Lundi matin, deux bébés pandas sont nés au zoo de Beauval en France. Mais vous êtes sans doute déjà au courant. Toute la planète en a parlé. A peine la femelle Huan Huan avait-elle fini de mettre bas que déjà les médias et les réseaux sociaux s'enflammaient. Des Etats-Unis à la Chine, le monde entier s'émerveille devant ces nouveau-nés. Au point que le phénomène a même un nom: la pandamania.
Mais pourquoi un tel buzz? Et pourquoi les autres animaux n'ont-ils pas le droit au même enthousiasme? Réponse en trois points.
Premier élément qui saute aux yeux, les pandas petits comme grands sont adorables. «Ils sont super chou, avec leur pelage noir et blanc et leurs taches autour des yeux, on ne peut pas ne pas les aimer», confirme Michel Ansermet, directeur d'Aquatis à Lausanne.
Le spécialiste souligne aussi qu'avec ses quatre pattes, ses cinq griffes et sa grosse tête, il est très facile d'humaniser le panda. Surtout que l'animal a des comportements et des postures rappelant les nôtres. Une ressemblance sur laquelle les dessins animés ne se privent pas de jouer.
Autre argument en sa faveur, le panda se nourrit presque exclusivement de bambou. «On ne le voit donc pas attaquer d'autres animaux ou manger de la viande, il fait penser à une peluche», pointe Michel Ansermet. Prudence pourtant: «Cela reste un ours. Lui aussi attaque parfois des soigneurs même si on ne le dit pas».
Alors, c'est vrai, ils sont adorables. Mais d'autres animaux le sont tout autant et chaque naissance ne produit pourtant pas un tel événement. «Le même bébé chez les kangourous, on n'en parle pas du tout», approuve Michel Ansermet.
Car le panda a un autre atout, il est devenu un symbole à travers le monde. «Tout le monde les connaît, c'est le premier animal vraiment menacé sur la planète. On a très vite remarqué qu'il fallait le protéger», détaille le directeur d'Aquatis.
D'ailleurs, le WWF a fait de l'animal son logo il y a exactement 60 ans. «Il y avait un panda au zoo de Londres qui suscitait un engouement énorme donc les pères fondateurs du WWF se sont dit que c'était le symbole qui leur fallait», raconte Pierrette Rey, porte-parole de l'organisation en Suisse. Surtout que le panda possédait aussi un atout d'ordre pratique. «Au vu de ses couleurs, il avait l'avantage de pouvoir être imprimé en noir et blanc, ce qui était beaucoup moins cher à l'époque», détaille-t-elle.
Un rôle d'ambassadeur qui donne de la visibilité aux espèces menacées, mais qui a aussi quelques désavantages, selon Michel Ansermet. «Malheureusement, on ne parle pas assez de tous les autres animaux qui ne sont pas aussi sexy. Pour les poissons, les crocodiles ou les mygales, c'est beaucoup plus difficile de faire passer le message qu'ils doivent être protégés.»
Dernier point expliquant le buzz autour des pandas, leur rareté. On compte moins de 3000 individus dans le monde, dont environ 600 en captivité. «Ils ont cette particularité de ne vivre que dans un seul pays, la Chine, et dans des régions montagneuses. Ils ne sont donc pas faciles à observer, ce qui leur donne un côté mystérieux», observe Pierrette Rey.
Michel Ansermet souligne également que les naissances sont aussi rares, car il est compliqué de créer les conditions propices à leur reproduction en Europe. Par ailleurs, la Chine tient à garder le contrôle sur cet animal ne vivant que sur ses terres. «C'est très réglementé, ce sont eux qui décident à qui ils confient des couples de pandas».
Sans compter que l'animal lui-même ne montre pas une grande ardeur à se reproduire. En captivité, les mâles ne sont que 10% à être capables de s'accoupler, comme l'expliquait L'Express en 2017. Du côté des femelles, ce n'est guère mieux, puisqu'elles ne sont fertiles que 48 heures par année.