Le président turc Recep Tayyip Erdogan a proposé samedi un référendum sur un changement constitutionnel pour garantir le droit de porter le voile dans la fonction publique, les écoles et les universités lors d'une intervention télévisée.
«Si tu as le courage, viens, soumettons ceci au référendum (...). Que la nation prenne la décision», a lancé le chef de l'Etat turc en s'adressant au chef du principal parti de l'opposition Kemal Kilicdaroglu qui avait initialement proposé une loi pour garantir le droit de porter le voile.
En réponse au président turc, Kilicdaroglu a rejeté samedi soir l'idée d'un référendum en lui reprochant «d'imiter» le dirigeant nationaliste hongrois Victor Orban, devenu l'icône des droites dures.
Le débat sur le port du voile s'est récemment enflammé en Turquie à l'approche des élections présidentielles et législatives prévues en 2023.
A majorité musulmane, mais ayant inscrit la laïcité dans sa constitution, la Turquie a été longtemps un pays où le port du voile était interdit dans la fonction publique, les écoles et les universités, ainsi que dans certains lieux comme le parlement ou les locaux de l'armée.
Les restrictions concernant le port du voile ont été levées en 2013 par le gouvernement d'Erdogan.
A la différence des années 1990, où le sujet provoquait de vifs débats, aucun mouvement politique ne propose aujourd'hui son interdiction en Turquie.
Selon des observateurs, Kilicdaroglu aurait ainsi voulu montrer aux électeurs conservateurs - traditionnellement votant pour le Parti de la justice et du développement (AKP), le parti d'Erdogan - qu'ils n'avaient rien à craindre en cas de changement de pouvoir.
Face à cette tentative de récupérer les votes des conservateurs, Erdogan a riposté début octobre en appelant son adversaire à effectuer un changement constitutionnel à ce sujet.
«Nous allons prochainement envoyer au parlement la modification de la constitution. Mais si cela ne peut être résolu au parlement, soumettons-la au peuple», a ajouté Erdogan.
Dans le texte que le chef de l'Etat turc propose désormais de soumettre au référendum, il y aura aussi une disposition anti-LGBT, visant à «renforcer la protection de la famille», a-t-il annoncé sans donner plus de détails.
«En tant que représentants de la volonté du peuple, protégeons notre nation des attaques des courants déviants et pervers», a-t-il ajouté. (ats/myrt)