Le procès de Paul Rusesabagina, héros du film Hotel Rwanda, s'est ouvert mercredi à Kigali lors d'une séance où l'ancien hôtelier a contesté le droit du tribunal à le juger, car il serait Belge et non Rwandais. Il est accusé entre autres de terrorisme.
M. Rusesabagina a été rendu célèbre par ce film hollywoodien sorti en 2004 qui raconte comment l'ancien directeur de l'hôtel des Mille Collines à Kigali, un hutu modéré, a sauvé plus de 1000 personnes au cours du génocide qui a tué 800 000 Rwandais, principalement des Tutsi.
Il est aujourd'hui visé par 13 chefs d'accusation, dont:
Féroce critique du régime du président rwandais Paul Kagame, Paul Rusesabagina vivait en exil depuis 1996 aux Etats-Unis et en Belgique, un pays dont il a obtenu la nationalité. Il a été arrêté fin août au Rwanda dans des circonstances troubles, à la descente d'un avion qu'il pensait être à destination du Burundi.
Ses avocats ont accusé le régime rwandais de l'avoir fait «enlever». L'ONG Human Rights Watch (HRW) a également dénoncé une «disparition forcée». Dès l'ouverture des débats, Paul Rusesabagina et ses avocats ont dénoncé les conditions de cette arrestation et contesté le droit du tribunal à le juger, en raison de sa nationalité belge.
Après la sortie d'Hôtel Rwanda, bénéficiant d'une importante notoriété internationale, M. Rusesabagina a porté de vives critiques contre le président Paul Kagame, l'accusant d'autoritarisme et d'alimenter un sentiment anti-hutu, un sujet hautement sensible dans ce pays.
Son image s'est alors peu à peu détériorée au Rwanda. Des détracteurs l'ont accusé d'avoir embelli ses exploits et des survivants d'avoir profité de leur misère, tandis que ses partisans affirment que le régime s'est lui-même employé à ternir son image.
Ce procès a suscité de nombreuses réactions internationales: les Etats-Unis, qui lui ont décerné la médaille présidentielle de la liberté en 2005, ont demandé un procès équitable et le parlement européen a réclamé sa libération.
(ats/afp)