Mercredi, peu avant minuit, heure maximale imposée pour son incarcération, le charismatique et sulfureux Zuma a rendu in extremis les armes. Dans la nuit, un convoi d'une dizaine de voitures a fendu l’obscurité devant sa résidence de Nkandla, en pays zoulou (Est), pour filer vers la prison moderne d'Escourt, à 200 km de là.
Après plusieurs recours en justice ces derniers jours, pour contester sa sentence, Zuma a donc cédé et s'est constitué prisonnier. Ce n'est pas «un aveu de culpabilité», a immédiatement réagi son porte-parole Mzwanele Manyi, qui a prévenu, jeudi matin, qu'il resterait muet et injoignable, ayant besoin de temps pour digérer cette «tragédie».
C’est la semaine dernière que la plus haute cour du pays avait fixé un ultimatum à l'ex-président. Cette instance, créée justement en 2018 face à l'ampleur des scandales entourant Zuma, l’avait condamné à 15 mois de prison ferme pour s'être défilé de trop nombreuses fois aux convocations de la commission anti-corruption.
De nombreux Sud-Africains ont salué l'incarcération de Zuma, qui marque une ère nouvelle, où l'Etat de droit sort renforcé. «Personne n'est au-dessus de la loi», ont répété comme un mantra de nombreux témoins et acteurs à la télévision ces derniers jours.
La militante anti-corruption, Thuli Madonsela, a salué « un jour de gloire, car son incarcération indique que l'État de droit prévaut». S'il n'était pas allé en prison, «cela aurait provoqué une onde de choc dans le système», a-t-elle déclaré jeudi à la télévision publique.
Juste avant d’entrer en prison, l’ex-président a quand même obtenu que la Cour constitutionnelle réexamine sa sentence lundi.
Autre rendez-vous judiciaire dès le 19 juillet: Il devra répondre d’une affaire de pots-de-vin, vieille de plus de 20 ans, impliquant le groupe français Thales, devant le tribunal de Pietermaritzburg. (ats/fag)