Une hausse «difficile et désagréable», «un échec collectif», «un choc prévisible et évitable»: l'augmentation des primes maladie pour 2023, annoncée fin septembre par Alain Berset, a été tout sauf bien accueillie.
Et pour cause: après quatre ans de stabilité, les primes vont grimper de 6,6% en moyenne l'an prochain. C'est la plus forte augmentation depuis 2010.
Mais où va cet argent? Quelles prestations nos primes vont-elles financer? A l'exception des traitements stationnaires, dont 55% des coûts sont pris en charge par les cantons, l'assurance maladie couvre la totalité des traitements ambulatoires, ainsi que plusieurs autres services.
Le graphique suivant, basé sur des chiffres élaborés par le comparateur en ligne Comparis, montre comment les primes sont reparties en fonction de la prestation. Ainsi, 21% de l'argent total finance les traitements stationnaires, 21% les médecins, 16% les médicaments disponibles en pharmacie et chez le médecin et ainsi de suite.
Il s'agit d'une synthèse basée sur les données de 2021, nous indique-t-on du côté de Comparis. Elle n'est donc pas mathématique, mais comme la situation n'a pas beaucoup changé ces derniers temps, il est possible de l'appliquer aux autres années, afin d'avoir un ordre de grandeur.
Qu'est-ce que cela donne pour 2023? L'année prochaine, la prime mensuelle moyenne suisse sera de 334,70 francs. Comme il existe de grandes différences entre les cantons et l'âge des assurés, on peut calculer un chiffre plus représentatif: la moyenne des cantons romands (Berne inclus) pour les adultes de plus de 25 ans est de 428,70 francs par mois, ce qui représente 5144,4 francs par an ou 14,30 francs par jour.
Chaque mois, cette somme se répartit de la manière suivante:
Et les salaires des patrons des caisses maladie dans tout ça? Régulièrement attaqués par des élus demandant à les plafonner, ces revenus sont souvent qualifiés d'«indécents» et de «choquants».
Les chiffres sont, en effet, impressionnants, comme le rapportait récemment Tamedia: Andreas Schoenenberger, CEO de Sanitas, touche un salaire annuel de près d’un million de francs, 2e pilier compris. Les patrons du Groupe CSS et du Groupe Mutuel, Philomena Colatrella et Thomas Boyer, perçoivent chacun près de 800 000 francs.
«Je comprends que cela puisse énerver les gens, mais ces salaires ont une influence très modérée sur les primes maladie», nuance Felix Schneuwly, expert assurance chez Comparis. Dans le graphique expliquant la répartition des coûts, les revenus des patrons sont à ranger dans les 5% couvrant les tarifs administratifs, indique-t-il. Et d'ajouter: