Suisse
Santé

Santé mentale: les jeunes partis suisses se mettent d'accord

Les sections jeunes de tous les partis suisses étaient présents à Berne pour manifester en faveur de l'aide psychique aux enfants et aux jeunes. Sur l'image: Dominic Täubert (Jeunes PEV), Ma ...
De gauche à droite: Dominic Täubert (JPEV), Marc Rüdisüli (JDC), Tobias Vögeli (Jeunes vert'libéraux), Katja Schönenberger (Pro Juventute), Julia Küng (Jeunes Verts), Philipp Eng (JLR), Stephanie Gartenmann (Jeunes UDC) und Nicola Siegrist (JS).Image: watson

Les jeunes politiciens suisses se sont mis d'accord sur un sujet qui va vous étonner

Les dirigeants des jeunesses de partis veulent améliorer ensemble la santé mentale des enfants et des jeunes. En collaboration avec «Pro Juventute», ils exigent des mesures de la part des politiques. En apparence, ils sont unis. Mais il y a un hic.
14.11.2022, 05:5314.11.2022, 07:41
Petar Marjanović
Petar Marjanović
Suivez-moi
Plus de «Suisse»

La santé mentale des enfants et des jeunes s'est fortement détériorée au cours des derniers mois. Les chiffres de la fondation «Pro Juventute» le montrent: le nombre «d'interventions de crise» effectuées par la ligne téléphonique d'aide et de conseil 147 a considérablement augmenté.

L'aide disponible est fortement sollicitée et les jeunes en détresse doivent faire face à de longs délais d'attente. La fondation tire la sonnette d'alarme.

Une aide immédiate demandée

Katja Schönenberger, directrice de «Pro Juventute», estime qu'une «multicrise» en est responsable. En très peu de temps, les enfants et les jeunes ont dû faire face à plusieurs crises telles que la pandémie, la guerre et la crise énergétique, et tous ne sont pas égaux dans leurs capacités de gestion des émotions et du stress.

La fondation exige une aide immédiate de la part de la Confédération et des cantons. Et elle a reçu un soutien fort et sans équivalent: celui de toutes les jeunesses de partis, sans exception.

Toutes les jeunesses de partis unies pour une cause

Les leaders politiques de la Jeunesse socialiste suisse, des Jeunes Verts, des Jeunes du Centre, des vert'libéraux, du PEV, du PLR et de l'UDC ont mené une action jeudi matin sur la Place fédérale.

Ils ont fait preuve d'une unité inhabituelle en posant devant un téléphone portable surdimensionné. Le message derrière ce geste: ils soutiennent la ligne téléphonique d'urgence 147.

Les sections jeunes de tous les partis suisses étaient présents à Berne pour manifester en faveur de l'aide psychique aux enfants et aux jeunes. Sur l'image: Dominic Täubert (Jeunes PEV), Ma ...
Image: watson

Une certaine fierté était perceptible dans les discussions avec les jeunes leaders: pour la première fois, un compromis décidé par l'ensemble du spectre politique suisse a eu lieu au sujet des questions de santé mentale des jeunes.

Le système de santé critiqué

Le président des jeunes vert'liberaux, Tobias Vögeli, en a profité pour évoquer ses propres problèmes psychologiques et la manière dont il a vécu l'incapacité du système de santé à réagir correctement pour aider les patients dans des situations difficiles.

«Comment puis-je lutter contre ces tabous sans parler de mes propres difficultés?»
Tobias Vögeli, co-président jeunes vert'libéraux

Marc Rüdisüli, des Jeunes du Centre, a également critiqué le long délai d'attente auquel les jeunes en quête d'aide doivent faire face:

«Des offres à bas prix comme une hotline téléphonique pour évoquer ses problèmes ou des conseils par chat pourraient aider. De telles offres peuvent prévenir et atténuer les maladies psychiques. A l'apparition de soucis personnels, il est extrêmement bénéfique de ne pas tomber dans un sentiment d'impuissance. Parfois, le simple accès à quelques informations au sujet de soutien psychologique ou psychiatrique et l'endroit où l'on peut les trouver fait la différence»
Marc Rüdisüli, président des Jeunes du Centre

Tous les jeunes politiciens sans exception l'ont reconnu: la dépression, le burn-out et l'anxiété sont des phénomènes importants. Ils se sont aussi montrés conscients que de telles maladies peuvent conduire à des crises psychiques graves, voire au suicide.

Cette unanimité a conduit à constituer un catalogue de revendications commun avec «Pro Juventute», qui revendique un «renforcement immédiat des centres de premier conseil à bas prix» et une «augmentation de la visbilité de ces centres auprès des groupes cible».

L'UDC pointe la guerre et la pandémie du doigt

Les divergences politiques n'ont toutefois pas tardé à pointer à nouveau le bout de leur nez lorsqu'est venu le temps des analyses sur les causes de la situation.

Les idées divergeaient sur la question de savoir pourquoi ces mesures spécifiques étaient nécessaires et ce qu'elles impliqueraient dans la pratique. Cela a été particulièrement frappant lors de l'engagement des jeunes libéraux-radicaux et des jeunes UDC: leurs présidents de parti n'étaient pas présents sur la Place fédérale jeudi matin, et pas seulement «pour des raisons d'agenda».

Le remplaçant présent a en outre contredit le consensus présent pour les autres jeunes du PS, des Verts, du Centre, du PVL et du PEV. En cause: les raisons de la détérioration de la santé mentale et sur ce qu'il faut faire pour y remédier.

Stephanie Gartenmann, une des figures des Jeunes UDC dans le canton de Berne, a estimé que la politique fédérale avait sa part de responsabilité:

«Il suffit de regarder les quatre dernières années. La politique énergétique ratée, les mesures anti-Covid et la guerre en Ukraine ont massivement compliqué la vie des jeunes en Suisse»
Stephanie Gartenmann, jeunes UDC du canton de Berne

En d'autres termes: si un changement de cap politique est effectué, la question du manque de places en psychiatrie va disparaître d'elle-même.

Une solution privée ou publique?

La prise de position de Philipp Eng, membre du comité directeur des jeunes libéraux-radicaux suisses, a également été frappante. Lorsqu'on lui demande pourquoi, en tant que libéral, il appelle à des mesures étatiques, il concrétise son interprétation de la demande de «Pro Juventute»:

«Si nous demandons le développement d'offres à bas prix, d'autres mesures nous viennent à l'esprit que de financer des postes juste en piochant dans la caisse des impôts»
Philipp Eng, JLR Suisse

Philipp Eng mentionne l'exemple de la responsabilité privée dans l'environnement personnel: «C'est dans le cercle privé que l'on va généralement chercher de l'aide lorsque les temps sont durs. En parlant avec ses amis, par exemple. Nous voulons renforcer la responsabilité personnelle et privilégier les milieux où on peut parler de ses problèmes et lever les tabous.»

«Le marché répondra aux besoins en places de traitement selon le principe de l'offre et de la demande»
Philipp Eng, JLR Suisse

Voix plus critiques à gauche

De telles déclarations ont été moins bien accueillies par les autres chefs de jeunes partis. Dominic Täubert, des Jeunes PEV, déclare prudemment à ce sujet: «La recherche d'un compromis n'a pas été facile». Le président des Jeunes socialistes, Nicola Siegrist, émet des critiques plus tranchées:

«La situation psychiatrique des jeunes est grave et cela m'énerve beaucoup que les Jeunes UDC et PLR refusent d'aller plus loin dans leurs revendications pour des raisons idéologiques»
Nicola Siegris, président de la JS Suisse

Mais il souligne malgré tout la nécessité de telles manifestations communes:

«Il s'agit de montrer aux enfants et aux jeunes que nous prenons leurs préoccupations au sérieux. C'est un grand progrès. La minimisation et le déni des maladies psychiques font obstacle à l'amélioration de la situation et aux mesures urgentes à prendre»
Nicola Siegris, président de la JS Suisse
Tom Holland: «Bonjour et au revoir, je quitte les réseaux sociaux»
Video: watson
Plus d'articles sur la santé mentale
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Malgré sa grosse équipe de comm, l'armée suisse a besoin d'aide
L'Armée suisse charge une entreprise externe d'analyser l'impact des relations publiques et de la couverture médiatique. Elle justifie sa décision par le fait qu'elle a besoin d'un regard «extérieur et non coloré».

Pour l'Armée suisse, les enjeux actuels sont de taille. Dans les années à venir, elle recevra nettement plus d'argent – le montant de cette augmentation fait toujours l'objet de débats politiques. Et elle sera encore plus sous les feux de la rampe que d'habitude. Il est donc d'autant plus important pour elle d'être perçue de manière positive.

L’article