On a mangé de la pizza dans le plus grand McDo du monde
«Hmmm... t'es sûre que t'as mis la bonne adresse? Ça ressemble pas du tout à un McDo, ce truc.»
Etant donné mon habilité naturelle avec les GPS, j'hésite un instant avant d'opiner du chef face à mon fidèle chauffeur et compagnon d'infortune culinaire. Mais oui, nous y voilà. Debout, tremblants, face au plus «grand restaurant McDonald's du monde» - qui n'est somme toute pas si impressionnant, en dépit de ses 1800 mètres carrés, et de son menu qui défie l'entendement.
Bienvenue à «Epic McD», de son petit nom, qui campe sur ses positions depuis 1975, aux abords de la ville d'Orlando. L'antre du divertissement par excellence, où Disney World, SeaWold, les studios Universal ou encore le monde magique de Harry Potter se disputent les faveurs et le budget des familles en vacances.
L'estomac dans les talons et des heures de route dans les pattes, nous avons hâte d'en découdre avec l'expérience unique que propose le McDo le plus bizarre du monde. Il est plus de 15 heures de l'après-midi, mais le lieu plein à craquer. Ambiance frénétique typique d'un fast-food à l'heure de pointe, où se mêlent les cris des enfants, les soupirs des parents, la mastication consciencieuse des retraités et l'odeur de détergent pour le sol et de friture typique de McDo.
Face à nous, une alignée de bornes comme il en existe dans toutes les autres enseignes de la planète nous convie à passer commande.
Pâtes et pizza au menu
De prime abord, rien de très exotique. Les traditionnels BigMac côtoient les nuggets, les wraps au poulet et les basiques portions de frites, à l'exception d'un «McRib» à la photo assez peu engageante et d'un sandwich «Philly Cheese Steak» qu'on ne trouverait pas par chez nous.
Il faut nous perdre quelques minutes supplémentaires dans le menu kilométrique pour dénicher, enfin, la perle rare: les pâtes et les pizzas qui font la renommée de l'Epic McD.
Et comme si l'association des mots «McDonald's», «pizzas» et «pâtes» ne suffisait pas déjà à faire s'étrangler les gastronomes les plus conservateurs, sachez qu'il est possible de personnaliser le plat à votre guise - et d'y ajouter tout un tas de merveilles - des flocons de bacon aux pépites de saucisse, en passant par de l'ananas ou du cheddar.
Soucieux de terminer notre repas sans devoir en jeter la moitié, nous optons pour des compositions relativement classiques: pâtes à la sauce marinara avec oignons et champi, pizza au pepperoni. (Faux, j'ai quand même fini par flancher et ajouter de l'ananas. Désolée.)
En attendant notre pitance, nous prenons place au comptoir. Derrière la vitre, une armée de cuistots s'affaire en toute transparence à remuer les sauces, façonner la pâte à pizza et les parer de garniture avant de les jeter avec application dans un véritable four au feu de bois - ça rigole pas, chez McDonald's.

Chantal ferait pas mieux
Quelques minutes d'attente (plutôt) rassurantes plus tard, une employée vient nous apporter nos assiettes (des vraies!). Leur contenu n'a rien de complètement traumatisant.
Et force est d'admettre que c'est pas dégueu. Si les pâtes sont un poil trop cuites pour les amateurs d'ultra al dente que nous sommes, elles n'ont rien à envier à celles que pourrait cuisiner belle-maman. Quant à la pizza, avec sa pâte fine et croustillante, elle s'avale toute seule. Sans être bouleversante, elle a au moins le mérite de finir tout entière au fond de nos estomacs - et pas dans une benne à ordures.
Un dessert et quelques jeux
A défaut de pouvoir également goûter à l'offre prolifique de petit-déjeuner, indisponible au moment de notre visite (gaufres belges, omelettes et autre pain perdu jambon-fromage qui ont contribué à la renommée et à la spécificité de ce McDo géant), nous nous dirigeons vers la section dessert - un buffet à part entière. Et là, pas question de nous contenter d'un sundae basique.
Nous optons plutôt pour une «holiday pie» et deux boules de glace, dans des gammes de couleurs qui n'existent pas naturellement dans la nature - à part peut-être dans le ciel quand il y a de la pluie et du soleil.

Nous aurions également pu nous rabattre sur d'autres «spécialités maison», comme une part de l'intimidant «Chocolate corruption cake» (750 calories la part) ou du diabolique «Peanut Butter explosion cake» (770 calories), fièrement exposés dans la vitrine.
Si cette conclusion sucrée ne s'avère pas franchement concluante (en même temps, on l'a bien cherché), nous achevons cette expérience édifiante à l'étage pour nous délester de quelques calories - et poignées de dollars - dans une gigantesque salle d'arcade comprenant des dizaines de jeux.
Ceci terminé, nous regagnons notre voiture aussi éreintés qu'après avoir servi 15 000 cheeseburgers à des clients grincheux. Pas sûr qu'on revienne de sitôt nous aventurer dans cet étrange temple de la malbouffe et du divertissement. Mais le simple fait de pouvoir affirmer qu'on a goûté des pâtes au McDonald's suffisait à faire le détour - et à justifier nos crampes d'estomac.
