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Iran: Le chef du pouvoir judiciaire ne fera preuve d'«aucune indulgence»

Le chef du pouvoir judiciaire iranien ne fera preuve d'«aucune indulgence»

Depuis neuf jours, des manifestations s'organisent en Iran contre la mort d'une jeune femme détenue par la police des mœurs. Si des arrestations et des morts sont déjà à déplorer, le président a appelé les forces de l'ordre à agir «fermement». Le chef du pouvoir judiciaire iranien a menacé dimanche de ne faire preuve d'«aucune indulgence».
25.09.2022, 12:3523.02.2024, 09:50
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Une personne déguisée en président iranien Ebrahim Raïssi proteste avec l'Organisation des communautés irano-américaines devant un hôtel que Raïssi fréquente lors de ses visites à New York, New York, États-Unis, le 23 septembre 2022. Image: EPA

Le président Ebrahim Raïssi a appelé les forces de l'ordre à agir «fermement» contre les manifestants en Iran après neuf jours de protestations contre la mort d'une jeune femme détenue par la police des moeurs. Plus de 40 personnes ont péri lors de ces manifestations.

A l'étranger, des manifestations soutenant le mouvement en Iran ont eu lieu dans plusieurs pays samedi: au Canada, aux Etats-Unis, au Chili, en France, en Belgique, aux Pays-Bas et en Irak, pays voisin de l'Iran.

Les plus importantes depuis 2019

Les protestations ont été déclenchées le 16 septembre, le jour du décès de Mahsa Amini, trois jours après son arrestation à Téhéran pour «port de vêtements inapproprié» et non respect du strict code vestimentaire pour les femmes en République islamique d'Iran.

Ces manifestations sont les plus importantes depuis les protestations de novembre 2019, provoquées par la hausse des prix de l'essence, en pleine crise économique, qui avaient touché une centaine de villes en Iran et été sévèrement réprimées (230 morts selon un bilan officiel, plus de 300 selon Amnesty International).

Les autorités nient toute implication dans la mort de Mahsa Amini, âgée de 22 ans et originaire de la région du Kurdistan (nord-ouest). Mais depuis le 16 septembre, des Iraniens en colère descendent à la tombée de la nuit dans la rue pour manifester.

Plus de 40 morts

Selon le bilan officiel non détaillé incluant manifestants et forces de l'ordre, 41 personnes ont été tuées. Mais le bilan pourrait être plus lourd, l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, faisant état d'au moins 54 manifestants tués dans la répression.

Qualifiant les protestations «d'émeutes», Raïssi, un ultraconservateur, a appelé samedi «les autorités concernées à agir fermement contre ceux qui portent atteinte à la sécurité et la paix du pays et du peuple».

Dans un communiqué, il a souligné:

«La nécessité de faire la distinction entre manifestation et perturbation de l'ordre et de la sécurité publique».
Ebrahim Raïssi, président de l'Iran

700 personnes arrêtées

Le ministère iranien des Affaires étrangères a mis en cause les Etats-Unis, ennemi juré de l'Iran, dans les troubles et prévenu que «les efforts pour violer la souveraineté de l'Iran ne resteront pas sans réponse».

Le ministre de l'Intérieur Ahmad Vahidi, cité par l'agence officielle IRNA, a lui dit attendre du «pouvoir judiciaire qu'il poursuive rapidement les principaux auteurs et meneurs de ces émeutes», après l'annonce par la police de l'arrestation de plus de 700 personnes.

Selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé aux Etats-Unis, 17 journalistes ont été arrêtés en Iran depuis le 19 septembre.

Manifestations pro-gouvernementales

Comme vendredi dernier, une manifestation en faveur du gouvernement est prévue dimanche après-midi à Téhéran, à l'appel des autorités.

Samedi soir, les manifestations ont encore touché plusieurs villes d'Iran, y compris la capitale Téhéran où une vidéo virale a montré une femme marchant la tête découverte et agitant son voile en pleine rue, faisant fi des strictes règles vestimentaires.

Rébellion

En Iran, les femmes doivent se couvrir les cheveux et le corps jusqu'en dessous des genoux et ne doivent pas porter des pantalons serrés ou des jeans troués, entre autres.

Des images virales des manifestations ont montré des Iraniennes brûlant leur foulard.

Le parti réformateur de l'«Union du peuple de l'Iran islamique» a exhorté samedi l'Etat à annuler l'obligation du port du voile et à libérer les personnes arrêtées.

A balles réelles

Les manifestations sont marquées par des affrontements avec les forces de sécurité et des véhicules de police sont incendiés par les protestataires qui scandent des slogans hostiles au pouvoir, selon médias et militants.

Depuis plusieurs jours, des vidéos en ligne montrent des scènes de violence à Téhéran et dans d'autres grandes villes comme Tabriz (nord-ouest). Sur certaines, on voit les forces de sécurité tirer sur des manifestants.

epa10204108 A memorial for Mahsa Amini at the site of a protest calling for the stop of the suppression of Iranians in Iran rally at the Boston Common in Boston, Massachusetts, USA, 24 September 2022. ...
En Iran, les manifestations se multiplient depuis la mort d'une jeune femme détenue par la police des moeurs. Image: sda

Amnesty International accuse les forces de sécurité de tirer «délibérément (...) à balles réelles sur des manifestants», appelant à une «action internationale urgente pour mettre fin à la répression».

«Femmes courageuses»

Les connexions internet étaient toujours perturbées samedi, avec le blocage de WhatsApp et Instagram. NetBlocks, un site basé à Londres qui observe les blocages d'internet à travers le monde, a également fait état de celui de Skype.

Dans un nouveau message sur Instagram, le réalisateur iranien Asghar Farhadi, deux fois oscarisé, a exhorté les peuples du monde à «être solidaires» des protestataires en Iran et salué les «femmes courageuses qui mènent les manifestations pour réclamer leurs droits».

Accusations contre les Etats-Unis

Le ministère iranien des Affaires étrangères a dénoncé l'implication des Etats-Unis dans les troubles et prévenu que «les efforts pour violer la souveraineté de l'Iran ne resteront pas sans réponse».

Dimanche, il a convoqué les ambassadeurs du Royaume-Uni et de Norvège. Le ministre a protesté auprès du premier contre l'hébergement de chaînes de télévision qui «incitent aux émeutes». Auprès du second, il a critiqué «les ingérences» du président du Parlement norvégien dans les affaires iraniennes.

De son côté, le ministre de l'Intérieur Ahmad Vahidi a dit attendre du «pouvoir judiciaire qu'il poursuive rapidement les principaux auteurs et meneurs», après l'annonce de l'arrestation de plus de 700 personnes.

Le cinéma est solidaire

Le réalisateur iranien Asghar Farhadi, deux fois oscarisé, a exhorté dimanche les peuples du monde à «être solidaires» des protestations en Iran, et salué les «femmes courageuses» dans son pays.

Asghar Farhadi poses for photographers upon arrival at the Women in Motion Awards during the 75th international film festival, Cannes, southern France, Sunday, May 22, 2022. (Photo by Vianney Le Caer/ ...
Le réalisateur iranien Asghar Farhadi lors du festival de Cannes en 2022.Image: sda
«J'invite tous les artistes, cinéastes, intellectuels, militants des droits civiques du monde entier (...) tous ceux qui croient en la dignité et la liberté humaines, à exprimer leur solidarité avec les femmes et les hommes puissants et courageux d'Iran en faisant des vidéos, en écrivant ou de n'importe quelle autre façon»
Asghar Farhadi, réalisateur iranien

Il a rendu hommage aux «femmes courageuses qui mènent les protestations» et réclament «tout simplement des droits fondamentaux dont l'Etat les a privés pendant des années».

«J'ai vu de l'indignation et de l'espoir sur leurs visages et dans leur façon de défiler dans la rue. Je respecte profondément leur lutte pour la liberté et le droit de choisir leur propre destin, malgré toute la brutalité qu'elles subissent.»
Asghar Farhadi, réalisateur iranien

Le cinéaste a indiqué que la plupart des femmes qui manifestent étaient «très jeunes, 17 ans, 20 ans». Selon ses proches, Asghar Farhadi se trouve actuellement à Téhéran. (ats/myrt)

Le pouvoir judiciaire menace

Le chef du pouvoir judiciaire iranien a menacé dimanche de ne faire preuve d'«aucune indulgence» vis-à-vis des manifestants après neuf jours de protestations dans tout le pays contre la mort d'une jeune femme détenue par la police des moeurs.

Le chef du pouvoir judiciaire, Gholamhossein Mohseni Ejei, a lui insisté sur «la nécessité d'agir sans aucune indulgence» envers les instigateurs des «émeutes», a rapporté le site Web Mizan Online.

En Russie, des milliers de manifestants «anti-mobilisation» ont été arrêtés
Video: watson
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