Situé sur le calendrier entre le terrifiant Dead space et le très attendu Hogwarts legacy, il existe depuis le 31 janvier un petit jeu indépendant aux antipodes des jeux AAA qui misent sur le spectaculaire et l'action. Exit donc les armes à feu ou les pouvoirs magiques, dans Season: une lettre pour l'avenir, vos armes seront un enregistreur sonore, un Polaroïd et votre bon vieux biclou.
Deuxième production du tout petit studio canadien Scavengers studio, Season a choisi la voie du «walking simulator», voir même du «bicycle simulator» puisque le jeu vous propose également de vous déplacer à vélo durant votre odyssée. Des moments particulièrement grisants tant la sensation de glisser dans le vent paraît fluide et apporte une dimension rafraîchissante dans ce jeu qui est avant tout une ode à la flânerie et à la contemplation.
Dans une sorte d'allégorie du monde, le jeu propose d’incarner Estelle, une jeune femme noire (au doux accent québécois si vous jouez en version française) qui part explorer la vallée de Tieng, une contrée en proie à un cataclysme mystérieux à venir. Votre mission ne sera pas de sauver le monde en faisant du scrapbooking, mais bien de le documenter avant que la «saison» ne prenne fin et que la vallée disparaisse. Au départ très énigmatique, l’histoire de ce monde à la fois si proche du nôtre et pourtant si différent, devient de plus en plus limpide au fur et à mesure de votre exploration au travers de paysages enivrants sublimés par une direction artistique de haute volée.
L’histoire de la vallée se dévoile à travers l’enregistrement de mélodies et l’écoute des témoignages de ses habitants. En véritable podcaster, vous allez vous servir de votre enregistreur pour capturer des sons, des voix qui vont donner du sens à votre aventure. Quant à votre appareil photo, vous allez vous en servir pour réveiller votre âme de photographe et capturer la poésie architecturale et naturelle que ce monde est capable de vous offrir. Tout ceci viendra s’intégrer dans un carnet de voyage qui témoignera de votre passage et qui sera réellement le vôtre tant il est personnalisable.
Si la majorité des gros jeux proposent de remplir le vide avec des dizaines d'heures de quêtes annexes dans des mondes ouverts souvent trop grands pour qu'on s'y intéresse totalement, Season: une lettre pour l'avenir fait le choix de proposer une aventure d’environ six heures à taille humaine. Un temps suffisant pour arpenter les routes de la vallée et rencontrer les quelques habitants restants, tous hauts en couleur, sans que cette aventure contemplative ne se transforme en ennui.
Jouer à Season, c'est se faire du bien. Aucune tension, aucun score à atteindre, le jeu se veut méditatif et vous offre du temps d’esprit pour réfléchir à des thématiques comme l’importance du moment présent, notre rapport à la nature où le poids de l’histoire sur nos vies au travers d'une réflexion sur l’importance des souvenirs et des regrets qui les accompagnent.
A la manière de la pleine conscience (ou du micro-dosing de champis, en vrai je sais pas, j'ai jamais essayé), Season: une lettre pour l'avenir propose au joueur une expérience colorée où l’onirisme se mêle au réel et vous pousse à être sensible à vos sens. Février étant le mois le plus déprimant de l'année (après le mois de janvier), explorer la vallée de Tieng à vélo avec Estelle et aller à la rencontre de ses rares habitants est une expérience thérapeutique qui ne demande qu'à s'y abandonner.
Season est un road trip de quiétude qui ne dure certes que quelques heures, mais qui récompense le joueur par une introspection qui le rendra un peu moins mort à l'intérieur et ça, ça vaut bien 30 balles.
«Season: une lettre pour l'avenir» est disponible en téléchargement sur PS4, PS5 et PC au prix de 31.90.-