Qui n’a jamais rêvé du produit magique qui rendrait son pare-brise « allergique » à la pluie ? Le truc miracle, en spray ou en bouteille, qu’il suffirait d’appliquer pour que la vitre – ou la visière de son casque – devienne tout à coup plus hydrofuge que des plumes d’un canard ?
Les fournisseurs de produits de lavage et d’entretien chimique annoncent, à grand renforts de publicité, qu’il va devenir possible de traverser la mousson en laissant la simple force du vent vous dégager la vue.
Certains ateliers spécialisés se sont lancés dans l’application de ce genre de revêtement «miracle», avec un certain succès. Un peu sur le principe des traitements de surface qui redonnent à la carrosserie une apparence «sortie de la chaîne d’assemblage». Et ça fonctionne. Du moins pendant un temps.
Mais, la plus grande méfiance est de mise, en revanche, pour les produits en aérosol à appliquer soi-même. Pourtant, sur l’emballage, le mot magique «nano» semble devoir être plus efficace que toutes les formules d’Harry Potter réunies. A croire que s’il avait eu accès à la technologie «nano», Noé aurait pu se contenter de kayaks en peau de moustique pour sauver la faune. Il lui aurait suffi de les sprayer avec du «nano» pour qu’ils repoussent l’eau du déluge.
La réalité, hélas, est plus terre à terre. Les nano-scellants contenus dans ces produits utilisent les propriétés des agents de surface fluorés. Leurs molécules se lient au verre du pare-brise pour former, en théorie, une surface lisse sur laquelle l’eau va glisser et s’écouler, libérant la vision.
C’est qu’entre le test en laboratoire et la vraie vie, il y a ici une réelle différence. Au final, la surface obtenue n’est pas si lisse que ça. Du coup, non seulement les gouttes ne glissent pas «toutes seules», mais elles continuent de gêner la visibilité.
En plus, la tâche des essuie-glaces – qui seront finalement inévitablement utilisés – sera plus compliquée. La lame de caoutchouc du balai va venir fragmenter ces gouttes d'eau en d'innombrables gouttelettes, plus petites, qui vont former un film qui nuira gravement à la visibilité pendant plusieurs secondes. Ce qui représente un risque pour la sécurité routière.
Pas si magiques que ça, donc, ces produits «nano». Et, ils ont encore d’autres défauts. D’abord, ils contiennent des agents de surface fluorés, nocifs pour l’environnement. Pour cette raison, le TCS ne recommande pas l'usage de ce type de produits.
Ensuite, ils sont très délicats à appliquer, puisqu’il faudrait un nettoyage parfait du pare-brise avant application. Raison pour laquelle seules les entreprises spécialisées sont à même d’appliquer ce type de produit avec le soin approprié.
En quelques semaines, tous les effets – bénéfiques ou gênants – du produit utilisé disparaissent. Moralité de l’histoire, mieux vaut parfois se fier aux bonnes vieilles méthodes éprouvées: Nettoyer régulièrement son pare-brise avec un produit dégraissant pour vitres, enlever les résidus d’insectes et les projections de goudron avec un produit spécial et bien rincer avant d’essuyer le vitrage propre avec un chiffon microfibre ou du papier journal.
Mais il existe, en fait, une véritable «formule magique»: Toujours utiliser des balais d’essuie-glaces avec un caoutchouc en bon état. Elle reste la plus efficace des méthodes pour assurer une meilleure visibilité sous la pluie.