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Grève à Genève aéroport: des milliers de passagers en attente

grève aéroport de Genève

«On doit attendre plus de 7h à l'aéroport»: au cœur de la grève à Genève

Elle aura duré 24 heures et s'est achevée par la victoire des grévistes, face à la direction de l'aéroport de Genève. watson a assisté à une folle matinée, qui a vu plus de 150 vols annulés et des milliers de passagers bloqués.
30.06.2023, 20:3312.09.2023, 12:58
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Ils étaient quelques dizaines à se réunir en ce vendredi 30 juin à 6h30, sur le parking Kiss and Fly de l'aéroport de Genève. Une sono, un micro et des drapeaux épars. Au milieu des grévistes, Jamshid Pouranpir, délégué syndical SSP, n'en démord pas: «Nous n'allons rien lâcher, le projet de la direction de Genève Aéroport doit être retiré. C'est à la poubelle qu'il doit aller.» Coiffé d'une casquette SSP, le délégué tente de haranguer les employés venus manifester, mais l'ambiance est encore un peu timide en ce début de matinée. «Il faut les appeler et les faire venir», lance-t-il en évoquant les collègues qui n'ont pas encore rejoint le piquet de grève. Car en ce petit matin du vendredi 30 novembre, le bras de fer ne fait que commencer👇🏽.

Vidéo: watson

Grévistes en colère

Dans le petit comité qui se forme lentement, nous rencontrons Sabrina et ses collègues, d'abord un peu réticentes à parler aux journalistes, l'employée au contrôle de sécurité tient à mettre les points sur les i concernant leurs revendications.

«On ne demande pas plus que ce que l'on a actuellement au niveau salaire, mais on ne veut pas que la direction nous enlève nos droits»
Sabrina*, employée au contrôle de sécurité
grévistes geneve aéroport

Au milieu de l'assemblée, qui commence à gagner de nouveaux grévistes, Nadège* nous explique avec un ton mesuré qu'elle adore son travail et qu'elle a rejoint les rangs de Genève Aéroport, enthousiaste, il y a moins de cinq ans:

«J'aime beaucoup ce que je fais et je considère que c'est un bon employeur… jusqu'à aujourd'hui. Je suis choquée et déçue du manque de transparence de la part de la direction à notre égard.»

L’enjeu de cette grève ce n'est pas seulement d'être écouté par la direction de Genève Aéroport, mais d'exprimer aussi un certain ras-le-bol après les «sacrifices» faits durant la crise sanitaire, comme nous explique Martha.

«Avec le Covid, on nous a dit qu'on ne toucherait pas de prime ni de pourcentage sur le chiffre d'affaires et on était d'accord, car on comprenait cette situation exceptionnelle. On a fait des sacrifices, on a travaillé avec un manque de personnel important et on ne s'est jamais plaint. C'est comme ça que la direction nous remercie aujourd'hui?»
Martha, employée à la sécurité
manifestants grève aéroport de Genève

La colère, bien que timide, est présente, mais Martha et Nadège ont une dernière remarque à nous faire avant que nous allions voir les passagers.

«Dites à vos lecteurs qu'on est tous Suisses et que ça nous blesse de lire partout qu'on fait la grève parce qu'on est Français»
Martha, employée à la sécurité

Passagers en stand by

Dans les halls de départ, vers 7 heures du matin, les voyageurs arrivent au compte-goutte, pas de foule à l'horizon et une succession de guichets vides. A l'enregistrement d'Easyjet, une mère de famille fait ses adieux à ses deux fils qui partent, accompagnés des grands-parents, en vacances. Informés par l'application de l'aéroport de Genève, ils sont arrivés au moins deux heures en avance pour leur vol en direction de Malaga, programmé à 9h30.

«Malheureusement, je n'ai pas d'empathie pour les grévistes, il y a d'autres moyens de s'exprimer avant d'en arriver là»
Maman agacée

Avis partagé par son père, qui considère qu'il s'agit d'une «prise en otage des passagers qui n'ont rien à faire là-dedans». Mis à part quelques voyageurs agacés, les passagers semblent informés et prennent leur mal en patience. «C'est un peu embêtant, mais faire la grève est un droit et je me dis qu'ils ne le font pas par plaisir», commente Joana, 19 ans, qui s'envolera (peut-être) pour Porto à midi. Un regard au tableau des vols et le rouge disparaît peu à peu, laissant place aux nouveaux horaires, avec les retards. Nous croisons un couple accompagné d'une personne âgée qui a besoin d'assistance, arrivés vers 6 heures, comme le préconisait Easyjet. Ils devaient décoller pour l'Espagne à 9h30 (le fameux vol pour Malaga), il est désormais 11h30 et leur voyage est reporté à 14h30.

écran téléphone passagère en attente suite à la grève de l'aéroport de Genève
«On doit attendre plus de sept heures à l'aéroport, on pensait que le vol allait être annulé, mais il est reporté à chaque fois»

La détresse de ces vacanciers en partance pour l'Espagne contraste avec la légèreté et l'insouciance des certains passagers: «On nous a dit qu'on allait attendre six heures avant de prendre notre avion pour Stockholm, si c'est vrai, ce sera toujours plus rapide que d'y aller en voiture, donc on reste de bonne humeur».

Négociations au sommet

A l'extérieur, l'heure officielle de la reprise du service approche et les syndicats reçoivent un appel de la direction de l'aéroport qui souhaite «engager une discussion» sur le mouvement social. Il faudra moins d'une demie heure avant que Jamshid Pouranpir, secrétaire syndical SSP n'apparaisse aux côtés d'André Schneider, le directeur général de Genève Aéroport qui explique avec une certaine nervosité face aux médias et au parterre de grévistes, les propositions de la direction pour sortir de la crise.

négociation à l'aéroport de Genève
Jamshid Pouranpir, délégué syndical SSP a été invité par la direction de Genève aéroport «à discuter» ce vendredi

A savoir, rencontrer les représentants du personnel une fois que les modifications salariales auront été faites à chaque employé et une hausse des primes au bénéfice. Ces propositions sont jugées inacceptables par le syndicat et les grévistes qui décident à main levée de reconduire le mouvement dans la foulée.

«Ces propositions sont scandaleuses»
Jamshid Pouranpir, délégué syndical SSP

Le syndicat ne décolère pas. S'ensuit une communication de la direction de Cointrin qui déplore les désagréments vis-à-vis des passagers et de leur famille, mais rien n'avance jusqu'à la rencontre entre le syndicat et la conseillère d'Etat genevoise Nathalie Fontanet, qui esquisse un accord de sortie de crise entre le syndicat, la direction et le conseil d'Etat. A 17h36, l'accord est dévoilé:👇🏽

  1. La réforme salariale est repoussée au 1er janvier 2025.
  2. Les parties doivent se mettre d'accord sur les modalités et les paramètres de mise en œuvre.
  3. Pour en discuter, un comité ad hoc paritaire sera constitué d'ici au 15 septembre 2023.
  4. Un médiateur indépendant, accepté par chacune des parties, encadrera ces négociations. Le SSP cesse la grève et ne la reconduira pas durant les négociations.
«Cet accord est parfaitement satisfaisant pour nous et si Genève Aéroport avait proposé un tel accord il y a 24 heures, tout ceci ne serait jamais arrivé»
Jamshid Pouranpir, secrétaire syndical SSP
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Grève à l'aéroport de Genève
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