Les Etats-Unis cherchent à réduire leur dépendance aux importations. Pourtant, ils se trouvent obligés de convaincre d'autres pays de leur fournir des oeufs pour pallier le déficit de production lié à la grippe aviaire.
La multiplication des foyers de grippe aviaire dans les élevages américains a réduit l'offre et transformé les oeufs en symbole d'une inflation qui ne laisse pas de répit aux Américains.
Pour éviter que le virus ne se disperse davantage, plus de 30 millions de poules pondeuses ont été euthanasiées depuis début 2025.
La perte de leur production se traduit par des étals déserts et des prix élevés, sachant que reconstituer une population de poules pondeuses prend du temps. Il faut en effet attendre environ 18 semaines après l'éclosion pour qu'une femelle soit capable de pondre son premier oeuf.
Récemment, selon le ministère américain de l'Agriculture, le coût des oeufs sur le marché de gros s'est détendu grâce à une accalmie de la grippe aviaire et au reflux de la demande, rebutée par le niveau des prix.
Mais cette baisse ne s'est pas encore matérialisée sur les étiquettes des supermarchés et la situation reste tendue à l'approche des congés de Pâques, qui coïncident généralement avec une forte consommation.
Les Etats-Unis cherchent donc à accroître l'offre par-delà les frontières. La ministre américaine de l'Agriculture, Brooke Rollins, a déclaré:
«Hier encore [jeudi], j'ai parlé à une poignée d'autres pays dont nous pourrons bientôt importer la production. Nous n'avons pas encore signé d'accord, donc je préfère ne pas donner leur nom», a-t-elle ajouté.
«Nous parlons de centaines de millions d'oeufs à court terme... C'est assez pour aider à faire baisser davantage les prix en attendant que notre population de poules soit reconstituée», a-t-elle estimé.
La ministre a espéré que la production nationale puisse couvrir l'essentiel des besoins «d'ici quelques mois». Contacté par l'AFP, le ministère de l'Agriculture n'a pas précisé les volumes concernés par rapport aux importations réalisées habituellement.
Cette recherche par Washington de nouveaux approvisionnements coïncide avec une période de grande tension sur le plan commercial. Plusieurs associations européennes de producteurs d'oeufs ont rapporté vendredi avoir été approchées par les Etats-Unis pour y exporter des oeufs.
«Dès le mois de février, l'ambassade américaine à Varsovie a demandé à notre organisation si la Pologne serait intéressée par l'envoi d'oeufs sur le marché américain», a indiqué à l'AFP Katarzyna Gawronska, la directrice de la Chambre polonaise de producteurs de volaille et de d'aliments pour animaux.
Le président de l'Association lituanienne, Gytis Kauzonas, a fait état d'une demande similaire «il y a plusieurs semaines». Les deux responsables ont expliqué se concentrer d'abord sur la fourniture du marché européen, où les producteurs peinent déjà à combler la demande. La production suisse elle-même ne pourra pas faire face au marché helvétique. Katarzyna Gawronska a déclaré:
Les Etats-Unis devront aussi alléger les restrictions sanitaires s'appliquant aux denrées arrivant sur leur sol, a pointé Gytis Kauzonas. «Habituellement, a remarqué le producteur lituanien, il faut des années pour obtenir un tel permis, mais compte tenu de la situation, tout est possible, je pense.» (ats/afp)