Plusieurs influenceurs français auraient été contactés par une drôle d'agence de comm'. La mission qui leur a été proposée? Monter une campagne de dénigrement du vaccin à ARN messager contre le coronavirus de l'entreprise Pfizer-Biontech. Léo Grasset, étudiant en pharmacie et vulgarisateur scientifique aux plus de 62 000 abonnés sur Tik Tok a tiré la sonnette d'alarme:
C'est étrange.
— Léo Grasset (@dirtybiology) May 24, 2021
J'ai reçu une proposition de partenariat qui consiste à déglinguer le vaccin Pfizer en vidéo. Budget colossal, client qui veut rester incognito et il faut cacher la sponso.
Éthique/20. Si vous voyez des vidéos là dessus vous saurez que c'est une opé, du coup. pic.twitter.com/sl3ur9QuSu
Selon le deal proposé est le suivant: 2000 euros (2200 francs) pour affirmer sur leurs réseaux que le vaccin «causait trois fois plus de morts que l’AstraZeneca», tout en omettant de donner le nom de leur client, ce qui est illégal, rapporte le site L'Union.
Dans un échange de mails que franceinfo a pu consulter, l'agence Fazze demande à un autre influenceur d'expliquer à ses followers plusieurs choses. A savoir:
Cette dernière, nommée Fazze, semble être originaire du Royaume-Uni. Le Monde a mené l'enquête et Fazze n’existe pas dans les registres commerciaux britanniques. En revanche, elle se présentait, en 2018, comme domiciliée aux îles Vierges (un paradis fiscal). Son site mentionne des bureaux à Londres, mais aucune plaque au nom de Fazze n’apparaît à l’adresse indiquée, selon les dernières données de Google Street View.
Numerama révèle que le site de Fazze, s'il ne présente aucun client, ni aucune opération à succès, offre cependant la possibilité de se connecter avec Facebook, Twitter et... Vkontakte, le réseau social le plus utilisé en Russie.
C'est la grande question. Et il est difficile de découvrir qui se cache derrière la commande. En effet la proposition de partenariat invite à ne pas préciser qu’ils sont payés pour produire ce contenu et refuse de citer les gens qui souhaitent financer la diffusion de la vidéo.
Peu après la découverte de cette campagne, les comptes LinkedIn des gens s'identifiant comme employés de Fazze ont passé leur profil en privé ou même effacé des infos, rapporte Le Monde. Le profil du patron de la société (depuis inaccessible) montrait que l’entreprise opérait depuis Moscou et pas Londres.
Toutefois, les éléments qui pointent vers la Russie ne permettent pas de tirer de conclusions: ni le pays, ni le vaccin russe Spoutnik V que ce pays cherche activement à diffuser, ne sont mentionnés dans la campagne.
Si vous avez été contactés par l’agence Fazze ou une autre qui vous proposerait de faire une campagne d’influence contre la vaccination ou un vaccin en particulier, votre témoignage nous intéresse: écrivez-nous à news@watson.com.
(jah)