«Nous entendons qu'ils veulent nous vaincre sur le champ de bataille. Que dire? Qu'ils essaient!», a lancé Vladimir Poutine, s'adressant aux Américains et Européens qui ont accéléré les livraisons d'armes lourdes à l'Ukraine pour l'aider à faire face à la guerre lancée le 24 février par le maître du Kremlin.
Sur le terrain, dans le bassin du Donbass où l'armée ukrainienne a ralenti avec acharnement la poussée russe ces dernières semaines, l'heure n'était pas à la négociation jeudi mais aux frappes sur les villes encore aux mains des Ukrainiens.
A Kramatorsk, une frappe sur le centre-ville a laissé un large cratère, entre un hôtel et des immeubles d'habitation, ont constaté des journalistes de l'AFP. Ils y ont vu le corps d'une personne tuée et des blessés, ainsi que deux voitures en feu.
Les Russes, qui ont avancé ces dernières semaines dans le Donbass, leur objectif prioritaire depuis leur retrait des environs de Kiev fin mars, affirment avoir pris il y a quelques jours le contrôle total de la province de Lougansk, l'une des deux formant le bassin minier.
Les Russes «ne sont toujours pas parvenus aux limites de la région», a démenti jeudi le gouverneur de la province, Serguiï Gaïdaï, les accusant d'enrôler de force des habitants des villes de Severodonetsk et Lyssytchansk d'où l'armée ukrainienne s'est retirée récemment.
Les forces de Moscou cherchent maintenant à conquérir l'autre province, celle de Donetsk, pour occuper l'intégralité du Donbass, que les séparatistes soutenus par Moscou contrôlent partiellement depuis 2014.
Dans cette province, Sloviansk et Kramatorsk sont considérées comme les prochaines cibles des forces russes dans leur plan de conquête du Donbass, après quatre mois et demi de conflit.
Il restait mercredi dans la ville encore environ 23 000 des quelque 110 000 habitants qu'elle comptait avant le conflit, avait précisé son maire, en y dénombrant 17 morts et 67 blessés depuis le début des hostilités.
Plus au nord, dans la région de Kharkiv, des bombardements russes ont tué trois civils et fait cinq blessés, a indiqué sur Telegram le gouverneur local Oleg Sinegubov.
Dans le sud, les Russes bombardent toujours la région de Mykolaïv et les combats font rage autour de la ville de Kherson, qu'ils occupent depuis les premiers jours de la guerre mais doivent faire face, selon Kiev, à des contre-attaques ukrainiennes.
Le Parquet général ukrainien a annoncé le démantèlement d'un «réseau d'espions» qui «menait des activités subversives sur instructions des services spéciaux russes».
L'armée ukrainienne a enfin affirmé jeudi avoir repris pied sur l'île aux Serpents en mer Noire, après y avoir remis son drapeau quelques jours plus tôt, à la suite du retrait des forces russes de cet îlot stratégique qui fait face à l'embouchure du Danube.
Moscou a affirmé y avoir procédé dans la matinée à une frappe, tuant des soldats ukrainiens et mettant en fuite les survivants. Des affirmations impossibles à vérifier de source indépendante.
Alors qu'en Europe de l'ouest, les regards étaient braqués jeudi sur Londres, où le premier ministre britannique Boris Johnson s'est résolu à quitter le pouvoir, la présidence ukrainienne l'a remercié pour son soutien dans les «moments les plus difficiles» de l'invasion russe. Le président Volodymyr Zelensky a exprimé sa «tristesse».
En Indonésie, une rencontre des ministres des Affaires étrangères des vingt plus grandes économies mondiales (G20) a commencé jeudi sur l'île de Bali, en présence de la Russie et des alliés occidentaux de l'Ukraine.
Compte tenu de la tension entre les deux camps et de la présence du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, «on s'attend à une confrontation assez rude», a indiqué une source diplomatique française.
L'Union européenne a prévenu qu'elle refusait que la Russie se serve de ce G20 comme d'«une plateforme pour sa propagande» sur le conflit en Ukraine.
Un responsable américain a toutefois indiqué s'attendre à ce que «pratiquement tous les pays du G20» s'accordent sur des initiatives visant à remédier à l'insécurité alimentaire mondiale et à la volatilité des prix de l'énergie entraînées par la guerre.
Commentant des images de l'Agence spatiale européenne qui ont montré que 22% des terres agricoles de l'Ukraine étaient passées sous le contrôle de la Russie, Inbal Becker-Reshef, la directrice d'un programme dédié de la Nasa a expliqué que:
A la veille de la réunion interministérielle de Bali, M. Lavrov y a rencontré son homologue chinois Wang Yi. Les deux parties ont notamment jugé «inacceptables» les «sanctions unilatérales adoptées en contournant l'ONU», selon le ministère russe.
A Moscou enfin, un procureur a requis sept ans de prison contre un élu municipal qui avait critiqué l'offensive contre l'Ukraine, dans un contexte de répression de toute voix d'opposition. Juriste de formation, l'élu avait dénoncé le 15 mars l'«agression» de Moscou contre l'Ukraine, pendant une réunion de travail filmée. (ats/jch)