50 à 70 femmes assassinées, en trois décennies. Voilà le tableau de chasse de l'horreur qu'une Américaine tentait désespérément de présenter aux autorités depuis 45 ans. Son père, décédé il y a dix ans, aurait fait disparaître plusieurs dizaines de femmes, mais personne n'a jamais voulu prendre Lucy au sérieux. Jusqu'au jour où la police canine d'un bled paumé de l'Iowa est tombée sur des restes humains, non identifiés, mais au stade de décomposition avancé. Une enquête a été ouverte cette semaine.
Le minuscule village de Thurman, dans le comté de Fremont, comptait 167 âmes au dernier recensement. Situé en bordure de l'Etat, il a vécu son dernier drame majeur en 2012, lorsqu'une tornade dévastatrice a réduit en allumettes la majeure partie des habitations.
Cette semaine, le voilà au cœur d'un gigantesque cyclone médiatico-judiciaire, pour ce qui pourrait bien devenir l'une des plus grandes affaires de tueur en série du pays. Depuis qu'elle a enfin obtenu l'attention de la police locale, Lucy S. est intarissable sur le portrait sordide qu'elle peint de son «papa». Et les médias font la queue pour cueillir un maximum de détails sur ces dizaines d'assassinats supposés.
Et pour cause: elle aurait été contrainte, en compagnie de ses frères et sœurs, de participer à la disparition minutieuse d'une grande partie des corps.
Les journalistes de Newsweek ont d'ailleurs pu accompagner cette femme à l'orée d'une forêt, à cheval sur la frontière communale de Thurman. Une fois dans les broussailles, Lucy S. a décrit avec précision le mode opératoire du patriarche. A chaque fois, le père de famille aurait ordonné à ses enfants de l'aider à transporter «les cadavres en utilisant une brouette pendant les mois les plus chauds et une sorte de toboggan en hiver». Une fois les corps au fond du trou, l'homme déversait quelques kilos de la terre lourde, «ainsi que de la lessive pour que les odeurs n'alertent pas le voisinage».
L'homme est donc désormais soupçonné officiellement d'avoir tué de nombreuses femmes, pour la plupart des travailleuses du sexe ou des personnes de passage rencontrées dans les environs d'Omaha, au Nebraska, selon les premiers éléments de l'enquête. Parmi les nombreux détails dévoilés par cette femme, les victimes avaient toutes les cheveux foncés, elles étaient blanches et âgées entre 20 et 30 ans. «Sauf une jeune fille qui avait réussi à s'échapper et qui n'avait que 15 ans», précise Lucy S.
Décédé à l'âge de 75 ans, ce père de famille sur qui tout le pays se tourne horrifié, aujourd'hui, arborait deux tatouages sur ses poings: «AMOUR» sur les phalanges gauches, «HAINE» sur les phalanges droites.
Le frère de Lucy, selon ses dires, se serait suicidé à 39 ans.
Ce qui est sûr, c'est que le bled de Thurman n'aura pas besoin de beaucoup d'accessoires pour fêter Halloween cette année. Serait-ce le début d'une enquête qui révélera l'existence de l'un des tueurs en série les plus prolifiques et cruels de l'Histoire? Précisons d'ailleurs que, ce mercredi, les autorités de l'Iowa ont annoncé que le FBI s'était joint à l'enquête.
(fv)