Les Français n'en ratent jamais une quand il s'agit de se foutre copieusement de notre gueule. Jeudi soir, pour sa rubrique «Transpi» dans l'émission Quotidien de Yann Barthès, Etienne Carbonnier a envoyé trois de ses soldats à... Neuchâtel. Objectif affiché: évoquer la période des vendanges et «comprendre comment ça se passe de l'autre côté des Alpes».
Pas question d'aller s'agenouiller entre deux vignes, non. La bande de bobos s'est évidemment infiltrée dans LA Fête. La seule et fameuse, qui a entassé plus de 300 000 ivrognes personnes en trois jours, il y a moins d'un mois.
Première amère constatation, Carbonnier n'a pas su résister à l'appel des mots «montre», «coucou», «fromage» et «yodel» pour prouver qu'il causait de la Suisse. (Quelle paresse, jeune homme!) Ensuite? Une belle et dense collection de citoyens, de notre belle région et de tout âge, complètement bourrés. Qu'on ne s'y trompe pas, Quotidien envoie de vrais journalistes sur le terrain. Et la première question de cette reporter de l'extrême aurait de quoi déclencher de longues discussions dans tout le pays:
En réalité, les Vaudois et les Valaisans le savent, la journaliste parisienne a surtout évité le drame, en n'évoquant pas la particularité du vin... neuchâtelois. Mais après une petite minute de reportage, Etienne Carbonnier se vautrera dans la plus célèbre fake news de la Fête des vendanges:
«Goûter tous les vins»? Euh... tous? Euh... les vins?
Tout le monde le sait, la Fête des vendanges, c'est un gentlemen's agreement plutôt bien huilé: plus les visiteurs se mettent des caisses, plus celles des organisateurs se remplissent. Tout le monde y trouve son compte quand les Suze-coca se succèdent comme autant de chars bigarrés dans le cortège («comme à Disneyland, mais en un peu plus rustique»).
Et ce jeune fêtard résumera parfaitement l'affaire au micro de la journaliste:
Preuve en est, cette fine équipe de vieux habitués croisée (de jour) par l'équipe de Quotidien, qui décide de glisser un verre «de leur propre mixture» sous le nez du preneur de son. La grimace du technicien se passera de commentaire.
Alors que la journaliste avait pourtant réussi à se tenir à l'écart de la question interdite, en fin de reportage et manifestement au bout de la nuit, elle lâchera subrepticement la bombe:
Avant de ranger la caméra et de sortir l'Alka-Seltzer, la team parisienne se promènera encore deux ou trois fois entre les tables. L'occasion pour les Français de se prendre une petite balle perdue, lorsqu'il refuseront un verre parce qu'ils «travaillent encore».
Allez, un partout, ballon (de blanc) au centre. Au final, des grosses vendanges à la petite vengeance, il n'y a que quelques différences culturelles qu'on adore titiller. Attention, l'abus de clichés est dangereux pour la santé.
(fv)