Macron et Merkel se sont dit tschüss
Emmanuel Macron a accueilli, jeudi soir, à dîner Angela Merkel. Il s'agit de l'une des dernières occasions pour les deux dirigeants de travailler «main dans la main» à l'approche des élections allemandes, qui désigneront le 26 septembre le successeur de la chancelière.
Deux profils différents
La relation personnelle et de travail entre Emmanuel Macron et Angela Merkel a considérablement évolué depuis 2017:
- Au départ, difficile de trouver beaucoup de points communs entre une chancelière de 67 ans, élevée à l'école de la prudence, et un jeune président de 43 ans qui a érigé l'audace et le mouvement en marqueurs politiques.
- Mais au fil du temps, les deux dirigeants ont réussi, selon de nombreux témoins, à bâtir une solide relation de confiance. Le président français s'est longtemps heurté aux réticences allemandes envers la hausse des dépenses de l'Union européenne (UE).
- Face au Covid, les deux dirigeants ont su resserrer leur lien pour conclure une alliance aboutissant en mai 2020 à la proposition d'un plan de relance européen de 750 milliards d'euros, largement financé par des emprunts européens mutualisés. Ils ont ensuite œuvré ensemble pour arracher un accord historique sur ce plan.
L'Afghanistan et la lutte contre le terrorisme au menu
Le locataire de l'Elysée a énuméré les nombreux dossiers au menu de ce «dîner de travail», en premier lieu les «conséquences» que les Européens doivent tirer «entre eux» de la crise en Afghanistan.
La «cohérence des Européens» est également en jeu, selon lui, dans «la lutte contre le terrorisme» au Sahel, où Paris a annoncé jeudi matin la mort du chef du groupe djihadiste Etat islamique au Grand Sahara (EIGS), Adnan Abou Walid al-Sahraoui.
Pas un mot sur la rupture du méga-contrat de sous-marins
Emmanuel Macron n'a pas directement évoqué le choc provoqué par l'annonce spectaculaire faite mercredi soir d'un vaste pacte de sécurité entre les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie, qui a évincé Paris d'un méga-contrat de fourniture de sous-marins à Canberra. Il a juste cité l'importance de la zone Indo-Pacifique sur laquelle «les Européens ont adopté une stratégie commune» cette semaine.
La rupture de ce contrat, qui a provoqué «la colère» et «l'amertume» du chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian, devrait pousser Paris à continuer de promouvoir plus de défense et d'autonomie stratégique européenne, notamment industrielle.
Macron a reçu Olaf Scholz et Armin Laschet
Emmanuel Macron a reçu ces derniers jours à l'Elysée les deux favoris pour succéder à Angela Merkel à Berlin, le social-démocrate (SPD, centre-gauche) Olaf Scholz et le démocrate-chrétien (CDU, centre-droit) Armin Laschet.
Du côté d'Olaf Scholz, co-artisan du programme de mutualisation de dettes et de relance européenne post-Covid, Paris peut espérer une plus grande flexibilité budgétaire, surtout si le social-démocrate gouverne avec une majorité bien ancrée à gauche. Si Armin Laschet l'emporte, Berlin pourrait garder le pied sur le frein des dépenses et de la dette. (ats/jch)