Une décennie après, l'attaque menée par Anders Breivik sur l'île norvégienne d'Utoya fait toujours souffrir ses victimes. Sur les 564 jeunes participants à ce camp d'été de la Ligue des jeunes travaillistes, 69 avaient été tués et une centaine blessée. Mais le terroriste d'extrême droite a aussi profondément marqué les survivants.
Selon une étude norvégienne du Centre national sur le stress et les violences traumatiques (NKVTS), un tiers des jeunes présents souffrent toujours de troubles importants: Stress post-traumatique, angoisse, dépression ou encore maux de tête.
Un résultat qui a choqué Grete Dyb, la psychiatre qui a mené la recherche. «Je pensais que 10 % des jeunes auraient encore besoin d’une prise en charge. Je n’aurais jamais imaginé qu’un tiers souffre encore à ce point, aussi longtemps après les faits», souligne-t-elle dans Le Monde. Un traumatisme qu'elle explique par la durée de l'attaque et le niveau d'exposition à la violence.
Avec son équipe, la spécialiste a rencontré les rescapés à quatre reprises au cours de neuf années qui ont suivi l'attentat. Au total, près de 80% des survivants ont accepté de répondre à ses questions au moins une fois. Une démarche compliquée mais très importante selon la psychiatre.
En effet, les études de ce genre sont encore très rares. Elles permettent pourtant d'améliorer la prise en charge des victimes. «Je cherchais sur Internet les récits de survivants des attaques du 11 septembre à New York. Je voulais savoir quand tout ça allait s’arrêter, mais personne ne pouvait me donner un diagnostic», raconte Elin L’Estrange, une autre rescapée.
Les proches des victimes ne sont pas non plus épargnés. Selon l'étude du NKVTS, 40% des parents connaissent des troubles du sommeil et des douleurs chroniques alors que 20% souffrent de symptômes liés au stress post-traumatique. Les frères et soeurs ainsi que les amis sont également concernés, d'autant plus que la recherche a montré qu'ils n'avaient souvent pas reçu l'aide adéquate.
Pour ne rien arranger, beaucoup de survivants reçoivent encore des messages haineux et des menaces. «Je sais que quelqu'un a essayé de me tuer à cause de mes convictions. Du coup, si quelqu'un aujourd'hui me dit qu'il veut ma mort, je le prends très au sérieux même si cela ne l'est pas forcément», assure Elin L'Estrange. (avec ATS)