Ils étaient quelques dizaines à se réunir en ce vendredi 30 juin à 6h30, sur le parking Kiss and Fly de l'aéroport de Genève. Une sono, un micro et des drapeaux épars. Au milieu des grévistes, Jamshid Pouranpir, délégué syndical SSP, n'en démord pas: «Nous n'allons rien lâcher, le projet de la direction de Genève Aéroport doit être retiré. C'est à la poubelle qu'il doit aller.» Coiffé d'une casquette SSP, le délégué tente de haranguer les employés venus manifester, mais l'ambiance est encore un peu timide en ce début de matinée. «Il faut les appeler et les faire venir», lance-t-il en évoquant les collègues qui n'ont pas encore rejoint le piquet de grève. Car en ce petit matin du vendredi 30 novembre, le bras de fer ne fait que commencer👇🏽.
Dans le petit comité qui se forme lentement, nous rencontrons Sabrina et ses collègues, d'abord un peu réticentes à parler aux journalistes, l'employée au contrôle de sécurité tient à mettre les points sur les i concernant leurs revendications.
Au milieu de l'assemblée, qui commence à gagner de nouveaux grévistes, Nadège* nous explique avec un ton mesuré qu'elle adore son travail et qu'elle a rejoint les rangs de Genève Aéroport, enthousiaste, il y a moins de cinq ans:
L’enjeu de cette grève ce n'est pas seulement d'être écouté par la direction de Genève Aéroport, mais d'exprimer aussi un certain ras-le-bol après les «sacrifices» faits durant la crise sanitaire, comme nous explique Martha.
La colère, bien que timide, est présente, mais Martha et Nadège ont une dernière remarque à nous faire avant que nous allions voir les passagers.
Dans les halls de départ, vers 7 heures du matin, les voyageurs arrivent au compte-goutte, pas de foule à l'horizon et une succession de guichets vides. A l'enregistrement d'Easyjet, une mère de famille fait ses adieux à ses deux fils qui partent, accompagnés des grands-parents, en vacances. Informés par l'application de l'aéroport de Genève, ils sont arrivés au moins deux heures en avance pour leur vol en direction de Malaga, programmé à 9h30.
Avis partagé par son père, qui considère qu'il s'agit d'une «prise en otage des passagers qui n'ont rien à faire là-dedans». Mis à part quelques voyageurs agacés, les passagers semblent informés et prennent leur mal en patience. «C'est un peu embêtant, mais faire la grève est un droit et je me dis qu'ils ne le font pas par plaisir», commente Joana, 19 ans, qui s'envolera (peut-être) pour Porto à midi. Un regard au tableau des vols et le rouge disparaît peu à peu, laissant place aux nouveaux horaires, avec les retards. Nous croisons un couple accompagné d'une personne âgée qui a besoin d'assistance, arrivés vers 6 heures, comme le préconisait Easyjet. Ils devaient décoller pour l'Espagne à 9h30 (le fameux vol pour Malaga), il est désormais 11h30 et leur voyage est reporté à 14h30.
La détresse de ces vacanciers en partance pour l'Espagne contraste avec la légèreté et l'insouciance des certains passagers: «On nous a dit qu'on allait attendre six heures avant de prendre notre avion pour Stockholm, si c'est vrai, ce sera toujours plus rapide que d'y aller en voiture, donc on reste de bonne humeur».
A l'extérieur, l'heure officielle de la reprise du service approche et les syndicats reçoivent un appel de la direction de l'aéroport qui souhaite «engager une discussion» sur le mouvement social. Il faudra moins d'une demie heure avant que Jamshid Pouranpir, secrétaire syndical SSP n'apparaisse aux côtés d'André Schneider, le directeur général de Genève Aéroport qui explique avec une certaine nervosité face aux médias et au parterre de grévistes, les propositions de la direction pour sortir de la crise.
A savoir, rencontrer les représentants du personnel une fois que les modifications salariales auront été faites à chaque employé et une hausse des primes au bénéfice. Ces propositions sont jugées inacceptables par le syndicat et les grévistes qui décident à main levée de reconduire le mouvement dans la foulée.
Le syndicat ne décolère pas. S'ensuit une communication de la direction de Cointrin qui déplore les désagréments vis-à-vis des passagers et de leur famille, mais rien n'avance jusqu'à la rencontre entre le syndicat et la conseillère d'Etat genevoise Nathalie Fontanet, qui esquisse un accord de sortie de crise entre le syndicat, la direction et le conseil d'Etat. A 17h36, l'accord est dévoilé:👇🏽