Un pas en avant, deux pas en arrière. L'Arkansas a adopté, mardi, une loi interdisant l'avortement même en cas de viol ou d'inceste. L'Etat américain connu pour son conservatisme chrétien espère ainsi pousser la cour suprême des Etats-Unis à revenir sur son arrêt, qui avait, en 1973, étendu ce droit à l'ensemble du pays. Depuis cette date, la justice américaine fédérale considère que le droit d'une femme à l'avortement concerne le droit à la vie privée protégé par le 4e amendement.
Dans un pays où la santé est principalement affaire de financement privé, onze États demandent aux assurances de limiter la prise en charge des avortements, le plus souvent limitée aux cas où la grossesse menacerait la vie de la mère. Dans certains Etats, les assurés peuvent étendre la couverture d’un éventuel avortement… moyennant une surprime. Plus encore, 45 États autorisent les assurances à refuser l’IVG.
En mai 2019, le Sénat de l'Alabama vote la loi anti-avortement la plus répressive du pays. Elle fait encourir jusqu'à 99 ans de prison pour un médecin pratiquant l'IVG.
La seule exception prévue dans le texte promulgué, hier en Arkansas, est pour «sauver la vie de la mère lors d'une urgence médicale», a annoncé son gouverneur, Asa Hutchinson.
«Le but de cette loi est de préparer le terrain pour que la Cour suprême annule la jurisprudence actuelle», a indiqué sans détour le gouverneur de l'Arkansas. Or, le temple du droit américain est ancré solidement à droite depuis la nomination par Donald Trump de Amy Coney Barrett, une juge conservatrice, quelques jours avant sa défaite à la présidentielle.
Le texte ne doit pas entrer en vigueur avant l'été, et la puissante organisation de l' Union américaine pour les libertés civiles (Aclu) a d'ores et déjà annoncé qu'elle le contesterait en justice. (ga)