Immobilier: les taux d'intérêt devraient grimper en Suisse

Comparis a une mauvaise nouvelle pour ceux qui rêvent d'être proprio

Alors que la Banque nationale suisse (BNS) a abaissé son taux directeur à 0,25% en mars, les taux hypothécaires à taux fixe pourraient bien repartir à la hausse d’ici la fin de l’année. C’est ce que prévoit le comparateur Comparis dans un communiqué publié ce 12 juin.

Pour les personnes ayant ou souhaitant contracter une hypothèque, la situation reste complexe. Bien que le coût des hypothèques Saron ait baissé grâce à la politique monétaire de la BNS, les taux des hypothèques à taux fixe sur 10 ans ont peu évolué:

«Les taux indicatifs s’élèvent actuellement à 1,66%, soit 0,03 point de plus qu’en début d’année»

Mais ce calme apparent pourrait être trompeur:

«Les taux indicatifs des hypothèques fixes à moyen et long terme pourraient à nouveau augmenter d’ici la fin de l’année»

Dirk Renkert, économiste et expert Immobilier chez Comparis.

Les taux indicatifs utilisés dans les prévisions sur les taux de Comparis et HypoPlus s’appuient sur les données de quelque 30 établissements de crédit.

Un contexte économique mondial instable

Cette évolution s’explique en partie par les incertitudes sur la scène internationale. Tensions géopolitiques, politique douanière américaine, endettement de l’Allemagne pour son réarmement massif, ou encore dégradation de la note des États-Unis par Moody’s: autant d’éléments qui influencent les marchés des capitaux. Résultat: une forte volatilité des taux au printemps, rappelle Renkert.

«En mars, les taux indicatifs des hypothèques fixes sur dix ans ont dépassé les 2%, avant de redescendre avec les craintes de récession. Les taux d’intérêt des hypothèques à taux fixe pourraient ainsi avoir atteint leur point le plus bas. Pour que les taux indicatifs continuent de baisser sensiblement, il faudrait que l’économie suisse entre en récession. Ce n’est pas le cas actuellement.»

Dirk Renkert, économiste et expert Immobilier chez Comparis.

Et même si l’inflation suisse est passée en territoire négatif (-0,1% en mai), «il est peu probable que la BNS introduise des taux d’intérêt négatifs dès le mois de juin. Il est davantage probable que la BNS abaisse d’abord le taux directeur à 0% et qu’elle envisage d’autres mesures à une date ultérieure», estime le spécialiste de Comparis.

Autre facteur de hausse potentielle: les nouvelles règles du paquet de réformes «Bâle III» entrées en vigueur en janvier. Les banques doivent désormais engager davantage de fonds propres pour chaque hypothèque. Ce qui alourdit leurs coûts, qu’elles peuvent répercuter sur les emprunteurs:

«Les exigences plus strictes ont tendance à entraîner une augmentation des coûts de financement, que les banques répercutent sur les preneuses et preneurs d’hypothèques.»

Enfin, la disparition de Credit Suisse renforce la position de l’UBS, désormais en situation dominante. Cela lui permet de «fixer plus facilement des marges plus élevées», selon Comparis. Pour les futurs propriétaires romands, il pourrait donc être judicieux de ne pas trop tarder à sécuriser un taux fixe, sous peine de le voir grimper à nouveau dans les prochains mois. (hun)

Taux fixe ou Saron?

Un taux fixe reste identique pendant toute la durée de l’hypothèque (par exemple 5 ou 10 ans), offrant une stabilité des coûts.
Le taux Saron (Swiss Average Rate Overnight) est un taux variable basé sur le marché monétaire suisse, qui fluctue tous les jours. Le taux Saron est généralement plus bas au départ, mais comporte un risque en cas de forte hausse des taux d’intérêt.