Ça continue de chauffer entres les Etats-Unis et le Venezuela
En début de semaine, le président américain Donald Trump a annoncé la mise en place d'un «blocus total» contre des pétroliers sous sanctions se rendant ou partant du Venezuela. Il a même déclaré vendredi qu'il n'excluait pas une guerre avec ce pays pétrolier d'Amérique du Sud, bête noire des Etats-Unis depuis des décennies.
L'administration Trump est soupçonnée de chercher à faire partir le président socialiste Nicolás Maduro, qu'elle accuse d'être à la tête d'un réseau de trafiquants de drogues.
Attaque relayée sur X
A annoncé sur X la ministre américaine de la Sécurité intérieure, Kristi Noem.
Son message est accompagné d'une vidéo de près de huit minutes avec des prises de vue aériennes montrant un hélicoptère au-dessus du pont d'un pétrolier en mer et un soldat y débarquant.
Accusations de «narcoterrorisme»
A martelé Noem.
Son ministère a donné le nom du bateau, le Centuries, qu'il a accusé de «transporter du pétrole sous sanctions américaines».
Selon le site TankerTrackers, le navire bat pavillon panaméen et a chargé 1,8 million de barils de brut dans un port vénézuélien pour le compte d'une société chinoise.
Pas officiellement sur la liste
Le Centuries n'apparaît toutefois pas sur la liste des personnes morales ou physiques sous sanctions du Trésor américain examinée par les agences de presse.
«Le pétrolier contient du pétrole de la PDSVA (la compagnie pétrolière publique vénézuélienne) sous sanctions», a justifié sur X une porte-parole de la Maison Blanche, Anna Kelly.
D'après elle, le navire navigue sous «un faux pavillon et fait partie de la flotte fantôme vénézuélienne pour du trafic de pétrole volé et financer le régime narcoterroriste de Maduro».
Le Venezuela dénonce un vol
«Le Venezuela dénonce et rejette catégoriquement le vol et l'enlèvement d'un nouveau navire privé transportant du pétrole vénézuélien, ainsi que la disparition forcée de son équipage, actes commis par des militaires des Etats-Unis», a tonné le gouvernement dans un communiqué samedi.
Les forces américaines avaient déjà saisi le 10 décembre un pétrolier au large du Venezuela, une opération qualifiée de «piraterie navale» par Nicolas Maduro.
Caracas a assuré que «ces actes ne resteraient pas impunis», et a promis d'«exercer toutes les actions (adéquates), y compris la dénonciation devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, d'autres organismes multilatéraux et les gouvernements du monde».
Sous embargo américain depuis 2019
Soumis à un embargo américain depuis 2019, le pétrole vénézuélien est écoulé sur le marché noir à des prix inférieurs et à destination notamment de la Chine.
Caracas dément toute implication dans le trafic de drogue et assure que Washington cherche à renverser le président Maduro pour s'emparer des réserves pétrolières du pays.
Pour justifier le blocus, Donald Trump affirme que le Venezuela se sert de l'or noir pour financer «le narcoterrorisme, la traite d'êtres humains, les meurtres et les enlèvements».
Il a également assuré cette semaine que le Venezuela avait volé du pétrole et des terres appartenant aux Etats-Unis, sans étayer cette accusation qui semble liée à la nationalisation de l'industrie pétrolière vénézuélienne dans les années 1970 et à l'obligation imposée aux «majors» étrangères présentes dans le pays de travailler au sein d'entreprises mixtes contrôlées par PDVSA.
Important dispositif militaire dans les Caraïbes
Les Etats-Unis ont déployé depuis cet été un important dispositif militaire dans les Caraïbes, et bombardé des embarcations en provenance du Venezuela au nom de la lutte contre le trafic de drogues, des opérations à la légalité mise en doute par des experts, ONG et responsables des Nations unies.
Ces opérations ont tué au moins 104 personnes dans les Caraïbes et le Pacifique, sans que Washington ne fournisse la moindre preuve que les navires visés étaient effectivement impliqués dans un quelconque trafic.
Menace d'une intervention terrestre
Et le président américain agite depuis des semaines la menace d'une intervention terrestre.
Les tensions entre les deux pays se sont imposées samedi au programme du sommet du Mercosur à Foz do Iguaçu, au Brésil.
Le président brésilien Lula a mis en garde contre une «catastrophe humanitaire» en cas de conflit armé au Venezuela, alors que son homologue argentin Javier Milei a salué «la pression» de Washington sur Caracas.
(sda/ats/afp)
