Temps de lecture: 6 min
J'ai un scoop. Je peux déjà vous dire qui est le grand vainqueur de cette saison de «Top Chef»: Glenn Viel. Pour sa première saison en tant que membre du jury, l'homme au man bun a sans cesse égayé la compétition, avec sa bonne humeur et ses grands moments de soutien auprès des candidats.
En quelques épisodes, Glenn Viel est devenu l'élément le plus rassurant de l'émission, le Gandalf de «Top Chef», le père Castor des fourneaux, une incarnation humaine de l'application Petit Bambou. Même quand il ne gagne pas les épreuves, il est l'homme de la situation.
On commence avec la légendaire boîte noire, et non je ne parle pas de la boîte où je range les photos de mes ex. La boîte noire, c'est comme une enquête, mais avec de la bouffe, de l'humour physique et des interactions absurdes. En fait la boîte noire c'est Twin Peaks.
Cette année, la fameuse boîte a été redécorée avec un gros nœud en mode Bigdil, et on s'attend à tout moment à ce que Vincent Lagaf' débarque pour nous offrir une voiture:
En fait, le gros nœud rouge qui fait la taille du XVIe arrondissement, c'est pour fêter les dix ans de l'épreuve. Vous savez quand vous êtes au resto et que la table d'à côté se met à chanter «Joyeux anniversaire» et que du coup vous aussi vous devez chanter «Joyeux anniversaire» et applaudir pour un inconnu sous peine de passer pour un gros connard sans âme? Bah y a pire que ça. Y a regarder les candidats de «Top Chef» chanter «Joyeux anniversaire»... pendant de longues secondes... pour une boîte.
À part ça rien n'a changé, mais au cas où, Stéphane nous rappelle quand même les bases: «Vous connaissez le principe de la boîte noire.» Oui, c'est une boîte et elle est noire? «Lorsqu'on entre à l'intérieur, on perd un sens, on perd la vue»: non Stéphane, ça c'est les boutiques Desigual. Mais la meilleure surprise, c'est que l'épreuve est jugée par Sébastien Vauxion, le chef sucré-salé! «Je pense que je vais leur mettre le feu pendant quelques heures», affirme le chef. Attention Sébastien, pas de promesses en l'air.
Pour cette épreuve spéciale, Vauxion a préparé un plat, vous l'aurez compris, sucré-salé, avec une crème pâtissière (mais aux herbes), un financier (mais à la roquette), de la meringue (mais au céleri), et du sorbet au citron (mais avec du vinaigre). En fait les plats de Sébastien Vauxion, c'est la Macronie de la bouffe, le «en même temps» culinaire; c'est des desserts qui ne savent pas ce qu'ils veulent. Mais contrairement à la Macronie, ça a l'air délicieux.
Les quatre brigades sont rassemblées en deux équipes: d'un côté, Etchebest, Pairet, Mickaël et Lilian, et de l'autre, Louise, Arnaud, Glenn Viel et Pascal Barbot, qui n'ont jamais participé à l'épreuve de la boîte noire. Ce sont les outsiders, alors on est forcément pour eux.
Lilian et Mickaël sont les premiers à pénétrer dans la boîte, et on comprend rapidement que cette épreuve va être tellement dégueu qu'elle aurait pu être réalisée par David Cronenberg. Déjà, partager un sorbet à deux, c'est un peu cracra, mais partager un sorbet à deux dans le noir avec les doigts, c'est un peu comme essayer de mettre un tampon pour la première fois alors qu'on est pompette: c'est tendax.
À un moment, Lilian remarque qu'il n'a pas goûté la meringue, et Mickaël, ni une ni deux, lui tend un bout prémâché: «Tiens je la ressors de ma bouche, c'est pas grave on s'est fait tester.» Et que s'apelerio le variant «Top Chef».
Vient ensuite le tour de Louise, et d'Arnaud, qui démarre sa dégustation comme un ado boutonneux démarre sa vie sexuelle: «Bon, je mets mon doigt dedans hein.» Quant à Louise, elle en est persuadée, ce financier contient de la moelle. La candidate n'a pas l'ombre d'un doute, et quand elle constate qu'il n'y a pas d'os à moelle dans le garde-manger... elle attrape une énorme brique de gras de bœuf???
La meuf est aussi confiante que Manuel Valls au pied de la tour Eiffel le soir de l'élection: «C'est sûr, c'est du gras de bœuf.» «C'est sûr c'est ça.» «Je pense qu'on a rapidement trouvé l'ingrédient secret.» Menez votre vie avec la même assurance que Louise qui pense qu'il y a du gras de bœuf dans ce dessert.
C'est au tour des chefs de brigade de goûter le mystérieux plat, et là, c'est fabuleux. Glenn Viel, qui se prend pour Columbo, essaie de renifler le sorbet (bon courage), tandis que Paul Pairet engloutit tout en trois secondes, puis avec cette énergie très spécifique d'oncle bourré à Noël, s'exclame: «Y a plus rieng à bouffer?»
Finalement, ce sont bel et bien les outsiders, Viel, Barbot, Louise et Arnaud, qui remportent l'épreuve, et ce malgré leur délire de gras de bœuf.
On commence à avoir l'habitude: après le dessert, «Top Chef» nous sert le plat. Nous voilà donc à Bordeaux dans le nouveau restaurant de Philippe Etchebest, qui voulait quelque chose «d'assez confiné» pour l'ambiance. C'est nous qui sommes assez confinés Philippe, tu ne crois pas??
L'épreuve portera sur la raviole: voilà, merci, enfin une épreuve aussi douce et réconfortante qu'un marathon Friends un dimanche pluvieux. Sébastien, toujours très en forme, réussit à enchaîner deux «C'est que du bonheur» avant même d'avoir commencé à peser la farine. Le candidat décide de faire une raviole avec à peu près tout ce qu'il a trouvé: du foie gras, des endives, des huîtres, des échalotes, du céleri... C'est plus un plat, c'est une coalition parlementaire. Il ne lui manque plus que l'agent chimique X et il pourra créer les Super Nanas.
À un moment, Sébastien panique, mais Glenn Viel, qui est désormais prêt à remplacer Philippe Dayan dans la saison 3 d'En Thérapie, arrive à la rescousse et le rebooste immédiatement. «Il me fait confiance, et ça me donne confiance en moi», confie Sébastien, des sanglots dans la voix.
Franchement, le coaching de Viel mériterait d'être remboursé par la Sécu. Après avoir repris ses esprits et sorti de magnifiques ravioles tricolores, Sébastien dit tout haut ce que toute la France pense tout bas: «Il est vraiment bien Glenn Viel. Je l'aime.»
D'ailleurs, cette épreuve nous donne aussi l'occasion d'avoir enfin un flashback sur Sébastien! Son traumatisme originel: avoir été souriant à Paris. Je connais ça Sébastien. Quand j'ai débarqué à Paris, une boulangère s'est moquée de moi parce que je lui avais demandé une chocolatine, et ça a été une blessure profonde.
À part ça, Pascal le bon vivant nous fait une double raviole au paleron de bœuf. Wilfried, l'appropriateur culturel de la cuisine, fait une recette qu'il a découverte pendant un voyage. Et Thibaut, qui est devenu candidat solitaire après avoir réintégré le concours, cherche des amis.
L'heure de la dégustation arrive, et l'on découvre avec horreur que Thibaut a appelé son assiette «Herbacé n'est pas tromper». On dirait un film avec Dujardin et Lellouche. Dans les titres encore plus cons, on a Pascal qui a intitulé (ou plutôt, «intchitchulé») son plat «La raviole en veux-tu en voilà». On dirait qu'il essaie de gagner de l'espace dans une copie de philo, alors que s'il l'avait tout simplement appelé «Double raviole», Etchebest aurait peut-être compris ce qu'il avait dans l'assiette au lieu de passer un quart d'heure à s'interroger sur les tenants et les aboutissants du plat.
Sébastien, de son côté, lance à Glenn Viel un regard plein de tendresse et lui dit: «Moi je suis très content d'avoir fait l'épreuve à vos côtés.» C'est beau. Et la méthode Viel s'avère payante, puisque Sébastien remporte l'épreuve.
Les candidats sur la sellette sont Pascal, Lilian et Thibaut, sur le thème du maquereau. Pascal, qui a très peur de partchir, nous dit en voix off: «Je me cague un peu dessus». Sérieusement, vous ne pouvez pas éliminer ce superbe sudjiste. La France a besoin de lui.
Ah, et sans prévenir, Darroze est de retour, pile à temps pour la dégustation (maline). Lilian, qui a encore une fois réalisé un prix Nobel de la gastronomie, remporte l'épreuve avec un coup de cœur des chefs. Et c'est Thibaut qui se retrouve éliminé, et quitte l'aventure en s'applaudissant lui-même (pour la deuxième fois de l'épisode).
Mélenchon quand on va lui expliquer que les législatives ne consistent pas à élire un Premier ministre:
Arnaud: «Le chef Viel c'est une petite barquette à la fraise.»
Paul Pairet qui qualifie Glenn Viel d'«alligator: grande gueule, petites pattes», c'est magique.
Franchement je suis un peu deg que Barbot parte, parce qu'il est hyper pointu et hyper sympa.
Cet article a été publié initialement sur Slate. Watson a changé le titre et les sous-titres. Cliquez ici pour lire l'article original