Dans la vie, il y a deux choses dont la plupart d'entre nous ignorent l'utilité. La petite poche à l'intérieur de la poche droite de notre jeans et le conseil législatif de notre commune. Surtout que, pour ne rien arranger, ce dernier porte un nom différent d'un canton à l'autre.
Malgré ce flou artistique, il y a quelques semaines, Vaudois et Fribourgeois ont reçu une interminable liste de noms, avec pour consigne, de choisir celles et ceux qui les représenteront pour les cinq prochaines années. On a donc décidé de vous aider à y voir plus clair.
«L'exécutif fait tourner la commune au quotidien, explique Lionel Pisani, élu PLR au législatif de Romanel-sur-Lausanne (VD) depuis quinze ans. Ils paient les employés, font venir la voirie pour déblayer la neige, etc. Mais à chaque fois qu'ils veulent changer quelque chose dans la commune, ils doivent passer devant nous, le conseil législatif. En fait, nous, on représente les citoyens.»
C'est donc le législatif qui va décider, par exemple, s'il faut une nouvelle place de jeu près de la gare, un bancomat au centre du village, si certaines rues doivent être limitées à 30 km/h, ou encore si le préau de l'école doit être agrandi. Les idées peuvent venir tant du législatif que de l'exécutif, mais au final, c'est toujours le législatif qui tranche par un vote lors de l'une de ses séances en soirée.
A cause du rythme de la politique de milice et des différentes procédures à respecter, il faut souvent beaucoup de temps – davantage que ce que l'on imagine de l'extérieur – pour faire avancer les projets. Mais, quand ils aboutissent, ils influencent très concrètement le quotidien des habitants.
Un autre domaine où le législatif a un effet direct: celui des impôts communaux. Chaque année, les conseillers doivent voter pour fixer le taux. «Ça, ça a un impact sur le porte-monnaie des gens, même s'ils la plupart ne se rendent pas compte que c'est nous qui décidons», pointe Lionel Pisani.
Très clairement, les conseillers au législatif donnent de leur personne pour leur commune. Ils se réunissent entre une et trois fois par mois, voire plus, en fonction de leur implication et de la taille de la ville. Très souvent en soirée, ces séances peuvent vite se révéler interminables et se perdre en débats stériles.
En y ajoutant les différentes commissions, auxquelles ils doivent participer à tour de rôle, et les nombreux rapports à lire, les élus consacrent donc, au total, entre 5 et 20 heures par mois à leur mandat. Et tout ça, bénévolement ou presque.
«On reçoit des jetons de présence, au total cela fait entre 300 et 500 francs par année», détaille Elodie Surchat, conseillère socialiste à Bulle (FR). A peine de quoi couvrir les frais donc. Les tarifs sont à peu près les mêmes à Romanel-sur-Lausanne et à Yverdon (VD) où Stéphane Balet, élu socialiste au législatif, touche 700 à 800 francs par an.
Malgré toutes ces difficultés, tous soulignent les aspects positifs de leur engagement en politique. «C'est une expérience de vie extraordinaire. Tu développes tes idées, tu apprends à écouter les gens et tu accrois ta culture générale», assure Lionel Pisani.
Elodie Surchat abonde. «Ce que je trouve intéressant à l'échelon local, c'est que c'est très concret, on peut orienter l'action de la commune dans laquelle on habite pour les prochaines années.»
Stéphane Balet met lui aussi en avant son plaisir de défendre des causes et de prendre part à des décisions. Il pointe également un autre aspect, plus social. «Cela m'a permis de rencontrer beaucoup de gens et de connaître tout le monde à Yverdon. Rien que pour ça, ça valait la peine.»
PS: Pour la poche du jeans, vous savez, celle de l'intro, la réponse se trouve ici.