Alors que l'invasion russe faisait ses premières victimes en Ukraine, la déclaration de guerre a dans le même temps provoqué l'effondrement de la plupart des marchés boursiers mondiaux. Les places financières européennes ont ouvert en très forte chute, dans la foulée des bourses asiatiques et de Wall Street quelques heures plus tôt.
«Les événements en Ukraine vont significativement affecter le reste du monde via l'inflation», explique Jim Reid chez Deutsche Bank, cité par Les Echos. Le risque existe «que la crise devienne hors de contrôle», s'inquiète Timo Emden, d'Emden Research. Selon lui, «les marchés financiers seront affectés à long terme».
La Bourse suisse a entamé la journée de jeudi dans le rouge vif. Ses trente principales valeurs ont accusé le coup. Parmi elles, Richemont (-4,6%), Credit Suisse et AMS-Osram (-4,3% chacun) ont accusé le plus fort recul. Les poids lourds s'en sont sortis un peu mieux: Nestlé a perdu 1,5%, Novartis 1,7% et Roche 1,9%.
Après l'annonce du président russe Vladimir Poutine d'une «opération militaire», le cours du baril de pétrole a grimpé jusqu'à 100,04 dollars. Une première depuis 2014.
L’inquiétude se concentre sur le secteur de l’énergie, que les Occidentaux affirmaient encore vouloir préserver des sanctions à la veille de l’attaque russe. Les investisseurs redoutent le pire en matière d'approvisionnement mondial.
Dans le scénario le plus castrophique (une invasion totale de l’Ukraine), le baril de brut atteindrait 120 à 140 dollars, selon la société d’analyses Capital Economics. Quant au gaz: «Bienvenue dans le meilleur des mondes où les Européens paieront bientôt 2000 euros pour 1000 mètres cubes de gaz », ironisait sur Twitter, mardi, l’ancien président russe, Dmitri Medvedev.
Avant même que le pétrole ne passe les 100 dollars le baril cette nuit, la hausse implacable du prix des matières premières ne donnait aucun signe de ralentissement.
En effet, l'invasion russe a provoqué des réactions particulièrement violentes sur ces marchés. Ainsi, le prix de l'aluminium, essentiel pour les secteurs de l’automobile et du bâtiment, a atteint jeudi matin un nouveau record historique, à plus de 3382 dollars la tonne.
«Les acteurs du marché craignent clairement que l'approvisionnement en aluminium de la Russie ne soit affecté en cas de sanctions sévères de l'Occident et – probablement – de mesures de représailles de la part de la Russie», a déclaré Daniel Briesemann, analyste de la Commerzbank, cité par le média belge La Libre.
L'analyste de Swissquote, Ipek Ozkardeskaya, relève quant à lui l'envolée des prix du gaz, de l'or et du blé. Le prix de l'once d'or, considéré comme une valeur refuge, se négociait jeudi matin en progression de 9,6%. L'expert a ajouté qu'il est actuellement «impossible de parier sur un scénario» concernant l'évolution des cours.
En ce qui concerne le blé, dont la Russie et l’Ukraine sont les premier et cinquième exportateurs mondiaux: le prix de la céréale a gagné 10% en deux jours, avant l’intervention russe. Son prix atteint 16,71 dollars le boisseau pour livraison en mai – ce qui n’était pas arrivé depuis septembre 2012, selon Le Monde.
L’impact économique de l'invasion russe est tel qu'il se ressent également sur les cryptomonnaies. Le Bitcoin, par exemple, a déjà perdu de sa valeur. La plus grande cryptomonnaie a chuté de -12,5% depuis mercredi après-midi.
Même tendance pour les autres monnaies virtuelles: l’Ether (ETH), le BNB de Binance ou encore le XRP de Ripple ont dégringolé. Au total, les marchés de cryptomonnaies ont déjà perdu 160 milliards de dollars.
Mercredi déjà, Wall Street a terminé dans le rouge, alors que les signes d'un regain des tensions s'accumulaient.
L'état d'urgence décrété par Kiev et une cyberattaque sur plusieurs sites internet d'institutions publiques ukrainiennes, ont fait chuter le Dow Jones, le Nasdaq et le S&P 500.
Environ deux heures après le début de l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes, la Bourse de Moscou a annoncé suspendre les échanges sur sa plateforme. «La reprise sera annoncée à une date ultérieure», a indiqué le MOEX dans un communiqué.
La Bourse de Moscou a ouvert en chute de près de 14%, tandis que le rouble dégringole de 9% face au dollar. Selon La Libre, la monnaie russe a atteint un plus bas historique: 90 roubles pour un dollar. C'est le krach le plus violent de l'histoire des indices moscovites.
Les marchés asiatiques n'ont pas échappé à ce vent de panique. Ils évoluent dans le rouge, explique Le Figaro.
Au Japon, l'indice vedette Nikkei, à Tokyo, a fini à -1,81%, après avoir atteint son plus bas niveau en 15 mois - son plus bas en clôture depuis novembre 2020. Valeur refuge, le yen se renforçait nettement par rapport au dollar.
La Bourse de Hong Kong était en baisse jeudi à la mi-journée: l'indice Hang Seng perdait plus de 3%. La tendance était également à la baisse en Chine continentale, à un peu moins de 1%.