Pas facile ce début d'année. Notre moral est mis à rude épreuve, et partout où l'on regarde, la déprime rode. Actualité plombante, période de fêtes terminée, rentrée scolaire ou laborieuse? Si le mois de janvier pouvait parler, il nous dirait sûrement:
Chapeau bas, c'est un franc succès.
Bien que 2022 soit une année spéciale (sorte de mauvais remake des deux navets 2020 et 2021), la déprime passagère d'après-fêtes est quant à elle observée depuis longtemps. Le cafard des premiers jours de janvier affecte de nombreuses personnes depuis des lustres, et c'est parfaitement normal.
Début janvier est en fait comme une grosse gueule de bois, mais qui dure sur plusieurs jours. Noël, le Nouvel An, le stress, l'excitation, les déplacements? Tout est là pour que le réveil après ces jours d'agitation soit des plus difficiles.
Fin décembre est bien souvent une période où on se surinvestit. Les attentes sont fortes, les efforts demandés parfois colossaux. Et entre:
Notre santé mentale est sous pression. Comme un élastique qui se tend jusqu'à se rompre, le retour à la normale nous revient comme un bourre-pif. Notre moral, lui, finit éparpillé façon puzzle, sans qu'on ait l'énergie nécessaire pour rassembler les morceaux.
Quand le soufflé retombe, il devient également difficile de relancer la machine. La reprise du rythme habituel est alors fort compliquée, assure la psychologue. «C'est une période de l'année propice au changement, car elle donne l'illusion d'un nouveau départ.»
Pourtant, on se retrouve souvent en un rien de temps submergé par le travail, sans que rien n'ait vraiment changé. On voulait repartir sur de nouvelles bases, mais on se rend rapidement compte que si on parvient à retrouver celles de l'an passé, c'est déjà pas si mal.
Les fêtes de fin d'année ne sont pas les seules responsables de ce léger coup de mou hivernal, loin de là.
La situation sanitaire due au Covid-19 touche évidemment notre moral. Les mois passent et rien ne change, ou presque. L'avenir incertain peut nous plonger dans un profond désarroi, devenu routinier pour certains. Sans compter l'actualité morose parsemée de polémiques futiles, loin des défis anxiogènes de notre époque. Bref, pour les bonnes nouvelles et le soutien émotionnel, mieux vaut regarder ailleurs.
Au bout du tunnel, il n'y a pourtant pas de lumière. Littéralement. L'absence de luminosité en cette période hivernale est justement l'une des principales raisons à ce que les scientifiques appellent le «trouble affectif saisonnier» (TAS), qui peut se caractériser par «une baisse de moral, une perte d'intérêts, une perte d'énergie, une modification de l'appétit et du sommeil, une diminution du plaisir, une baisse de libido, l'irritabilité et l'isolement», détaille Delphine Py.
Ce qu'on appelle également la «dépression saisonnière» serait entre autres due «aux jours encore courts et au manque de luminosité qui perturbe la sécrétion de sérotonine et de mélatonine».
La période hivernale est aussi propice à rester dans son lit, pour y hiberner tel un ours. L'obscurité et les basses températures rendent encore plus désirable une couette bien épaisse. Là encore, c'est un changement de rythme diamétralement opposé à celui des fêtes de fin d'année où, habituellement, on est amené à voir un grand nombre de personnes malgré le froid. Ce repli sur soi en début d'année peut aussi affecter votre moral: on rumine seul et on broie du noir.
Et si on en finissait ici et maintenant avec ce cafard qui vous suit en ce début d'année? Oui, ce coup de mou est bien surmontable et finira par passer. Et ça, c'est une sacrée bonne nouvelle.
Comment se faciliter la tâche et accélérer le processus? Il existe plein de moyens de retrouver le moral pendant cette période, comme «s'exposer à la lumière du jour le matin et faire du sport en extérieur si possible. Ça permet de réguler les émotions, d'améliorer le sommeil et l'humeur», explique Delphine Py.
Entretenir les relations sociales est également «très protecteur contre les troubles de l'humeur et la dépression», note la psychologue. Si ce n'est pas possible de se voir physiquement, rien de tel qu'un bon coup de fil à sa famille ou un ami pendant des heures pour se remonter le moral, meilleur moyen de se recharger les batteries, retrouver le sourire et aller de l'avant.
Aller de l'avant, ce n'est pas forcément enchaîner les efforts et cocher à tout-va les cases de sa to do list. Retrouver le moral passe aussi par le fait de se faire plaisir. Vous avez envie de ne rien faire, si ce n'est plonger sous un plaid pour lire un livre ou regarder un film avec un chocolat chaud? Foncez. Pas d'état d'âme, il faut savoir «savourer des petits plaisirs de l'hiver en pleine conscience», ajoute Delphine Py.
La psychologue conseille également de pratiquer une forme de gratitude envers soi-même, en «trouvant tous les jours trois choses pour lesquelles on se sent reconnaissant». Cette technique protègerait des troubles de l'humeur, des troubles anxieux et augmenterait le sentiment d'être heureux. Parfait pour faire un pied de nez à ses démons au début du mois de janvier.
Il faut également garder en tête que la déprime hivernale et celle de début d'année sont bien souvent passagères. Le moral va revenir, les températures agréables vont reprendre le dessus et les jours s'allongent déjà. Et si l'abattement s'installe trop longtemps, il ne faut pas hésiter à consulter un spécialiste, tout comme on consulte un médecin quand on a un problème physique.
Cet article a été publié initialement sur Slate. Watson a changé le titre et les sous-titres. Cliquez ici pour lire l'article original