Les revenus tirés du pétrole et du gaz financent en grande partie la guerre d'invasion contre l'Ukraine et maintiennent le président russe Vladimir Poutine au pouvoir. Marcel Dirsus, politologue et auteur de «Comment tombent les dictateurs», étudie depuis des décennies les dictatures et leur effondrement. Il expliquait récemment à watson:
La stratégie de guerre de l'Ukraine vise donc à frapper le talon d'Achille de Poutine. Les récents succès des attaques ukrainiennes contre les infrastructures pétrolières russes en témoignent: la Russie a imposé un embargo sur ses exportations, tandis que les prix de l'essence flambent dans le pays. Cette situation exerce une pression économique sur le système de Poutine et le financement de la guerre.
Ces derniers jours, l'Ukraine a de nouveau mené des frappes ciblées de drones sur les infrastructures pétrolières russes. Des vidéos de ces attaques circulent sur les réseaux sociaux.
Ukrainian drones caused a massive explosion at an oil refinery in Samara.
— Pekka Kallioniemi (@P_Kallioniemi) August 2, 2025
Making the war too expensive for Russia is the quickest way to end it. pic.twitter.com/j7i1WUSTI4
Selon une source anonyme citée par Kommersant, plusieurs raffineries ont été endommagées lors des attaques. Celles-ci traitent ensemble environ 40 000 tonnes de pétrole brut par jour, rapporte le Kyiv Independent. Les réparations pourraient prendre entre un et six mois.
Dans la nuit du 2 août, des drones ukrainiens ont touché, selon l’état-major ukrainien, des installations industrielles dans les régions de Riazan, Penza, Samara et Voronej.
Les conséquences se font sentir en roubles: selon le magazine économique russe Kommersant, le prix du carburant sans-plomb 95 a atteint un niveau historique à la Bourse des matières premières de Saint-Pétersbourg (SPIMEX), dépassant les 77 000 roubles la tonne — soit environ 947 dollars américains. Cette envolée serait directement liée aux nouvelles frappes de drones ukrainiens visant les infrastructures pétrolières russes.
Moscou a très vite réagi: depuis le 28 juillet, une interdiction temporaire d'exporter de l'essence est en vigueur, initialement prévue jusqu'à fin août. Selon l'agence Reuters, cette mesure vise à stabiliser les prix sur le marché intérieur. Ce n'est pas la première fois que le Kremlin y a recours: au cours des deux dernières années, des interdictions similaires ont été imposées, généralement en cas de pénurie d'approvisionnement ou de pression sur les prix.
Selon des sources concordantes, cette offensive s'inscrit dans une stratégie ukrainienne continue visant à affaiblir les revenus énergétiques de la Russie — et, par ricochet, à entraver la capacité de Poutine à mener sa guerre. Depuis le début des attaques contre les raffineries, début 2024, environ un dixième des capacités de raffinage russes auraient été affectées.
La Russie produit plus de 40 millions de tonnes d'essence par an. Parmi les principaux acheteurs de carburants raffinés figurent, selon les analyses du secteur, l'Egypte et la Turquie. Mais chaque nouvelle attaque complique davantage le respect des engagements à l'exportation, sans provoquer le mécontentement de la population russe.
Traduit et adapté par Noëline Flippe