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Les républicains complotent pour destituer Joe Biden avant Noël

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images: getty, montage: watson
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Les républicains complotent pour faire tomber Joe Biden avant Noël

La procédure de destitution du président américain est réactivée. Et Biden a tout intérêt à s'en réjouir: l’enquête risque de péter au nez des poseurs de bombe, alors que le premier rapport censé le faire glisser vient de sortir de la hotte. Spoiler? Ces 78 pages ne contiennent «aucune preuve irréfutable».
06.12.2023, 20:5707.12.2023, 12:47
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Les lutins républicains de la Chambre comptent bien glisser un cadeau sous le sapin du président des Etats-Unis. Et c'est le speaker Mike Johnson qui a incarné le Père Noël, samedi, gâchant une surprise qui n'aurait en réalité surpris personne:

«Il s'agit d'un vote pour poursuivre l'enquête en destitution et c'est une étape constitutionnelle nécessaire»

Encore? Oui.

Si un vote n'est pas obligatoire pour déballer ce genre d'enquête, il a toujours été dégainé dans le but de crédibiliser le processus et faciliter l'accès à des témoins bien protégés ou à des dossiers bien planqués. Et, cette fois, à entendre les rumeurs qui s'échappent du Capitole, les républicains sont persuadés d'avoir suffisamment de voix pour officialiser l'assaut «avant les vacances de Noël». Comprenez: les modérés seraient de moins en moins disposés à se montrer modérés.

Mais que risque réellement Joe Biden si la Chambre s'aligne dans quelques jours pour valider sa fouille au corps? Pas grand-chose. Ce n'est pas nous qui le disons, mais le premier rapport de cette enquête qui a démarré sans le soutien d'un vote. Dévoilées mercredi, ces 78 pages auraient dû drainer tout un tas de preuves irréfutables que le président américain trempe de tout son être dans les affaires de son fils Hunter. Hélas, le menu est frugal. Politico, qui a pu feuilleter la bestiole avant l'heure, l'a confirmé mardi soir:

«Le rapport ne contient aucune preuve irréfutable»
Politico, mardi soir, en avance sur tout le monde.
Si vous avez le temps (et l'envie) de lire le rapport, c'est ici.
Si vous avez le temps (et l'envie) de lire le rapport, c'est ici.

L'expédition punitive des républicains de la Chambre se concentre toujours sur deux voies principales: prouver l’implication du président dans les transactions commerciales louches de son fiston et l'ingérence de l’administration Biden dans l’enquête criminelle qui a suivi. Le vote, qui devrait débouler ces prochains jours, peut théoriquement faire sauter quelques verrous dans les dédales de l'administration. C'est d'ailleurs l'espoir nourri par certains centristes du GOP, disposés à approuver l'enquête en destitution, sans pour autant vouloir flanquer Robinette à la porte.

«Ils nous ont dit qu'on recevrait des documents qu'une fois l'enquête approuvée par la Chambre. Donc j'ai l'impression que nous devons voter oui. Et c'est différent d'une destitution en tant que telle»
Don Bacon, représentant républicain du Nebraska

Vous trouvez que ça chipote? Vous avez raison. D'autant que pour les électeurs républicains les plus extrêmes, nul besoin d'une enquête rutilante pour considérer que Joe Biden est un président corrompu et un criminel aux bottes de l'Etat profond. Et c'est là que le cadeau de Noël peut se montrer foutrement empoisonné. Le GOP a-t-il sincèrement envie d'affronter la vérité qu'il réclame tant? Ce GOP est-il prêt à digérer l'éventuelle preuve qu'ils n'ont fait que postillonner des accusations sans fondement? Car, pour l'instant, les poseurs de bombe n'ont que des pétards mouillés à offrir aux citoyens.

Prenez le républicain James Comer. Quelle endurance! Ces derniers jours, le président du comité de surveillance dédie une grande partie de ses journées à hurler ce qui est censé asseoir la culpabilité de Joe Biden. On parle d'argent qui pisserait des comptes professionnels de son fils, de «paiements mensuels louches», de remboursements révélant un «évident trafic d'influence».

Par exemple?

«Nous avons démontré que l’argent provenait de ces comptes douteux qui étaient entièrement financés par le Parti communiste chinois et allait directement à Joe Biden»
James Comer, sur Fox Business

Si cet argumentaire approximatif s'avale comme un smashed burger chez les électeurs déjà convaincus, il effraie pas mal de conservateurs modérés. Pourquoi? Non seulement certaines accusations ont déjà été dégonflées publiquement, mais ces attaques manquent cruellement de fond. En d'autres termes: Joe Biden a tout intérêt à se laisser tranquillement destituer.

Enfin... destituer est un bien grand verbe. Car après cette enquête, si elle se retrouve effectivement validée par un vote imminent de la Chambre, le président des Etats-Unis se retrouvera instantanément dans la peau d'une victime forcée de survivre à des attaques qui auront vite fait d'être considérées comme injustes.

C'est l'époque qui veut cela, regardez Donald Trump. Dès sa première inculpation, le candidat milliardaire n'a plus cessé de péter les scores dans les sondages. Le Daily Beast le rappelle d'ailleurs avec brio:

«Il y a cinquante ans, la simple menace d’une destitution suffisait à chasser le président Richard Nixon. Aujourd'hui, le meilleur moyen de rallier le soutien de sa propre tribu est d'être attaqué par l'autre camp.»

Si Joe Biden vient d'avouer que sans Donald Trump, il n'est «pas sûr» qu'il se serait représenté, il peut dormir sur ses deux oreilles. L'impeachment ne sera probablement une menace que pour ceux qui voudront coûte que coûte l'y conduire.

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