«Nous enregistrons quelques pénuries. La demande a été si importante qu'il est difficile d'obtenir l'ensemble des pièces dans les délais que nous essayons d'obtenir». C'est par ces mots prononcés fin juillet que Tim Cook, le patron d'Apple, a officialisé ce que tout le monde redoutait.
Après avoir touché les ordinateurs et les voitures, la pénurie de puces électroniques va désormais également impacter les smartphones. Les Iphones ne sont pas les seuls appareils concernés, les autres constructeurs, à l'image de Samsung, rencontrent tous des problèmes d'approvisionnement cette année.
«Jamais Apple n'a parlé de pénurie avant aujourd'hui. S'ils le disent, c'est que c'est vraiment grave», prévient Jean-Claude Frick, expert digital chez Comparis. Le spécialiste explique que les fabricants ont pu amortir le choc en 2020 car ils avaient constitué des stocks colossaux de processeurs et autres composants électroniques.
Au début de la pandémie, les fabricants ont annulé de nombreux contrats avec leurs fournisseurs. «Sauf que les gens se sont remis à consommer plus vite que ce que pensaient les entreprises, ce qui a amené une situation de pénurie parce que normalement il faut anticiper la production», détaille Jean-Claude Frick.
La situation aurait dû revenir progressivement à la normale mais les consommateurs achètent davantage de matériel électronique aujourd'hui qu'avant le Covid. «La demande est en forte hausse et les pays producteurs ne peuvent pas construire des usines assez vite pour y répondre», souligne l'expert de Comparis.
Conséquence de cette pénurie, Jean-Claude Frick s'attend à ce que les consommateurs doivent faire preuve de patience pour acheter leur nouveau smartphone: «Il y aura des délais, notamment chez Apple et Samsung. Les appareils seront disponibles seulement en petite quantité au moment de leur sortie». L'expert pronostique des retards de quatre à six semaines.
L'autre impact, pour les acheteurs, se situera du côté du porte-monnaie, selon le spécialiste digital. «De nombreux fabricants ont augmenté leurs prix de vente en raison de la pénurie de puces», confirme Stephan Kurmann, porte-parole de Digitec. Il reconnaît que le surcoût se répercute déjà, en partie, sur les clients.
Jean-Claude Frick envisage une hausse inférieure à 10%. À ses yeux, c'est surtout la stratégie que les fabricants vont adopter face à la pénurie qui risque de faire gonfler la facture pour les Suisses. «Les constructeurs vont se concentrer sur les modèles haut de gamme parce que c'est là qu'ils ont plus de marges.»
Mais jusqu'à quand est-ce que cette situation de pénurie va durer? «C'est la question à laquelle tout le monde veut répondre. Je pense au moins jusqu'au printemps 2022», prédit le spécialiste. Du côté de Digitec, on se montre plus pessimiste: