International
Allemagne

Le «bazooka» budgétaire allemand résumé en 4 points

Le «bazooka» budgétaire allemand résumé en 4 points.
Image: watson

Le «bazooka» budgétaire allemand résumé en 4 points

L’Allemagne débloque plus de 1000 milliards d’euros pour sa défense et ses infrastructures, rompant avec sa tradition de rigueur budgétaire.
21.03.2025, 12:2821.03.2025, 12:28
Sophie MAKRIS, Berlin / afp
Plus de «International»

L'Allemagne va ouvrir les vannes de la dépense pour se réarmer et relancer son activité économique. Après le vote des députés en début de semaine, c'est le Bundesrat, la chambre des régions, qui a approuvé vendredi le plan d'investissement du futur gouvernement, dernière étape pour prendre ce tournant budgétaire inédit.

Qu'est-ce qui change?

Pour affronter les bouleversements géopolitiques, le plan du chef des conservateurs Friedrich Merz, futur chancelier, repose sur deux piliers:

  • Une réforme du «frein à l'endettement», dispositif constitutionnel qui limite la capacité d'emprunt du pays.
  • Un fonds géant d'investissements pour les infrastructures.

Toutes les dépenses de défense dépassant 1% du Produit intérieur brut (PIB) ne seront plus décomptées dans ce mécanisme de frein qui limite le déficit budgétaire annuel du gouvernement. Berlin fait ainsi d'une pierre deux coups: il n'y aura de facto plus de plafond à l'emprunt pour les dépenses militaires, et le gouvernement récupère une marge de manœuvre budgétaire annuelle de près de 20 milliards d'euros en sortant la défense des calculs de déficit.

Le fonds spécial pour les infrastructures aura un volume de 500 milliards d'euros sur 12 ans dont 100 milliards seront fléchés vers les projets contribuant à la transition climatique. Enfin, les États régionaux seront autorisés à faire du déficit, jusqu'à 0,35% du PIB allemand chaque année. Soit au total, un stimulus colossal de plus de 1.000 milliards d'euros pour la prochaine décennie.

De quoi le pays a-t-il besoin?

Côté défense, l'armée allemande «a toujours trop peu de tout», selon l'évaluation annuelle de la commissaire à la Défense du Parlement Eva Högl, même si l'électrochoc de la guerre en Ukraine a fait bouger les choses. Les dépenses militaires allemandes ont atteint 2% du PIB – l'objectif de l'Otan – pour la première fois l'an dernier. Un nouvel objectif de 3% du PIB a été évoqué, soit environ 129 milliards d'euros par an sur la base du PIB 2024.

Longtemps obsédée par la discipline budgétaire, l'Allemagne doit aussi moderniser routes, réseaux ferrés, écoles, hôpitaux. La première économie européenne était au 27ᵉ rang mondial pour la qualité des infrastructures en 2024 selon le Global Innovation Index – contre le 12ᵉ en 2020. Au moins 5000 ponts sont à rénover, selon le ministère des Transports, qui chiffre les besoins à 220 milliards d'euros d'ici 2029.

Quels effets sur l’économie?

Alors que la première économie européenne risque une troisième année de récession, le fonds spécial infrastructure pourrait ajouter un point de croissance dès 2026, puis 2 points par an, selon l’institut DIW. Grands gagnants du «bazooka» budgétaire: les entreprises d’armement, et le secteur de la construction, qui se prépare à un «nouvel âge d’or».

L’industrie allemande pourrait aussi bénéficier d’une baisse des coûts de l’énergie grâce à la réduction de taxes. La dette allemande va augmenter, mais reste bien plus basse que celle de la France. Les milliards allemands devraient aussi stimuler la croissance de la zone euro de 0,2 point en 2025 et 0,7 en 2026, selon Xavier Chapard (LBPAM).

Quelles sont les limites?

Le Handelsblatt met en garde contre les mirages de cette «Deutsche Vita» financée par la dette. L’argent ne suffira pas à redresser la compétitivité. «Une infrastructure moderne est essentielle, mais elle ne stimule pas en soi l’innovation ou la transformation», note Carsten Brzeski (ING).

Le prochain gouvernement devra lancer de «véritables réformes structurelles». Autre frein:

«De nombreuses institutions publiques n’ont pas les compétences pour mener à bien ces projets»

Les capacités manquent aussi dans le privé, faute de main-d’œuvre, souligne le DIW. Enfin, le virage de Friedrich Merz pourrait lui coûter politiquement. L’extrême droite (AfD) dénonce déjà «un coup d’Etat financier». (jah/afp)

Un automobiliste américain manque de se faire foudroyer
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Kamala Harris dénonce le début de mandat «égoïste» de Trump
Les dernières nouvelles sur le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, son administration et les conséquences de ses premières décisions sur la politique internationale, servies sur un plateau d'argent.
L’article