Fin 2022, nous avons été nombreux à poser toutes sortes de questions absurdes, pertinentes, pratiques, voire à carrément discuter avec ChatGPT, logiciel conversationnel qui utilise l'intelligence artificielle.
Quelques mois après sa sortie, une quatrième version vient de voir le jour, toujours plus performante. Certains tirent la sonnette d'alarme, comme Elon Musk par exemple.
Avec des centaines d'autres experts, ils demandent la mise sur pause des recherches dans le domaine, car ils «craignent pour la survie de l'humanité» et exigent la mise en place de systèmes de sécurité afin de répondre aux risques que l’IA provoquerait sur les démocraties. Fin mars, les économistes de Goldman Sachs publiaient quant à eux un rapport pour mettre en garde sur la suppression de 300 millions d'emplois dans le monde, remplacés par des intelligences artificielles.
D'autres experts en revanche, comme Jean-Daniel Dessimoz, Docteur en Sciences techniques EPFL et ancien enseignant en robotique à la HEIG, s'étonnent de ces craintes et, au contraire, se réjouissent des avancées technologiques dans le domaine.
Il ne faut donc pas s'inquiéter des chiffres annoncés par Goldman Sachs?
L'ancien professeur en robotique poursuit: «Si des emplois viennent à être remplacés par une intelligence artificielle, il sera important de s'assurer que celles et ceux qui perdent leur travail aient les aides nécessaires et puissent rebondir.» Jean-Daniel Dessimoz précise aussi qu'il faut remettre ces 300 millions d'emplois dans leur contexte et les comparer à l'échelle du nombre d'habitants dans le monde.
Il rappelle également qu'au cours de l'Histoire, de nombreux métiers ont été informatisés ou remplacés par des machines. «D'ailleurs, en 2023, selon les branches, les gens seraient totalement incapables de travailler sans ordinateurs», ajoute-t-il.
Les craintes actuelles générées par le développement de l'intelligence artificielle et exprimée par certains experts sont donc teintées d'une certaine ironie:
Jean-Daniel Dessimoz s'amuse de cet imaginaire collectif, nourri notamment par le cinéma, qui craint une intelligence artificielle qui se rebelle et prend le contrôle sur les humains. Il appuie ses propos en rebondissant sur l'exemple de 2001, l'Odyssée de l'espace: «Dans le film, ce n'est que si le protagoniste appuie sur le mauvais bouton qu'effectivement, il y aura un problème. Je trouve donc dommage d'entendre que l'intelligence artificielle est dangereuse».
Selon lui, dans l'informatique (comme dans de nombreux autres domaines), c'est ce qu'on fait avec les outils créés qui est important et le but derrière le développement de certains logiciels. «Il faut certes utiliser l'IA avec beaucoup de prudence, mais l'humain, le vivant, aura toujours la maîtrise dessus», précise-t-il.
Et contrairement à Elon Musk, Jean-Daniel Dessimoz se réjouit des nombreux apports et renforcements que cette technologie pourra amener dans le futur, tout en rappelant qu'il est impossible aujourd'hui de savoir à quoi l'IA ressemblera dans quelques années.
Et surtout, comme il l'explique, le mot «intelligence» (dans «intelligence artificielle») est à pondérer: «Une partie des experts aimeraient recréer des neurones, permettre à un ordinateur de réfléchir comme un humain. Mais il ne s'agit que d'informatique!»