Alors que les combats font rage en Ukraine, la situation s'aggrave sur un autre front en Europe orientale. Depuis quelques semaines, le ton s'est durci dans le Caucase du Sud. Une nouvelle guerre entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan pourrait être imminente.
Ce lundi, le ministère azerbaïdjanais de la Défense a publié un rapport selon lequel des soldats arméniens auraient tiré sur des positions en Azerbaïdjan, blessant un soldat. Côté arménien, le ministère de la Défense a qualifié ce rapport de «fake news».
Mais la presse azérie s'est rapidement emparée de l'affaire:
Lundi soir et dans la nuit de lundi à mardi, les informations sur des mouvements de troupes à grande échelle de l'armée azérie en direction de la frontière avec l'Arménie se sont multipliées. Des images de formations militaires circulent sur les médias sociaux, illustrant des troupes azéries en route vers l'ouest. Ces informations ne sont pas confirmées.
En Arménie, l'inquiétude monte. «Le risque qu'une guerre éclate est très élevé», a déclaré le porte-parole du Parlement arménien Alen Simonyan dans une interview lundi. Le vice-ministre arménien des Affaires étrangères Vahan Kostanyan est aussi sur le qui-vive, déclarant dans un entretien:
Les dirigeants azéris laissent présager un tel scénario. Le président de ce pays musulman, İlham Aliev, a qualifié la semaine dernière le territoire arménien, principalement peuplé de chrétiens, d'«Azerbaïdjan occidental».
La dernière guerre entre les deux pays est récente. En septembre 2020, des troupes terrestres azéries ont attaqué la région autonome du Haut-Karabagh, revendiquée par Bakou, mais aussi un territoire arménien reconnu internationalement.
Depuis, la Russie est censée faire respecter l’accord de cessez-le-feu: 1960 soldats de la force de maintien de la paix sont déployés dans le Haut-Karabakh et dans le corridor de Latchine. Mais le Kremlin étant accaparé par la guerre en Ukraine, ses hommes - mal équipés et sans objectif précis - sont souvent démunis face aux provocations de Bakou.
Au cours du conflit de 2020, qui a duré 44 jours, l'Arménie a perdu l'accès direct au Haut-Karabagh, qui est principalement habité par des Arméniens de souche. Les troupes de l'Azerbaïdjan ont occupé des territoires arméniens, comme plusieurs sommets de montagne sur lesquels des positions d'artillerie sont encore placées aujourd'hui. L'armée arménienne a perdu une grande partie de sa capacité de combat. L'Arménie a dû céder certains territoires à son voisin dans le cadre d'un accord de cessez-le-feu.
L'année dernière, la zone frontalière arménienne n'a pas connu de répit. En septembre 2022, l'artillerie azérie a bombardé plusieurs villages pendant trois jours complets. Dans le village de Sotk, plus de 100 foyers ont été touchés par des obus d'artillerie.
On ne sait pas encore si une nouvelle offensive azérie aura lieu dans les prochains jours. Ce qui est sûr, en revanche, c'est que les tensions dans la zone frontalière n'ont jamais été aussi élevées depuis la guerre de 2020.
