La vie de David Beckham n'a pas toujours été rose. La honte s'est aussi invitée à la table de l'Anglais. Après son carton rouge à la Coupe du monde 1998, c'est un carnage: dépression, menaces et critiques de tout un pays. La honte d'une nation. Les crachats dans la rue et les paparazzis qui n'arrêtent pas de mitrailler ses moindres faits et gestes; David Beckham n'a pas toujours été l'idole de la nation.
Mais il en fallait plus pour le torpiller.
Les nombreux visages - Eric Cantona, Fabio Capello, Carlos Queiroz, Paul Scholes, Rio Ferdinand, Florentino Pérez, Michel Salgado, Ronaldo, Figo, Roberto Carlos etc. - qui viennent commenter la carrière de l'ancien capitaine de l'Angleterre démontrent que l'ancienne idole de Manchester United en a essuyés des orages.
David Beckham, depuis le jour où son pied droit magique a armé ce lob téléguidé lors de la saison 1996/1997 face à Wimbledon, n'a cessé d'être sous les projecteurs. Depuis l'âge de 21 ans, son existence rime avec strass et paillettes, ballon rond et argent.
Ce mec issu de la classe populaire anglaise est peut-être le premier «footballeur starifié». Le pionnier d'une tendance devenue monnaie courante pour les as du ballon rond. Déjà à ses débuts, l'ancien capitaine de la sélection anglaise pensait... à son après-carrière, à des collaborations avec des marques - Pourquoi ne pas jouer de sa plastique. Grâce à sa gueule de mannequin et ses talents sur la pelouse, c'est lui qui brossera une spirale médiatique autour de Manchester United. Les musiciens tenaient le haut du panier à Manchester, ce fut au tour des joueurs mancuniens d'être élevés au rang de rockstars. C'est aussi lui qui fera tripler les revenus du Real Madrid lors de son transfert en juillet 2003, avec une tournée asiatique démesurée. Beckham est un joueur qui se monnaie, sur et hors du terrain.
Gravure de mode et machine à fric pour les marques, le revers de la médaille est une horde de vampires à gros titres: David Beckham est une cible privilégiée des paparazzis. Et ce poids constant et pesant de la célébrité, son mariage avec Victoria ne faisant qu'amplifier cette machine «peoplesque», lui fera parfois dévier de l'axe. La presse tentera de faire trébucher le roi de son trône, entre articles sur l'adultère de «Becks» et une presse espagnole collée aux baskets de Posh. L'ex-Spice Girl avouera une période «très compliquée» à Madrid et sa délivrance de mettre le cap sur Los Angeles.
Le cirque médiatique donne le ton à cette série en quatre parties. Et au milieu, coule une introspection ultra rythmée, où la carrière du prodige anglais est disséquée, analysée par les intéressés, pour enfin en extraire une «thérapie» face caméra, comme le nomme Victoria et David Beckham. Avec les années, les Beckham revisitent les moments charnières de l'album souvenirs. Tout y passe. De l'épisode de la chaussure dans le vestiaire de Manchester United à sa relation quasi fusionnelle avec le «boss» Sir Alex Ferguson, en passant par ses différents transferts, «Becks» n'élude rien, plonge avec un regard un brin nostalgique et interrogatif sur les mauvaises passes qu'il a traversées.
David peut se faire distraire et une heure avant le match, il est capable de revenir à son top, disait son grand ami Gary Neville. Beckham rappelle l'importance d'être entouré pour performer, l'impact de son père dans son développement sur le terrain. Et dans une carrière aux plis sinueux, la famille est une valeur cardinale.
Lors de sa première saison sous les couleurs madrilènes, ciblé par les tribunes iniques du Santiago Bernabeu, Beckham manquait du soutien de sa tribu. Mais le bonhomme au pied droit magique n'a jamais opposé un miroir obscurci et plaintif. Mieux, il a toujours prouvé qu'il était un footballeur d'exception. Les sifflets sont étouffés, les hourras apparaissent; les montagnes russes de la célébrité.
Le tumulte d'une existence sous les projecteurs est souvent relaté par David Beckham, souvent la gorge serrée et les yeux mouillés. La série réalisée par Fisher Stevens rend hommage à la carrière aboutie d'un joueur tenace, parfois sous courant alternatif sportivement. Beckham portraiture surtout la vie d'une star planétaire, elle mesure le poids des insultes et des mondanités, de la performance quasi quotidienne (et obsessionnelle). David Beckham est offert dans son costume de célébrité, mais les quatre épisodes sont surtout une piqûre de rappel que l'ancien international anglais était avant tout un grand joueur à la qualité de passe clinique.
«Beckham »est disponible depuis le 4 octobre sur Netflix.