Comme on va tous se ruer en terrasse façon mêlée de rugby, il faudra impérativement réserver. Le jour-J, choper une table s'apparentera à obtenir une place en crèche (spoiler alert: vos bébés auront 22 ans quand une place se libérera, idem pour les tables au soleil).
Que ce soit le Social Pass, ok-resto ou CoGa, assurez-vous d'avoir la dernière version de ces petits machins plein de QR codes. Fin 2020, on a vu des gens se faire refouler des bars à cause de ça (la légende raconte que ces trois braves types pleurent encore à l'heure où on écrit ces lignes).
Et par «bien», on veut dire correctement ET chaudement. Ce qui signifie qu'il est temps de réapprendre à enfiler de vrais habits (propres de préférence) et de laisser votre training (qui pue) à la maison. Et rappelez-vous qu'on n'est pas en juillet et qu'on va quand même vite s'en souvenir une fois le soleil couché. Prenez une petite laine.
Qu'on se le dise: le jour post-réouverture des terrasses, on va manquer de fraîcheur. Oui, c'est une façon poétique de dire «on va suinter la vinasse et avoir une haleine de cendrier». Et surtout, on n'aura plus l'habitude de s'enquiller deux pintes, un shot douteux, une pinte, un shot immonde, encore une pinte et une petite dernière, le tout sans manger (parce que ça aussi, on a perdu l'habitude). Inutile d'essayer de faire bonne figure. De toute façon, vos collègues (et votre boss) seront dans le même état. D'ailleurs, ça devrait être un congé officiel, comme Noël.
Let's face it, le retour des immenses tablées avec 18 personnes, c'est pas pour tout de suite (on attend des news d'Alain Berset mais selon nos sources, c'est pour juin 2027). Comme c'est quatre par table, choisissez bien vos amis, n'appelez que les gens que vous aimez vraiment (genre pas Jérôme).
Comme vous êtes quelqu'un d'organisé (se référer au point 1), vous avez une table. Mais avez-vous vraiment trois amis sous le coude? Si vous êtes seulement deux ou trois, il se peut qu'on donne votre table à un groupe de quatre, qui consommera davantage et remplira mieux les caisses. Et vous ne pourrez même pas en vouloir à votre bar préféré qui se bat pour ne pas faire faillite. Soyez quatre, point.
Malheureux! Vous n'êtes finalement que trois puisque Paul vous a planté (vous étiez son plan B, c'est moche). C'est le moment où Jérôme décide de passer «par hasard». Si vous le laissez s'asseoir, il va vous pourrir cette soirée tant attendue. Virez-le et envoyez mille messages à vos vrais amis. Ceux qui n'ont pas eu de réservation parviendront sans peine à mettre leur fierté de côté pour être votre bouche-trou et s'en boire une.
Dit comme ça, c'est peu appétissant. Mais mangez, que diable! Votre petit estomac (ou l'intestin, je sais pas, j'ai pas fait médecine) n'est pas encore prêt à gérer un afflux massif de boisson sans avoir au moins un peu de solide auquel se raccrocher. Et c'est pas les trois pistaches et demi que vous supplierez au serveur quand vous n'arriverez plus à articuler qui sauveront votre gueule de bois. D'ailleurs, ils n'ont sans doute plus le droit de donner ce bon vieux bol de cacahuètes où environ 27 personnes ont mis leurs doigts dedans.
Il n'y a rien de plus nul que d'être désagréable avec les serveurs qui ont oublié un verre sur votre commande et qui courent dans tous les sens. Ils n'ont pas pu bosser depuis des mois, il faut qu'ils réapprennent. Vous êtes pareil, si vous n'ouvrez pas un tableau excel au moins une fois par semaine, vous oubliez comment ça marche. (D'ailleurs, est-ce que quelqu'un sait vraiment comment ça marche ce truc?)
Sans vouloir être pessimistes, souvenons-nous de l'été 2020: les bars et les restaurants ont rouvert après un semi-confinement qui nous avait semblé long et on était content de se dire «enfin une mousse en terrasse». On a vite compris que ça n'avait été qu'un amuse-bouche quand on s'est repris des fermetures encore plus longues ensuite. Profitons bien, bien, biiieen de la soirée, des fois que la prochaine n'ait lieu que dans longtemps...