à une famille de vivre en totale autonomie pendant une semaine.
Des choix vestimentaires aussi conformistes que discutables caractérisent les ados en sortie, population qui se déplace presque exclusivement en meute. Cris aigus, boom box à fond et un degré élevé de testostérone signalent leur présence à l'ensemble du train.
Les week-ends, on les rencontre également dans le dernier régio de la nuit, celui qui s'arrête dans tous les plus petits villages. Ils sont, le plus souvent, en état comateux avancé.
Autre population clanique et bruyante, les supporteurs suivent leur équipe favorite lors de ses déplacements à travers le pays. De caractère plutôt jovial, ces fans accompagnent leurs sorties avec de généreuses quantités de bière et de bons produits du terroir. Leur mood peut pourtant changer au contact de la faction adverse, si bien qu'on leur organise parfois des trains spéciaux.
Tout est prêt pour affronter la longue semaine qui approche: les tupp' sont remplis de la nourriture que leur mère leur a préparée, les vêtements sont lavés et repassés et reposent dans d'immenses valises. Il ne reste qu'à faire passer le voyage, confortablement calé dans son jogging: Netflix pourra offrir une alléchante alternative aux révisions qu'il faut rattraper après un week-end beaucoup trop alcoolisé.
Comme les étudiants, les touristes riches traînent derrière eux un imposant cortège de valises, sacs et paquets. Mais les similitudes s'arrêtent là, car, contrairement aux étudiants, les touristes riches sont riches. Ce qui ressort en regardant leur tenue (et leurs multiples shopping bags).
Au-delà d'occuper quatre places par personne grâce auxdits bagages, les touristes riches se déplacent entre les endroits les plus chics du pays - Genève, Lucerne, Interlaken. Il leur arrive même de regarder par la fenêtre entre un Facetime et l'autre.
