La police de Mayence (Allemagne) s'est attiré les critiques en utilisant dans une enquête une application de traçage anti-Covid destinée à aider bars et restaurants à enregistrer leurs clients et censée assurer la protection des données.
L'affaire remonte à fin 2021, mais a été rendue publique récemment: le 29 novembre, un homme a fait une chute mortelle à la sortie d'un restaurant de Mayence, dans l'ouest de l'Allemagne.
Afin de retrouver d'éventuels témoins, la police locale a décidé de mettre à contribution l'application Luca, l'une des plus répandues du genre, qui assiste restaurants et bars dans l'enregistrement des clients.
Cet accès leur a permis de contacter 21 personnes, auxquelles le parquet de Mayence a depuis présenté ses excuses. Le commissariat local à la protection des données a annoncé l'ouverture d'une enquête.
Si l'on se réfère au paragraphe 28 de la loi fédérale sur la protection des infections, les données enregistrées par l’application ne sont censées «être consultées que par les services de santé publique et uniquement en cas d’infection».
Concrètement, la police de Mayence n’avait donc pas le droit d’obtenir ces données, même pour contacter de simples témoins. D'ailleurs, Stefan Brink, commissaire à la protection des données du Bade-Wurtemberg a déclaré:
L'application Luca contient plusieurs pare-feux pour protéger les données. Seul un service de santé peut ainsi avoir accès aux données des clients enregistrés.
Pour mener son enquête, la police et le parquet local ont sollicité un service de santé qui a accepté de prétendre qu'un cas d'infection avait été détecté pour donner l'accès aux données aux enquêteurs.
L'entreprise allemande Culture4life, qui exploite l'application Luca, a publié un communiqué dans lequel elle affirme qu’elle «n’avait pas connaissance de l’incident», car elle «ne peut en aucun cas accéder à ces données», rapporte Libération. Une chose est sûre: l’application condamne «l’utilisation abusive» des données par la police de Mayence. Elle poursuit:
Des demandes auxquelles l'entreprise a répondu par la négative, car l'équipe n'y a techniquement pas accès. (jug/ats)