Je suis une fan inconditionnelle des émissions de survie. J'ai vu toutes les saisons de Koh-Lanta (facile), mais aussi tous les épisodes de Naked & afraid sur RMC découverte et les 107 épisodes d'Alone sur Hulu. Je connais toutes les techniques pour faire du feu, tisser un piège à poissons, construire un boma dans la savane et je suis extrêmement douée pour donner des conseils à des gens lâchés dans une nature hostile depuis mon canapé avec mon infusion curcuma-gingembre. Bref, je suis une survivaliste par procuration.
Du coup, quand Outlast: au bout de nous-mêmes est sortie il y a dix jours sur Netflix, je me suis empressée de démarrer cette télé-réalité de huit épisodes dans l'espoir de retrouver un peu de mes trois émissions préférées en une.
Une voix off façon bande-annonce de films d'action des années 1990 explique les règles du jeu: seize loups (entendez, seize candidats) sont lâchés en Alaska. On leur a donné le strict nécessaire (allume-feu, bâche imperméable, hache pour couper du bois, arc pour chasser, trousse de secours). Ce sont tous des survivalistes expérimentés, plus doués pour se débrouiller seuls qu'en groupe. Or, pour gagner un million de dollars, il faut faire partie d'une équipe. On ne peut pas gagner seul. Et comme ils sont tous têtus et imbus d'eux-mêmes, le clash est inévitable. Néanmoins, ils arrivent à créer des équipes dont les noms nous rappellent qu'on est bel et bien in Americaaaa: Alpha, Bravo, Charlie et Delta. N'importe qui peut changer de camp à tout moment, aucune règle ne l'interdit, d'ailleurs la voix off le dit: «L'équipe avec laquelle vous commencez ne sera pas forcément celle avec laquelle vous gagnerez.» On peut également être banni, alors il faut la jouer malin.
En plus de devoir coopérer, la difficulté des candidats va être de survivre dans ce milieu glacial. L'Alaska en automne, c'est pas de la gnognotte. Il pleut sans arrêt et les températures passent en dessous des minimales la nuit. Les seize candidats vont souffrir du froid, de la faim et du manque de sommeil. Les deux premiers jours sont décisifs. Ceux qui craquent dans les 48 heures, c'est avant tout le mental qui lâche. Pour abandonner le jeu, ils doivent tirer une fusée avec un pistolet et la prod vient les chercher en bateau. Après trois jours, trois candidats ont déjà jeté l'éponge.
Netflix reprend les codes de la saga Hunger games: comme dans les films, les candidats savent quand il y a un concurrent de moins grâce aux fusées, mais ils ne savent pas qui. Les capsules lâchées par hélicoptère dans lesquels ils trouvent du matériel rappellent celles que les sponsors envoient aux concurrents dans le film et la typo utilisée est également un clin d'œil à la saga. Mais surtout, tous les coups sont permis. Alors bon... personne ne coupe la carotide de personne, on est dans un jeu et ça reste les Etats-Unis d'Amérique, il y a des lois (comme: il est interdit de tuer quelqu'un... enfin, il y a des exceptions), mais la seule règle est: finir le jeu en équipe. Donc si les candidats veulent faire des coups bas, rien ne les empêche.
Ce qui semblait être au départ une émission de survie comme Alone se transforme petit à petit en une émission absolument dégueulasse où certaines personnes deviennent pires que des hyènes. Car avec un million de dollars à gagner, le froid, la faim et la fatigue qui les consument, certains vont mettre de côté leur intégrité et faire des choses considérées comme de la triche pour d'autres, comme aller dans le camp voisin pour les piller.
La cupidité prend le dessus et transforme un groupe en particulier en «escadron démoniaque» comme le surnomme l'un des participants. Ils sont si méchants qu'on dirait des acteurs. Heureusement, tous ne sont pas comme ça. D'ailleurs, plusieurs d'entre eux, réalisant la tournure que prennent les choses, décident d'abandonner. Ils étaient venus participer à une expérience de survie, ils se retrouvent dans un véritable Hunger games.
Bien sûr que c'est un jeu, mais n'est-ce pas un peu petit d'aller voler les sacs de couchage de ses concurrents pour les forcer à abandonner: «Deux semaines dans la nature les ont changés à ce point?», se demande un participant. L'autre rétorque: «Cette expérience ne révèle que des caractéristiques enfouies très profondément. Agir ainsi signifie être pareil à l'extérieur.»
Ce n'est pas inintéressant d'observer comment les gens deviennent quand ils ont faim, froid, et qu'il y a un million de dollars à la clé. Mais justement parce qu'ils ont faim, froid, et qu'il y a un million de dollars à la clé, ça peut aussi tourner au vinaigre. Ils ont des arcs, des haches, qui sait comment on réagit dans ce genre de situation quand on se fait voler? Interrogé par le TV guide américain, le producteur exécutif Grant Kahler s'est jusifié ainsi:
Il a ajouté que la sécurité était une préoccupation majeure et qu'ils seraient intervenus si une équipe pensait que les choses devenaient trop chaudes entre les concurrents.
Le plus décevant dans tout ça? L'un des producteurs n'est autre que Jason Bateman (Ozark, Arrested development, Comment tuer son boss?)
Pour tous ceux qui pensaient, comme moi, regarder une émission de survie et découvrir de nouvelles techniques de pêche ou des astuces pour confectionner des pièges, vous allez déchanter. Mais malgré le fait que les événements prennent une tournure assez sale, on avale les épisodes en une ou deux soirées, même si c'est insupportable de regarder des gens si mauvais jouer à la déloyale.
En tout cas, si vous êtes intéressés à voir des hommes et des femmes nus comme des vers se faire des chaussures avec des peaux d'impala ou construire une plateforme pour ne pas se faire bouffer par les fourmis dans la jungle, jeter un œil à Naked & afraid sur la chaîne RMC Découverte. Il y a de nouveaux épisodes chaque semaine et contrairement à Outlast, il n'y a rien à gagner à part la fierté d'avoir survécu 21 jours en pleine nature, à poil.
«Outlast» est désormais disponible sur Netflix.