Capturé en Belgique le 18 mars 2016 après quatre mois de cavale, Salah Abdeslam a été transféré en France en vertu d'un mandat d'arrêt européen un mois plus tard, le 27 avril, et placé en détention provisoire à Fleury-Mérogis, la plus grande prison d'Europe.
Seul membre encore en vie des commandos djihadistes du 13 novembre 2015 qui ont fait 130 morts et plus de 350 blessés, Salah Abdeslam est depuis plus de cinq ans détenu sous la surveillance ininterrompue de caméras scrutant chacun de ses faits et gestes, que ce soit dans sa cellule ou lors de ses promenades quotidiennes.
Cela fait de lui le détenu le plus surveillé de France. La cour d'assises spéciale de Paris replongera à partir du mercredi 8 septembre et pour près de neuf mois dans l'horreur de ces attentats djihadistes.
Le ministre français de la Justice de l'époque, Jean-Jacques Urvoas, s'était engagé sur cette mesure avant le transfèrement de Salah Abdeslam en France, afin de garantir «qu'il n'y ait pas de chaise vide au procès».
D'abord sans base légale, ce placement sous l'œil constant des caméras du suspect-clé des attentats de Paris et Saint-Denis a fait l'objet d'un arrêt ministériel a posteriori, le 9 juin 2016, et a ensuite été voté par le Parlement. Ce dispositif exceptionnel de vidéosurveillance a également été validé par le Conseil d'Etat.
Contestant une atteinte excessive à sa vie privée, Salah Abdeslam avait saisi la haute juridiction administrative, qui avait considéré que «le caractère exceptionnel des faits terroristes» pour lesquels il est poursuivi «impliquait que toutes les précautions soient prises pour éviter son suicide et son évasion».
Selon la loi, un détenu placé sous le régime de l'isolement – différent du «mitard», une mesure disciplinaire – «conserve ses droits à l'information, aux visites, à la correspondance écrite et téléphonique, à l'exercice du culte» et «bénéficie d'au moins une heure quotidienne de promenade à l'air libre».
Selon le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, le coût de la détention du prisonnier le plus surveillé de France se chiffre à plus de 430 000 euros annuels (466 000 francs), dont précisément 397 340 euros (431 278 francs) au titre des dépenses de personnels.