L'étau se resserrait sur lui. Au point que François Verove, un ancien gendarme, convoqué dans le cadre de l’affaire du «Grêlé», se donne la mort mercredi soir dans un appartement près de Montpellier.
Selon les informations du Parisien, il a laissé un courrier dans lequel il avoue être le célèbre tueur et violeur en série recherché depuis près de 35 ans: «Je reconnais être un grand criminel qui a commis des faits impardonnables jusqu’à la fin des années 1990».
Son ADN a confirmé ses dires: il correspond avec celui retrouvé sur l'une des scènes du crime. C’est en prélevant un mégot de cigarette et un tampon hygiénique que les enquêteurs étaient parvenus en 2001 à extraire l’ADN du «Grêlé».
«"Le Grêlé", c’est une affaire emblématique du 36, et on espère tous qu’elle soit résolue», résume Martine Monteil, ancienne patronne de la brigade criminelle de Paris.
On impute au «Grêlé», surnommé ainsi pour les marques d'acné qu'il portait au visage, pas moins de six viols et quatre meurtres entre 1983 et 1994. Il aurait tué à quatre reprises en région parisienne:
Plusieurs indices ont permis d'orienter les recherches des enquêteurs, en plus de l'ADN partiel:
Sur la base de ces renseignements, les enquêteurs ont entendu de multiples suspects. Ils avaient identifié plusieurs anciens gendarmes ayant travaillé en Ile-de-France: une liste de près de 800 militaires ayant exercé dans Paris intra-muros à l’époque des agressions a été dressée. Parmi eux, François Verove.
Le policier à la retraite avait été convoqué cette semaine pour être auditionné à la demande d’un juge d’instruction. Il ne s'est jamais présenté.
Toujours selon le Parisien, François Verove venait de vider ses comptes en banque, avant de déménager. Il avait quitté son domicile situé dans un petit village près de Montpellier (Hérault) pour louer un Airbnb au Grau-du-Roi.
Il s'est finalement donné la mort mercredi soir en avalant une forte dose de médicaments. Dans son courrier, il a indiqué qu’il n’était à l’époque des faits «pas bien dans [sa] vie» mais qu’il s’était «pris en main». Il n’aurait «rien fait» depuis 1997.
Il ne donne en revanche aucun détail sur ses victimes, ni noms, ni lieux, ni circonstances, laissant ainsi derrière lui un grand nombre d'interrogations.
«Pour les victimes, cet épilogue est à la fois une satisfaction et un déchirement», a indiqué Me Didier Seban, l’avocat des familles de Cécile Bloch et d’une victime de viol, au journal Le Parisien. «C’est positif de voir que cette enquête est en passe d’aboutir, mais décevant de voir que l’homme suspecté d’être "Le Grêlé" a mis fin à ses jours. Les familles ont aussi la crainte que l’enquête s’arrête là.»
En effet, de nombreuses questions restent en suspens et devraient faire l’objet d’investigations poussées: a-t-il vraiment cessé de sévir à la fin des années 1990? A-t-il commis d'autres crimes que ceux imputés au «Grêlé»? Comment a-t-il pu rester sous les radars toutes ces années ?
(mbr)