«Cinquante militaires azerbaïdjanais ont été tués à la suite d'une provocation arménienne d'une grande ampleur» à la frontière entre les deux pays, a annoncé dans la soirée le ministère azerbaïdjanais de la Défense dans un communiqué.
Pour sa part, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a fait état dans la matinée de 49 militaires arméniens tués, lors d'une intervention devant le Parlement à Erevan, tout en précisant que «ce n'est malheureusement pas le nombre définitif». Les deux pays s'accusent mutuellement d'avoir lancé les hostilités.
L'Arménie et l'Azerbaïdjan, deux ex-républiques soviétiques rivales du Caucase, se sont affrontés lors de deux guerres au cours des trois dernières décennies pour le contrôle de la région du Nagorny Karabakh, la dernière ayant eu lieu en 2020.
Les nouveaux combats, qui ont éclaté dans la nuit, illustrent combien la situation reste explosive.
Erevan a accusé les troupes azerbaïdjanaises d'essayer d'«avancer» en territoire arménien utilisant «de l'artillerie, des mortiers, des drones et des fusils de gros calibre».
L'Azerbaïdjan, qui a reconnu des «pertes», sans les chiffrer, accuse lui l'Arménie d'avoir tiré au mortier sur ses positions.
La Suisse s'est déclarée «préoccupée». Sur Twitter, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) appelle «les deux parties à mettre fin aux affrontements militaires, à respecter leurs obligations en vertu du droit international et à protéger la population civile».
Position de la #Suisse sur les affrontements militaires récents entre l'#Arménie et l'#Azerbaïdjan pic.twitter.com/3LENdV4WSj
— EDA - DFAE (@EDA_DFAE) September 13, 2022
Les négociations doivent reprendre le plus rapidement possible pour trouver une solution pacifique et durable au conflit.
Si des heurts opposent régulièrement les deux pays le long de leur frontière commune depuis la fin de la guerre de 2020, les combats de mardi constituent un événement inédit.
Nikol Pachinian a appelé la communauté internationale à réagir, lors d'entretiens avec plusieurs dirigeants étrangers.
Selon le Kremlin, Vladimir Poutine est lui «personnellement impliqué» et fournit «tous les efforts possibles pour aider à réduire les tensions».
Pour l'analyste Tatoul Hakobian, le conflit en Ukraine «a modifié l'équilibre des forces dans la région», la Russie, soutien de l'Arménie, «étant mal en point».
Selon lui, Bakou souhaiterait profiter de cette situation pour «obtenir des concessions de l'Arménie dès que possible».
Mais pour Farid Chafiev, président du Centre d'analyse des relations internationales à Bakou, «un obstacle majeur à la paix» est tout simplement «la présence illégale de soldats arméniens» en Azerbaïdjan, référence au Karabakh.
Historiquement compliquées, les relations entre Erevan et Bakou continuent d'être empoisonnées par leur différend au sujet du Nagorny Karabakh, enclave majoritairement peuplée d'Arméniens ayant fait sécession de l'Azerbaïdjan avec le soutien de l'Arménie.
Après une première guerre qui a fait plus de 30'000 morts au début des années 1990, l'Arménie et l'Azerbaïdjan se sont affrontés à nouveau à l'automne 2020 pour le contrôle de cette région montagneuse. Plus de 6500 personnes ont été tuées dans cette nouvelle guerre, perdue par l'Arménie.
L'Union européenne a réclamé l'arrêt des hostilités et annoncé que le président du Conseil européen Charles Michel, qui dirige une médiation entre Erevan et Bakou, allait discuter avec les deux belligérants.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a appelé les dirigeants d'Azerbaïdjan et d'Arménie pour les exhorter à parvenir à la paix. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a, lui, appelé les deux pays à «prendre des mesures immédiates pour désamorcer les tensions».
La Turquie, alliée de l'Azerbaïdjan, a elle appelé l'Arménie à «cesser ses provocations».
(ats/acu)