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Le Valais ne veut pas mettre en danger sa rentrée pour quelques antivax

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Le Valais ne veut pas mettre en danger sa rentrée pour «quelques antivax»

Le canton du Valais va-t-il trop loin en levant l’interdiction du port du masque pour les élèves vaccinés uniquement? Non, répond le conseiller d’Etat Christophe Darbellay.
10.08.2021, 17:2110.08.2021, 17:52
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Pour la rentrée scolaire, le canton du Valais a fait le choix de récompenser les élèves vaccinés du secondaire II: Contrairement aux non-vaccinés, ils n’auront pas à porter le masque en classe. Dans les degrés d’étude inférieurs, des tests salivaires seront mis en place pour éviter les quarantaines et lever l’obligation de port du masque.

Une mesure différenciée qui peut étonner, mais le conseiller d’Etat en charge de la formation, Christophe Darbellay la défend bec et ongle. Interview.

Expliquez-nous: quelle a été la réflexion pour aboutir à ce traitement différencié entre vaccinés et non vaccinés?
Christophe Darbellay: C’est en fait une réflexion d'ordre général. Nous sommes dans un contexte sanitaire toujours particulier et notre volonté est de favoriser une scolarité la plus normale possible, à tous les niveaux. L’année scolaire passée, deux choses ont posé de nombreuses difficultés aux jeunes générations:

  • Le port du masque.
  • Les quarantaines à répétition.

Nous faisons donc tout pour éviter ça.

Eviter les quarantaines, c’est l’objectif ultime?
Ces quarantaines, c’est le pire. Quand il y a des élèves qui ont fait trois ou quatre quarantaines avec de brèves échéances entre elles, ils se sont quasiment retrouvés en confinement. Il faut éviter cela à tout prix quand on sait les difficultés générées par ces situations, en particulier pour les élèves en difficulté.

Cette différenciation des mesures ne risque-t-elle pas d’être perçue comme trop sévère?
Non. Par rapport à d’autres cantons, je pense que nous sommes plutôt pragmatiques.

«Nous pouvons lever l’obligation de porter le masque et éviter les quarantaines. Mais pour ça, il faut être vacciné. Si on ne l’est pas, il faut porter un masque»

C’est une question de responsabilité individuelle et non pas un débat idéologique. Les enfants, les jeunes et les apprentis sont au centre de nos préoccupations. Le reste, nous le laissons aux réseaux sociaux.

Vous évoquez des contrôles ponctuels pour savoir qui a le droit ou non d’enlever le masque. Concrètement, comment ça va marcher?
Pour gérer cette crise avec anticipation, nous avons misé sur la confiance et nous allons continuer à le faire. Par contre, si un enseignant devait violer les plans de protection, nous sévirons car il tomberait sous le coup de différentes lois. Par exemple, si un enseignant dit qu’il est vacciné alors qu’il ne l’est pas, qu’il ne porte pas de masque et qu’il infecte la classe, il y aura des conséquences.

C’est une crainte?
Non. J’ai confiance dans les enseignants du canton. Ils sont très engagés et nous ont prouvé qu’ils sont agiles et flexibles. Evidemment, on peut toujours avoir un cas ou un autre, mais ce n’est pas d’actualité.

Avec des élèves qui doivent porter le masque et d’autres non, existe le risque de stigmatisation. N’avez-vous pas peur que cela crée des divisions?
On voit très bien ce que le débat sur les vaccins provoque dans les familles, avec des discussions parfois un peu houleuses. C’est un risque. Toutefois, je pense que nous apprenons à vivre avec le virus et nous savons quels sont les moyens de nous protéger.

Il y a des personnes qui choisissent de ne pas passer par l'étape de la piqûre…
La liberté de ne pas se faire vacciner existe. Si on la prend, il faut porter un masque. Je pense que la jeune génération sait ce qu’elle doit faire pour aller voir un match ou un concert, pour aller danser en boîte de nuit ou pour aller en week-end à Barcelone. Ce que nous voulons, c’est éviter de fermer les écoles ou fermer des pans entiers de l’économie. Donc nous prenons des mesures.

Quand même: pour aller en boîte de nuit par exemple, on peut se faire tester et obtenir ainsi le certificat covid. Ce n’est pas le cas ici…
Organiser de tels tests serait bien trop compliqué. Cette situation demanderait des tests individuels systématiques qui ne sont pas d’une fiabilité extraordinaire. Quant au test PCR, il est cher et invasif. Avec notre plan, il suffit de cracher dans une pipette (réd: on parle de test salivaire par pooling) et, en récompense, on peut enlever le masque.

«Je ne me vois pas dire aux élèves qu’à cause de quelques personnes qui voient le monde autrement, qui sont anti-vaccin ou anti-tout, ils doivent porter le masque»

Ça ne tient pas debout. Et quand on veut enseigner l’anglais ou l’allemand avec un masque, c’est extrêmement difficile.

On sent quand même une certaine division dans la société entre les vaccinés et les anti-vaccin. N’avez-vous pas peur d’importer cette fracture dans les écoles, qui menacerait la qualité de l’enseignement?
Actuellement, l’ambiance est apaisée dans l’enseignement valaisan. Tout se passe très bien, malgré la crise. Je tiens à cela par-dessus tout. Nous mettons en avant l’élève, sa progression, son apprentissage et essayons de faire en sorte que le contexte Covid soit le moins perceptible possible. Il le sera.

La vaccination stagne en Suisse, surtout chez les jeunes qui sont touchés par ces mesures différenciées. N’êtes-vous pas en train d’instrumentaliser l’école pour prôner la vaccination?
Non. Certains considèrent que l’école est un foyer de contamination. Or, nous avons vu que ce n’est pas le cas. Les flambées ont été gérées, tout comme des situations très compliquées lors des deux premières vagues de la pandémie. L’important, c’est que la mission de l’école reste au centre.

«Si nous savions tout ce que savons sur le Covid aujourd’hui, les écoles n’auraient jamais été fermées»

Les choix annoncés aujourd’hui ont été faits en commun accord avec le chef du département de la santé, Mathias Reynard, et les services du médecin cantonal. C’est une approche scientifique, solide, qui garantit que la priorité est mise sur les intérêts de l’enfant et de l’école. Il n’y a pas uniquement la question de la santé et des soins intensifs: Nous avons des élèves qui ont souffert et que nous avons beaucoup de difficulté à récupérer.


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