On ne sait pas encore quels seront réellement les dégâts causés par le nouveau variant Omicron. D'un côté, nous avons de bonnes raisons d’être nerveux, voire même carrément de paniquer. Mais de l'autre, il y a aussi suffisamment de motifs de rester confiant en cette période de crise économique.
Les chaînes d'approvisionnement étaient autrefois un sujet réservé aux seuls cercles d'experts. Ce n'est plus le cas depuis que les vestes, les Iphones ou les fenêtres ne sont parfois livrables qu'après plusieurs semaines.
Les premiers signes d'un changement sont visibles aux Etats-Unis, où les pénuries sont apparues pour la première fois. Comme le rapporte la Banque cantonale de Zurich, des sondages auprès des entreprises industrielles montrent que «le pic des difficultés de livraison est peut-être derrière nous». Le Wall Street Journal est du même avis: «Les problèmes dans les chaînes d'approvisionnement montrent des signes d'amélioration».
En Asie, les fermetures d'usines ou les ports surchargés seraient devenus plus rares. Les prix des cargaisons maritimes auraient chuté par rapport aux niveaux records. Toutefois, le retour à la normale ne se fera pas avant un certain temps. Les chefs d'entreprise interrogés ne s'attendent pas à un tel retour avant l'année prochaine.
Les problèmes des chaînes d'approvisionnement n'entraîneront pas une hyperinflation. Du moins, les investisseurs n'y croient pas. Comme l'écrit un analyste de l'agence de presse Bloomberg, ils pourraient certes se couvrir de produits financiers qui protègent contre une inflation élevée, «mais ils ne le font pas». Ils parient plutôt sur le fait que l'inflation atteindra un pic au cours des deux prochaines années, avant de redescendre pendant les huit suivantes.
Le chômage a reculé à un rythme record à partir de janvier. En novembre, il y avait déjà 32% de personnes en moins inscrites auprès des offices régionaux de placement. Cela faisait plus de 20 ans que cela n'avait pas été aussi rapide. En 1998, après de longues années de stagnation, l'économie avait enfin tourné la page de la crise immobilière.
La conjoncture serait «extrêmement» ou «exceptionnellement» bonne, affirment certains économistes à mots couverts. Ils préfèrent ne pas le dire publiquement. Cela pourrait avoir un effet minimisant dans une période où le nombre de cas augmente de manière exponentielle.
La raison? L'effet saisonnier qui n'a pas eu lieu cette année. D’habitude, en novembre, des dizaines de collaborateurs du bâtiment ou du tourisme se retrouvent dans les bureaux de chômage. Dans le bâtiment, c'est parce qu'il est difficile de travailler à l'extérieur en hiver. Dans le tourisme, c'est parce que l'automne est terminé et que l'hiver n'est pas encore là. C'est ainsi que le taux de chômage augmente en général en novembre – mais pas cette année. Selon des économistes, il y a une bonne raison à cela: les licenciements dans la construction et le tourisme ont été compensés par des branches qui «embauchent massivement.»
En Suisse, le produit intérieur brut a déjà retrouvé le même niveau qu'avant la crise. Après la crise financière, cela avait pris plus de temps. Et ce qui aide aussi la Suisse, c'est que l'économie mondiale devrait souffrir moins longtemps de la crise du Covid que de la crise financière. Un économiste du Centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l'EPF de Zurich déclare: «La crise du Covid a le potentiel de passer relativement vite et de ne pas causer de dommages durables à l'économie nationale.» La crise financière s'était fait sentir plus d'une décennie après son déclenchement, ajoute-t-il.
Puis il y a eu la sombre prophétie, qui ne s'est pas réalisée (ou du moins, pas encore jusqu'à présent): on a longtemps parlé d'une vague de faillites lors de la crise du Covid. Une vague qui serait inévitablement suivie de celle des licenciements. Rien de tel ne s'est encore produit. Comme l'a déclaré Boris Zürcher, chef de la Direction du travail au Seco, il n'y a toujours aucun signe annonçant une catastrophe de ce genre. Et Zürcher renchérit: «Nous sommes confiants dans le fait que la dynamique positive se poursuivra.» (saw/aargauerzeitung.ch)