«Ma mère avait deux magasins de vêtements en Ukraine, aujourd'hui elle commence comme femme de chambre à l'hôtel, elle était très stressée», raconte Karina, trentenaire ukrainienne mariée à un Vaudois. Sa maman, Svitlana, âgée de 53 ans, est arrivée à Lausanne il y a trois semaines, en provenance de Kherson. Elle fait partie des milliers de réfugiés ukrainiens qui font leurs premiers pas dans le monde du travail en Suisse. Mais arriver jusqu'à l'étape de l'embauche n'est pas une mince affaire: les réfugiés font face à de nombreuses tracasseries, dont voici les principales.
Selon l'enquête du groupe JobCloud, réunissant les plateformes JobUp, Jobs.ch et JobScout, 63% des réfugiés disent parler bien ou très bien anglais. Soit près de deux tiers. Mais le hic est ailleurs: nos langues nationales.
C'est le cas de Svitlana Kasperovych. La mère de Karina ne connait pas un mot de français et elle vient de débuter sa semaine d'essai à l'hôtel. Plusieurs jours durant, la jeune femme a accompagné sa maman sur son nouveau lieu de travail pour faciliter son intégration. Karina ne parle pas non plus le français. En revanche, elle est fluent en anglais.
Selon le quotidien 24 heures, qui cite Metin Turker, responsable du projet genevois Refugee@work, la maîtrise du français reste primordiale en Suisse romande, même pour les emplois hautement qualifiés.
Toujours selon l'enquête de JobScout, plus de trois Ukrainiens sur quatre ont un diplôme universitaire ou d'une haute école. Comment trouver un travail en partant de rien, lorsque l'on est habitué à un certain niveau social dans son pays d'origine? Le risque d'une déqualification professionnelle est réelle, comme celui d'un déclassement social.
Remettre les pieds dans le monde du travail, même si cela ne correspond pas toujours à l'expérience acquise en Ukraine, c'est aussi ce qui ressort du témoignage d'une ancienne participante de «Master Chef» en Ukraine, qui ne s'est vue proposer que des postes à la plonge ou dans des fast food. Elle explique dans l'émission mise au point sur la RTS: «Ils ne se sont pas intéressés à moi, ni à ma formation et à tous les cours que j’ai suivis. Donc, oui parfois, c’est dur.»
L'un des derniers obstacles qui se dresse régulièrement devant les réfugiés ukrainiens en recherche d'emploi est celui de la garde des enfants. Selon le secrétariat d'Etat aux migrations, cité par 24 heures, plus de deux tiers des Ukrainiens qui trouvent refuge en Suisse sont des femmes. Beaucoup d'entre elles sont des mères ayant fui sans leur conjoint et, pour travailler, elles doivent pouvoir placer leurs enfants qui ne vont pas à l’école.
Il faut aussi souligner que les réfugiés subissent un grand stress, engendré par le conflit et les incertitudes. En effet, nombreux sont ceux qui doivent se rétablir psychologiquement. Comme Svitlana, la maman de Karina.
Christophe Siwek, gérant du restaurant Chez Pitch ajoute: