«Marine Le Pen s’est drapée d’une cape de banalité pour masquer ce qu’elle est.» Cette phrase est de Christophe Castaner et elle a résonné sur les ondes de RMC le 31 mars dernier. Comme le président du groupe de La République en marche à l'Assemblée nationale, une majorité d'élus, de candidats et d'observateurs décrivent une Marine Le Pen plus «mesurée», «adoucie», «sympa», «rassembleuse», «républicaine» et, c'est sans doute le plus important: présidentiable. Et les derniers sondages semblent le prouver, tant la candidate du Rassemblement national n'a jamais talonné le favori d'aussi près. La file de Jean-Marie Le Pen ne serait plus qu'à cinq petits points d'Emmanuel Macron (22% contre 27% des intentions de vote)
Lundi matin, la fondation Jean Jaurès vient confirmer le sentiment d'une Marine plus moelleuse... dans la forme. Car le fond n'aurait quasi rien perdu de sa dureté.
La fondation rappelle que la candidate Marine Le Pen est encore plus radicale depuis 2010. «Ne venez pas comme vous êtes mais devenez comme nous sommes», dit d'ailleurs son lieutenant Jordan Bardella. La candidate prévoit d'inscrire dans la Constitution la «priorité nationale» qui privera les étrangers de plusieurs prestations. Elle veut aussi (comme Eric Zemmour) expulser les clandestins, les criminels et délinquants étrangers et les fichés S étrangers, ainsi que les étrangers sans emploi depuis plus d'un an.
La fondation Jean Jaurès rappelle aussi que Marine Le Pen propose toujours «des mesures fortes pour promouvoir la loi et l'ordre». Elle promettait ainsi à Brest en février de mettre un terme «au règne de la terreur des mafias de la drogue, dont les crimes n'ont d'égal que l'idéologie islamisante à laquelle ils sont si souvent associés» et d'instaurer une légitime défense pour les forces de l'ordre.
Vêtue de couleurs claires, souriant en permanence, la candidate a choisi de se présenter comme la «présidente de la paix civile», de «l'unité nationale». Elle quitte sa posture contestataire pour rire à gorge déployée sur les plateaux, met en avant son amour des chats, comme pour «mieux endormir le front républicain» ou parle confortablement installée dans des sofas, un «univers du moelleux» qui permet de «faire oublier la dureté de son programme», estime enfin la Fondation.
Il faut aussi noter que c'est la première fois que la candidate du RN ne faiblit pas dans la dernière ligne droite avant le premier tour. Marine Le Pen bénéficie certes d'un Zemmour suffisamment radical pour ne pas avoir jugé opportun d'en rajouter, mais a aussi réussi à éviter les balles sur des dossiers sensibles comme la guerre en Ukraine. Alors que le polémiste pointait la responsabilité de l'Occident, Marine Le Pen a condamné très tôt l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Et Le Monde l'expliquait ainsi: «Rattrapée par ses erreurs sur les intentions de Vladimir Poutine, échaudée par l’incertitude comme lors de la pandémie de Covid-19, elle décrète: On ne jouera pas au président de la République. Prudence et modération». (ATS/fv)