Alors que la moitié de la population suisse pourrait tomber malade du Covid-19 en quelques semaines, selon Richard Neher, membre de la «taskforce» de la Confédération, des entreprises ont déjà constaté des absences de personnel plus nombreuses. Mais les sociétés assurent être en mesure de poursuivre leurs activités, notamment dans des secteurs critiques comme l'alimentation, les transports ou les télécommunications.
Les spécialistes du commerce de détail Migros, Coop et Aldi se disent prêts à affronter la vague Omicron grâce aux concepts d'hygiène et de protection mis en place depuis le début de la pandémie. Ils pourront assurer leur mandat d'approvisionnement en produits alimentaires.
Même son de cloche chez Coop qui a également préparé un certain nombre de mesures, parallèlement au renforcement des concepts de protection du Covid-19, qui ont fait leur preuve lors des différentes périodes cruciales de la pandémie.
Aldi mise sur le télétravail du personnel administratif et le respect des mesures de prévention pour les collaborateurs et collaboratrices de la vente et de la logistique pour lesquels le télétravail n'est pas possible:
Côté approvisionnement, les entreprises se montrent aussi optimistes. «Nos entrepôts sont bien remplis. Jusqu'à présent, nous avons toujours réussi à assurer notre contribution à l'approvisionnement du pays. Nous sommes persuadés que nous y parviendrons également dans les semaines à venir. L'approvisionnement de la population n'est donc pas menacé», fait remarquer la Migros.
Cependant, en raison des goulets d'étranglement observés dans les chaînes d'approvisionnement mondiales, Aldi constate encore «quelques retards de livraison, surtout pour les articles non alimentaires». Le porte-parole ajoute: «En ce moment, cela concerne notamment des textiles. Nous ne pouvons pas encore prévoir comment la situation évoluera au cours des prochaines semaines».
«Comme nous demandons actuellement à tous les collaborateurs présentant des symptômes de refroidissement de rester chez eux, nous constatons actuellement une augmentation des absences», selon Medbase. «Nous pouvons toutefois assurer l'offre habituelle de traitements et de prestations dans tous les centres médicaux et les pharmacies» du groupe.
Pour le moment, l'entreprise ne constate pas de restriction de livraisons, mais la situation est évaluée continuellement avec l'objectif de maintenir ouverts tous les centres de santé et pharmacies. «En cas de manque de personnel sur un site, des collaborateurs d'un autre site apporteront leur soutien. Si le nombre d'absences devait être plus important, nous devrions réagir en réduisant légèrement les heures d'ouverture.»
Chez le grossiste en médicaments Galenica, les commandes sont livrées selon les délais habituels, mais «comme partout, les absences en raison du Covid ont augmenté», indique une communicante:
Les sociétés du groupe bernois ont mis en place des «dispositifs d'urgence», dans le cas où trop de collaborateurs seraient absents en raison du Covid. «Par exemple, dans la logistique, les activités moins essentielles pourront être réduites et les ressources dégagées consacrées à la livraison des médicaments. En cas d'urgence, l'approvisionnement serait ainsi assuré.»
La Poste est «confrontée à des cas de personnel malade ou en quarantaine», mais le nombre de salariés absents «n'augmente cependant actuellement que faiblement». Une porte-parole reconnaît toutefois que «des absences importantes de personnel en raison d'Omicron placeraient la Poste devant de grands défis». Si la situation devait se péjorer davantage, l'entreprise pourrait «réactiver la bourse de l'emploi interne, déplacer des collaborateurs d'autres départements ou sites ou recruter des employés temporaires supplémentaires». En dernier ressort, elle pourrait même faire appel à la protection civile.
Les CFF soulignent que «l'exploitation ferroviaire est stable, de même que les ressources en personnel». La compagnie ferroviaire se prépare à divers scénarios en fonction de l'évolution de la situation sanitaire.
Swiss enregistre une «légère augmentation du nombre de cas de maladie», sans incidence sur le fonctionnement opérationnel de la compagnie aérienne. Celle-ci ne constate pas de «goulet d'étranglement pour le personnel navigant». De plus, des réserves supplémentaires sont prévues les week-ends.
Chez Swisscom, le «concept de protection est bien établi», assure une représentante. Une grande partie des collaborateurs, et même «85-90% lors de certains pics», travaillent depuis leur domicile. En tant que prestataire de services de base, le géant bleu «dispose également d'une gestion des urgences et des crises adaptée à chaque niveau, avec un concept correspondant et des risques hiérarchisés».
Le numéro 1 des télécoms en Suisse ajoute avoir mis en place «à chaque aggravation de la situation et à chaque vague déferlante» des mesures supplémentaires pour les «fonctions et équipes critiques et les sites géoredondants» (doublons pour garantir les fonctionnalités en cas de défaillance) pour les activités qui ne peuvent pas être effectuées depuis le domicile.
Sunrise UPC explique que l'exploitation, en particulier des services d'infrastructures critiques, est anticipée de manière à ce qu'elle soit en principe toujours assurée.
Quant aux boutiques et services à la clientèle, l'opérateur assure se conformer aux recommandations des autorités. Salt estime ne pas avoir encore constaté «de répercussions importantes» sur ses activités. «Nous encourageons nos employés à se faire vacciner et une grande partie de nos activités peut se réaliser en télétravail», selon l'opérateur. Si c'est impossible, «des processus spécifiques sont en place pour pallier les absences éventuelles des collaborateurs».
Dans la restauration, des «pénuries ponctuelles de personnel» se profilent à l'horizon, souligne Gastrosuisse. Certaines chaînes de restauration, comme McDonald's, réussissent à compenser les absences par des transferts entre succursales, une solution mise en place avant la pandémie, pour répondre aux congés maladie plus nombreux au cours des mois d'hiver. Pour l'instant, le système fonctionne, souligne-t-elle.
Le problème s'en trouve donc accentué. La faîtière a eu écho d'hôtels peinant à maintenir leurs activités à cause des absences, d'autant plus que le personnel est décisif pour la qualité et difficile à remplacer à court terme, estime-t-il.