Même lui «ne s'attendait pas» à une telle hausse, a affirmé mardi le ministre de la santé Alain Berset, après avoir annoncé les primes pour 2023. C'est pourtant bien ce qu'il s'est produit: après quatre ans de stabilité, les coûts bondiront à nouveau.
La prime moyenne atteindra ainsi 334,70 francs l'année prochaine, contre 315,3 en 2022. C'est la valeur la plus élevée jamais atteinte depuis l'introduction de la loi sur l'assurance maladie (LAMal), en 1996. Le record précédent datait de 2021, avec 315,7 francs.
Des différences existent au niveau de la classe d'âge:
Les annonces de mardi s'inscrivent donc dans une tendance générale de long cours. Au cours de ces 26 dernières années, les primes maladie n'ont fait qu'augmenter, avec deux seules exceptions: en 2008 et 2022.
En 1996, un citoyen suisse payait en moyenne 128,2 francs par mois. L'année prochaine, il va donc en payer 334,70. Il s'agit d'une hausse de 161%.
Comme Alain Berset l'a affirmé, «cette hausse est naturellement difficile, désagréable»: au niveau national, la prime moyenne va augmenter de 6,6%. Il s'agit de la plus forte augmentation depuis 2010.
Cette poussée des coûts est d'autant plus sensible qu'elle survient après des années marquées par des augmentations modérées: +1% en 2019, +0,1% en 2020, +0,3% en 2021. Cette année, les primes avaient même diminué, bien que très peu (-0,2%).
Une diminution n'a été observée qu'une autre fois, en 2008, lorsque les primes moyennes ont reculé de 1% par rapport à 2007.
De grandes différences subsistent au niveau cantonal et les chiffres de 2023 le confirment. Comme cette année, Bâle-Ville trône en tête du classement (426,4 francs), alors qu'Appenzell Rhodes-Intérieur reste le canton où les primes moyennes sont les moins chères (233,2 francs).
Chez les Romands, ce sont toujours Genève et Neuchâtel à figurer dans les premières places du classement. Dans le canton du bout du lac, la prime moyenne passera la barre des 400 francs en termes absolus, bien que la hausse relative y sera faible (+4,7%).
La hausse la plus haute se produira à Neuchâtel, où les coûts vont bondir de 9,5%. A Fribourg et dans le Jura également, l'augmentation va dépasser la moyenne nationale, +7,3% et +7,9% respectivement. Dans les cantons de Vaud (+6,1%) et Valais (+5,8%), la hausse se situera en-deçà de la moyenne nationale.
Le bond pour 2023 s'explique essentiellement par la pandémie de Covid-19, qui a généré des coûts directs, comme les traitements des patients hospitalisés ou la vaccination. A ceux-ci s'ajoutent des coûts indirects, découlant par exemple d'interventions médicales reportées (effet de rattrapage), qui ont décollé dès le deuxième semestre de 2021.
Au-delà de la pandémie, préviennent les autorités, les coûts de la santé vont continuer d'augmenter à l'avenir, ne serait-ce qu'en raison de l'évolution démographique.