Max Verstappen est champion du monde de Formule 1 pour la troisième fois consécutive. Ce n'est pas une surprise, mais ça reste impressionnant. Avant le Néerlandais, seuls quatre pilotes ont remporté trois fois de suite le championnat du monde: Juan Manuel Fangio (1954-57), Michael Schumacher (2000-04), Sebastian Vettel (2010-13) et Lewis Hamilton (2017-20).
En défendant son titre au Qatar, alors qu'il reste encore cinq week-ends de course, Verstappen a aussi égalé un record détenu par Michael Schumacher, lui aussi sacré en 2002 à cinq courses de la fin (il n'y avait alors que 17 courses au calendrier, contre 23 cette année).
Le pilote de 26 ans écrase ses adversaires actuellement: jusqu'à présent, il a remporté 13 des 16 courses et, de Miami à Monza, il a gagné dix Grand Prix de suite – ce qui constitue également un record. Les succès du Néerlandais sont indissociables de son écurie Red Bull, pour laquelle il court depuis ses débuts en Formule 1 en 2015.
Depuis l'introduction du plafond budgétaire (actuellement environ 130 millions de francs) pour les équipes en 2021, la formation autrichienne, dirigée par Christian Horner, présente la voiture la plus puissante de F1. Elle s'est d'ailleurs déjà assurée au Japon son troisième titre consécutif au classement des constructeurs.
Mais il serait réducteur d'attribuer la domination de Verstappen à la seule supériorité de son matériel. Red Bull a certes la voiture la plus rapide, mais les résultats du coéquipier du Néerlandais, Sergio Perez, montrent que cela ne signifie pas pour autant une place assurée sur le podium. Cette année, Red Bull a fêté «seulement» six doublés en 16 courses. En comparaison, le duo de McLaren Ayrton Senna/Alain Prost avait célébré dix doublés en 16 Grand Prix en 1988.
Bien sûr, Red Bull fait tout pour mettre son pilote vedette dans les meilleures conditions. Le véhicule est conçu de telle sorte qu'il convient davantage au style de conduite de Verstappen qu'à celui de son coéquipier. Mais le natif de Hasselt, issu d'une famille de pilotes de course (son père Jos était lui-même pilote de Formule 1, sa mère belge Sophie faisait du karting), a aussi un talent hors du commun.
Lors de ses débuts en 2015 au sein de l'équipe junior de Red Bull – Toro Rosso –, il est devenu, à 17 ans et 166 jours, le plus jeune pilote de Formule 1 de l'Histoire. Puis, en 2016 chez Red Bull, à 18 ans et 227 jours, le plus jeune vainqueur d'un Grand Prix. Le fait qu'il ait ensuite dû attendre cinq ans avant de remporter son premier titre de champion du monde était lié d'une part à la domination de Mercedes et de Lewis Hamilton, mais aussi à un processus de maturation.
Car Verstappen a toujours été rapide. Mais malgré un instinct de course exceptionnel et un feeling parfait avec ses voitures, il lui manquait encore la maturité nécessaire ainsi que la sérénité pour dominer toute une saison. Au cours des premières années, il est trop souvent parti à la faute ou provoqué des collisions. Mais les erreurs se sont raréfiées et quelque chose a changé au plus tard depuis son premier titre mondial – très controversé - en 2021 lors d'une véritable finale à Abu Dhabi face à Lewis Hamilton.
«Tout ce qui suivra sera du bonus», avait déclaré Verstappen après ce premier sacre. Le jeune homme (trop) ambitieux – que le directeur d'écurie Christian Horner dit n'avoir jamais vu nerveux – est devenu plus détendu, sans pour autant perdre ses points forts.
Parallèlement, grâce à sa supériorité et au titre d'ores et déjà assuré, Red Bull peut désormais se consacrer, très tôt, au développement du bolide pour 2024. Des perspectives peu réjouissantes pour la concurrence.
Adaptation en français: Yoann Graber