Déçue par Migros, Coop renonce à une décision qui fâche ses clients
En termes de bouteilles vides, Coop ne semble pas au bout de ses peines. Le détaillant a défrayé la chronique cet été. Le géant orange n'autorisait en effet plus le retour de flacons de shampoing, de lotion pour le corps ou de lait là où il avait introduit son sac de collecte payant Recybag.
Celui-ci a vu le jour début 2025 pour augmenter le taux de recyclage des emballages et des briques Tetrapak dans le pays, y compris les pots de yaourt et les barquettes de salades. Derrière cette offensive écologique se cachent les grands acteurs du secteur. Coop, Migros, Emmi et Nestlé se sont regroupées au sein de l'organisation Recypac.
La clientèle de Coop avait déploré ce changement radical, comme en témoignent de nombreux commentaires en ligne. «Pour moi, ce n'est pas pratique du tout», s'est énervée Sylvie*, une lectrice retraitée. Elle fait ses courses environ deux fois par semaine dans le magasin Coop le plus proche.
«Je ramène souvent quelques bouteilles à la fois pour qu'elles soient recyclées». Beaucoup plus simple que de transporter un nouveau sac, affirme Sylvie. Elle ajoute:
Réaction de la direction
Pro Senectute avait également fait part de ses inquiétudes. Migros, qui accepte aussi le fameux Recybag, continue quant à elle d'autoriser le dépôt de bouteilles individuelles.
Le directeur de Coop, Philipp Wyss, a tenté d'apaiser les tensions dans le magazine interne de l'entreprise. Il a souligné que la clientèle pouvait continuer à éliminer gratuitement le PET, ce qui n'a jamais été remis en question. En outre, les contenants de shampoings ou de lessives sont toujours acceptés sans frais dans «la grande majorité» des supermarchés. Il a toutefois omis de mentionner que dans les magasins équipés de stations Recybag, on ne pouvait justement plus jeter ces bouteilles.
Nos recherches ont montré que Sylvie n'était pas la seule personne agacée: les clients ont commencé à jeter des flacons directement dans le conteneur, destiné au Recybag.
Un nouvel autocollant sur la station de recyclage
Aujourd'hui, Coop change son fusil d'épaule. Le distributeur a apposé des autocollants sur ses points de recyclage, là où le Recybag a été introduit. On peut y lire la mention «Aussi pour les bouteilles en plastique individuelles».
Porte-parole du distributeur, Caspar Frey confirme cette mesure. Il explique que les stickers doivent garantir une élimination simple et écologique. Il ne précise pas dans combien de supermarchés ils sont déjà utilisés. Toutefois:
Selon nos informations, Coop n'a trouvé là qu'une solution provisoire visant à familiariser par étapes sa clientèle avec le système Recybag. Car, dès que les concurrents, dont Migros, s'y seront également mis et auront interdit le dépôt de bouteilles (ce que Coop prévoit), les autocollants disparaîtront.
Les emballages de lait et de shampoing ne pourront alors plus être jetés que dans des sacs payants. Chez Coop, des sources internes déplorent que les autres distributeurs n'aient pas agi de la sorte et mis fin à la collecte individuelle.
Des disparités sur les prix
Un an environ après son introduction, quel bilan peut-on tirer pour le Recybag? «La demande répond à nos attentes», affirme le porte-parole. Or, Coop ne donne pas de détails sur l'ampleur de ces attentes.
Et des obstacles subsistent, le prix par exemple. Lors du lancement des Recybags au début de l'année, ses responsables déclaraient que leur produit devait rester moins cher que les sacs poubelles habituels. Un moyen d'inciter au tri des plastiques non seulement par conviction, mais aussi par souci d'économies. L'objectif a globalement été atteint, à quelques exceptions notables près, dans certaines régions densément peuplées.
Ainsi, à Berne, Zurich et dans la vallée de la Limmat, les Recybags de 17 litres coûtent jusqu'à 30 centimes de plus que les sacs taxés. Et à Berne, le Recybag de 35 litres coûte 20 centimes de plus que son cousin, selon une liste établie par Recypac. La tarification de l'élimination des déchets relève de la compétence des communes ou des entités intercommunales, nous explique l'organisation. Pour le Recybag en revanche, un prix unique a été fixé pour l'ensemble du territoire.
Résultats et objectifs
Par ailleurs, le succès du concept dépend aussi du nombre de points de dépôt. Et jusqu'à présent, les trois grands discounters du pays; Aldi, Lidl et Denner, ne participent pas à cette initiative. Ils se contentent de vendre le Recybag.
Aujourd'hui, les détaillants participent sur une base complètement volontaire à la collecte des bouteilles en plastique, et ils en assument le financement. Cela pourrait toutefois changer l'année prochaine. En effet, le Conseil fédéral a ouvert cet été une procédure de consultation sur la future ordonnance sur les emballages. Selon l'avant-projet, fabricants et distributeurs qui mettent en circulation des emballages en plastique et des briques pour les boissons seraient désormais tenus de les reprendre. Selon Recypac, la décision finale devrait tomber au cours du premier semestre 2026.
Le Recybag est actuellement disponible dans neuf villes et plusieurs communes. L'objectif est de le mettre en place dans toute la Suisse.
(Traduit et adapté par Valentine Zenker)
