Les dirigeants français, allemand et italien ainsi que leur homologue roumain se sont dit, jeudi, prêts à accorder immédiatement à l'Ukraine le statut de candidat à une adhésion à l'UE et à la soutenir militairement aussi longtemps qu'il le faudra. Ils étaient à Kiev.
«Tous les quatre, nous soutenons le statut de candidat immédiat à l'adhésion», a déclaré le président français Emmanuel Macron, à l'issue d'entretiens avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le chancelier allemand Olaf Scholz, le chef du gouvernement italien Mario Draghi et le président roumain Klaus Iohannis. Le dirigeant français, qui assume la présidence tournante de l'UE jusqu'au 30 juin, a ajouté:
Olaf Scholz a lui aussi dit espérer une «décision positive» de l'UE sur l'octroi du statut de candidat à l'Ukraine comme à la Moldavie voisine. Il faudra «faire tout le nécessaire» pour «trouver l'unanimité» au sein de l'UE pour lancer ces candidatures, a-t-il ajouté.
«Aujourd'hui, le message le plus important de notre visite est que l'Italie veut l'Ukraine dans l'Union européenne», a aussi affirmé Mario Draghi:
Les Vingt-Sept doivent prendre une décision sur cette question à l'unanimité lors du sommet européen des 23 et 24 juin. Parmi les 27, les pays d'Europe de l'Est appuient cette candidature, mais d'autres comme le Danemark ou les Pays-Bas ont exprimé des réserves.
Le président Zelensky a lui souligné que l'Union européenne était «à la veille de décisions historiques». Il a souligné: «Les Ukrainiens ont déjà mérité le droit (...) d'obtenir le statut de candidat» et sont «prêts à travailler» pour que l'Ukraine devienne «membre de plein droit de l'UE».
Les dirigeants français et allemand, arrivés à Kiev dans la matinée avec leur homologue italien par un train de nuit spécial, se sont également engagés à poursuivre leur soutien militaire à Kiev. Scholz, critiqué pour tarder à livrer des armes à Kiev, a déclaré:
Emmanuel Macron a annoncé de son côté que la France allait livrer à l'Ukraine «six Caesar additionnels», ces canons automoteurs réputés pour leur précision et dont 12 exemplaires avaient, selon lui, déjà été livrés. «Il faut que l'Ukraine puisse résister et l'emporter», avait-il affirmé plus tôt jeudi, lors d'une brève visite avec ses homologues européens à Irpin, une banlieue de Kiev dévastée par la guerre.
Le président français a été très critiqué en Ukraine, ces derniers jours, pour avoir affirmé qu'il ne fallait pas «humilier» la Russie, et pour maintenir un dialogue régulier avec Vladimir Poutine. A ce sujet, Zelensky, en réponse à la question d'un journaliste, a précisé:
«Cela ne concerne pas qu'Emmanuel, je ne crois pas qu'aucun dirigeant dans le monde aujourd'hui puisse individuellement forcer la Russie à arrêter la guerre.»
La visite du quatuor intervient alors que les forces ukrainiennes sont en difficulté dans le Donbass, région de l'est de l'Ukraine partiellement contrôlée par des séparatistes prorusses depuis 2014 et que Moscou s'est fixé pour objectif de contrôler en totalité.
Les Etats-Unis ont annoncé, mercredi, une nouvelle tranche d'aide militaire à l'Ukraine d'un milliard de dollars, qui comprend notamment des pièces d'artillerie et des obus supplémentaires, après que le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin avait appelé ses alliés à «intensifier» les livraisons d'armes à Kiev.
«L'Ukraine est confrontée à un moment charnière sur le champ de bataille», a-t-il déclaré lors d'une réunion à Bruxelles des pays du «groupe de contact» créé par les Etats-Unis pour aider militairement l'Ukraine. «Nous devons donc intensifier notre engagement commun» et «redoubler d'efforts pour qu'elle puisse se défendre», a-t-il ajouté.
Les combats se concentrent depuis plusieurs semaines sur Severodonetsk et Lyssytchansk, deux villes voisines clés pour le contrôle du Donbass, soumises à des bombardements constants et dont la quasi-totalité des infrastructures – électricité, eau, communications – ne fonctionnent plus.
«L'armée russe perd des centaines de combattants, mais trouve des réserves et continue de détruire Severodonetsk», a-t-il affirmé. Mais «nos militaires tiennent la défense». (jah/ats)