Moi: «Je trouve injuste que tu reportes sur moi ta frustration d'avoir tes règles pendant les vacances. Je n'y peux rien.»
Elle: «Pourtant t'es aussi une fille. Tu devrais me comprendre.»
Moi: «Bien sûr que je comprends. Mais ça ne signifie pas non plus que je dois te laisser bouder et me râler dessus pendant des heures.»
Elle: «Tu aurais dû penser aux tampons!»
Moi: «Quoi? Je ne peux pas savoir à chaque fois quand tu auras tes règles.»
Elle: «Moi non plus. Chez moi, ce n'est pas aussi régulier que chez toi.»
Moi: «C'est vrai. Les experts disent qu'une certaine stabilité n'intervient qu'après six ans après les premières règles, environ.»
Elle: «Combien de temps il me reste, alors?»
Moi: «A peu près une année. Tu as eu tes premières règles à 12 ans.»
Elle: «C'est normal?»
Moi: «Tout à fait normal. 90% de toutes les filles ont leurs premières règles entre 12 et 13 ans. L'idée que les menstruations débutent toujours plus tôt est d'ailleurs un mythe. Cette fourchette est la même depuis 1960.»
Elle: «Et pourquoi parfois elles ne viennent pas du tout et ensuite à des intervalles plus courts?»
Moi: «Parce qu'il faut beaucoup, vraiment beaucoup de temps à ton corps pour s'habituer aux fluctuations hormonales. A ton âge, tu as aussi des cycles sans ovulation. Mais si tu n'as pas de règles pendant plus de 90 jours, tu dois consulter pour vérifier que tout est normal.»
Elle: «Quelles peuvent être les raisons à cela, à part la grossesse?»
Moi: «Beaucoup de sport, beaucoup de stress, l'anorexie, l'obésité sévère, les déséquilibres hormonaux ou les voyages longue distance: ce sont tous des facteurs qui peuvent perturber ton cycle. C'est comme ça que tu es née, d'ailleurs.»
Elle: «Quoi?»
Moi: «J'étais en voyage aux Etats-Unis durant deux semaines pour le travail et j'ai eu mes règles dans le vol de retour. Je suis tombée enceinte de toi plus ou moins directement après mes règles. Ce qui n'est, en fait, pas possible.»
Elle: «Pourquoi?»
Moi: «Parce que l'on ne peut tomber enceinte qu'au moment de l'ovulation, soit deux bonnes semaines après le premier jour des règles.»
Elle: «Et pourquoi es-tu quand même tombée enceinte?»
Moi: «Soit j'ai ovulé une seconde fois ce mois-là, soit tu étais le spermatozoïde qui détient le record du monde de longévité! Et ton frère a fait encore plus fort.»
Elle: «Pourquoi?»
Moi: «Je suis tombée enceinte même si j'utilisais la pilule. Je ne sais toujours pas comment c'est arrivé. Je pense que mon équilibre hormonal a été tellement perturbé par la grossesse avec toi, l'allaitement, puis la pilule à nouveau, que les hormones ne fonctionnaient plus vraiment.
Elle: «Ah, donc tu ne le voulais pas!»
Moi: «Si. Mais si j'avais pu passer ma commande en bonne et due forme, j'aurais choisi un an plus tard. Cependant, le caractère imprévisible a aussi quelque chose de chouette. Contrairement aux règles.»
Elle: «Je les trouve méga embêtantes en général.»
Moi: «Tu n'es pas la seule. Près de 60% des filles entre 15 et 19 ans pensent comme toi et veulent réagir pour mieux les supporter.»
Elle: «Qu'est-ce qu'on peut faire, alors?»
Moi: «Prendre la pilule. Elle stabilise le cycle et réduit la production d'hormones, les saignements sont généralement plus légers, tout comme les douleurs.»
Elle: «Faudrait-il que je la prenne?»
Moi: «Si tu as des douleurs vraiment intenses à chaque fois, j'y réfléchirais. Tu dois juste être consciente que c'est un médicament. Et les médicaments peuvent toujours avoir des effets secondaires.»
Elle: «Lesquels, par exemple?»
Moi: «La chose dont les femmes ont le plus peur est la thrombose. Mais le risque est relativement faible, bien que des études montrent que la combinaison du tabagisme, du surpoids et de la prise de la pilule augmente en fait le risque de thrombose. Mais les humeurs dépressives ou la prise de poids sont des effets secondaires plus courants. Bien sûr, l'humeur difficile est aussi liée aux menstruations elles-mêmes. Mais une étude menée par une université polonaise a révélé que cela n'a pas nécessairement à voir avec les hormones.»
Elle: «A quoi, alors?»
Moi: «A la perte de fer dans le sang.»
Elle: «Oui, j'ai toujours l'impression de perdre des litres de sang chaque mois.»
Moi: «Il ne s'agit en fait que de 50 millilitres environ. La perte de fer est donc faible. Pourtant, il semble que cela soit suffisant pour justifier les perturbations de l'humeur ainsi que les pertes de motivation et de concentration.»
Elle: «Ah, tu vois?»
Moi: «Mais ce n'est certainement pas une raison pour ne pas aller au cours de gym une fois par mois, jeune fille.»
Elle: «Mais je ne suis pas du tout motivée. Et ce n'est pas de ma faute. C'est à cause de la nature.»
Moi: «Eh bien, si ça peut te rassurer, je vais bientôt être confrontée à quelque chose de similaire à ce que tu traverses: la ménopause.»
Elle: «Qu'est-ce qui se passe à ce moment-là?»
Moi: «D'un point de vue purement physique, c'est l'inverse de la puberté. Les ovaires produisent moins d'hormones sexuelles, l'ovulation est de moins en moins fréquente, et finalement elle s'arrête complètement. C'est la ménopause. Puis, le cycle s'arrête enfin. La période qui précède, cependant, est plus ou moins la même qu'au tout début, avec davantage de douleurs, des saignements irréguliers. Le bon côté des choses, c'est que pour moi, contrairement à toi, c'est bientôt terminé.»
Elle: «Super, ça ne va pas vraiment améliorer mon humeur. Tu aurais quand même pu penser aux tampons pour moi, vieille dame!»
Et vous, à quoi ressemble votre cycle et quel est son impact sur votre vie? (ou sur celle de la femme qui partage votre vie?) Est-ce une torture ou un moment facile à gérer? Qu'est-ce qui vous aide à lutter contre les douleurs et la mauvaise humeur? Dites-le-nous dans les commentaires!