L'affiche a tout pour faire fuir: un homme très musclé façon Ken embrasse une femme sexy, mais avec le regard d'une biche apeurée par les phares d'une voiture. Les deux ont la bouche entrouverte pour dire à l'abonné Netflix amateur de soaps et de télénovelas qu'il se prépare à voir quelque chose de «sensual».
Il faut le dire en espagnol parce que la série est une télénovela à la sauce Netflix. D'ailleurs, le pitsch est typique de ces feuilletons dont les Sud-Américains raffolent: Camila, une femme sexy et indépendante rencontre via Tinder Fernando, un homme sexy et riche. Ils passent une nuit torride à Las Vegas et entretiennent une relation à distance pendant plusieurs mois. Un jour, elle décide de lui faire une surprise et de se rendre à Carthagène en Colombie où il habite. Mais sur place, horreur! (Horror!) Camila découvre une terrible réalité. Fernando, «my amor», «mi corazon», n'est pas celui qu'il prétendait (hijo de puta!).
Faux Profil (Perfil Falso en langue originale), c'est typiquement le genre de séries qui s'adresse à la ménagère en manque de sensations fortes. Elle s'aligne sur d'autres succès Netflix comme Sex Life et dernièrement Obsession. Faux Profil fait partie du Top 10 des séries regardées sur la plateforme depuis son lancement le 31 mai. Du coup, pourquoi ne pas céder à la tentación de ce couple sensual?
On s'attend à un soap opera et c'est bel et bien un soap opera qu'on regarde. Mais c'est moins ridicule que prévu. Certes, l'histoire ne tient pas debout (qui prend l'avion de Vegas à Carthagène pour faire une surprise à quelqu'un sans avoir son adresse?) mais étonnamment, les acteurs ne jouent pas comme des pantoufles. On se calme, ils ne vont pas non plus gagner l'oscar. Disons que dans le cadre d'une télénovela, ils ne forcent pas le dramatique. D'ailleurs, on les retrouve dans toutes les séries du même genre sur Netflix, preuve qu'il s'agit d'une grande communauté. Carolina Miranda qui incarne Camilla est une star du genre. Elle s'est fait connaître à l'international avec le thriller Qui a tué Sara? autre succès Netflix.
Ce qui pêche cruellement (à part le scénario claqué) c'est le manque d'attention aux détails, comme quand l'un des personnages est violemment frappé au sol et qu'aucun bruit n'a été ajouté en postproduction. Le choix des musiques sur certaines scènes est aussi abominable. On dirait que la production a pioché dans une base de données gratuite de seconde zone. Et en plus, c'est très premier degré: quelqu'un dit quelque chose de menaçant, il y a une musique menaçante, quelqu'un dit quelque chose de sensual, il y a une musique sensual. Sans parler de la musique lascive qu'on nous met à chaque fois que deux personnages couchent ensemble.
Enfin... On suppute qu'ils couchent ensemble, parce qu'on ne voit jamais rien. Les scènes de cul ne durent que 30 secondes. C'est une version encore plus soft que Fifty Shades of Grey où là au moins, quelques claques sur les fesses se perdent. Dans Faux Profil, on voit une une nuque se tendre en slow motion, un doigt dans la bouche et hop! C'est terminé. Il y a une scène où Fernando est sur le point de faire un cunnilingus, on se dit «Ah! Enfin!» et une demi-seconde après, ils sont rhabillés et parlent du beau temps.
Les scènes de sexe (si on peut appeler ça comme ça) ne sont pas seulement hétérosexuelles, mais aussi homosexuelles. On sent que Netflix veut plaire au plus grand nombre et cocher toutes les cases en introduisant, par exemple, un personnage se disant pansexuel.
On peut avaler Faux Profil en une soirée sans trop d'efforts. Surtout avec l'été qui arrive, l'ambiance chaude et humide de Carthagène est parfaitement adaptée à la saison. Les dix premières minutes de la série sont terriblement kitsch, il faut un peu s'accrocher (je répète, on n'est pas sur l'œuvre du siècle) mais passé le premier épisode, on avale cul sec les neuf autres comme un mojito bien frais, sans se rendre compte qu'on en a déjà commandé un deuxième.
Faux Profil est disponible sur Netflix depuis le 31 mai.